Pour ses 65 ans, Astérix le Gaulois révèle les origines de sa création

asterix 65 ans
Image tirée du dessin animé Astérix le gaulois, 1967

Pour l’anniversaire des 65 ans d’Asterix, les éditions Albert René proposent d’entrer dans les coulisses de la création avec un livre objet original et indispensable.

Festival d’Angoulême 2022 : une exposition est consacrée à Gosciny, scénariste. Parmi tous les documents présentés figurent en bonne place des tapuscrits de scénarios écrits pour Astérix le Gaulois. Au regard des textes sont accrochés les dessins en noir et blanc de Uderzo. À ma gauche, le synopsis de Gosciny qui raconte les quarante quatre pages de l’album en autant de paragraphes détaillés, suivi de de la description des planches cases par cases, mentionnant à part les dialogues. Un travail d’orfèvrerie qui frappe par la précision des indications données au dessinateur. À ma droite, les planches en noir et blanc réalisées par Uderzo qui démontrent à ce stade, avant la colorisation, la qualité exceptionnelle du dessin, la décomposition des mouvements, les silhouettes qui vont rentrer dans l’histoire de la BD. Le regard passe du récit au dessin dans une gymnastique intellectuelle et visuelle fascinante. Nous sommes au cœur de la création. Formidable parallèle qui montre le passage de l’écrit à l’image dialoguée.

Ce processus qui était proposé à Angoulême, les éditions Albert René ont eu la remarquable idée de le mettre en oeuvre en totalité sous forme d’un ouvrage original publié à l’occasion des 65 ans de la naissance d’Astérix né le 29 octobre 1959 au 3 ème étage du 3 rue Rameau à Bobigny.

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Le coffret se compose de deux livres collés en vis-à-vis. A gauche le travail du scénariste, à droite les planches originales du premier album d’Astérix le Gaulois. Le tout forme un ensemble fascinant. On s’extasie de la manière de Gosciny de formaliser par des mots, les images qu’il a tête, en se disant que seul un artiste ayant lui même dessiné pouvait concrétiser ainsi ses idées visuelles. On est incrédule de voir comment Uderzo, fidèle mot à mot, à de très rares exceptions près, aux indications de son scénariste transforme ces situations en images inoubliables.

Dès les premières lignes et la liste des personnages, il apparait que dans ce premier album, presque tous les futurs héros sont en place. Du barde au chef du village, en passant par le druide, Obélix « ami du précédent (Astérix) et livreur de menhir », presque imposé par Uderzo à son compère qui ne souhaitait pas vraiment un personnage secondaire, tous sont présents pour une saga qui continue aujourd’hui, prolongée par d’autres auteurs, à faire rêver des millions de lecteurs. Seule anomalie, le forgeron Cetautomatix, qui exerce bien ce métier (sans outil) est désigné comme un « autre guerrier ». Manque à l’appel le seul Idéfix qui n’apparaitra que dans le cinquième album, Le Tour de Gaule, et reviendra ensuite plébiscité par les lecteurs qui lui trouveront son nom.

Asterix 65 ans

L’histoire de Asterix le Gaulois n’est pas la plus complète et la plus riche. Le petit village gaulois est déjà irréductible, entouré des camps romains aux noms définitifs. Les habitants de ces huttes proches de la Bretagne actuelle, semblent doter d’une force surhumaine. Le centurion Caius Bonus, envoie alors un « volontaire » déguisé en gaulois, découvrir les raisons de cette capacité à vaincre toutes les armées. C’est la potion magique, dont Gosciny ne prévoyait pas forcément à l’origine un rôle majeur, qui sera au centre de l’album, les romains étant bien entendu finalement dupés par le génie d’Astérix et la finesse de Panoramix, le druide.

Au delà de l’histoire, ce qui importe dans Astérix le Gaulois, c’est de découvrir les bases des succès à venir et de s’amuser à chercher les évolutions futures. Ainsi, Obélix, simple comparse, au service de son ami génial, occupera de plus en plus de place pour devenir l’égal du petit guerrier. Il s’arrondira aussi au fil des albums, sans devenir « gros », un qualificatif qui le met en colère mais quand même de plus en plus « enveloppé ». César aussi évoluera, lui qui change même de physionomie à l’intérieur de l’album, apparaissant une première fois avec un visage rond et dans les dernières cases avec un visage affiné, plus proche de la figure définitive des titres à venir.

Même avec un scénario relativement modeste, Uderzo avouera lui même qu’ils ne savaient pas très bien où ils allaient, la magie opère déjà, complétée par la nostalgie et le plaisir de savoir que l’on touche des mains et des yeux, les fondations d’une oeuvre mythique. Un dernier clin d’oeil instructif. L’album se termine par un banquet, mais Assurancetourix, libre comme l’air, peut exprimer à voix haute son génie vocal. Pour la seule et dernière fois. Il sera bâillonné et enfermé dès le second tome, La Serpe d’Or.

Asterix le Gaulois, coffret du soixante cinquième anniversaire. Éditions Albert René. 208 pages. 25€. Edité à 25 000 exemplaires. Parution : 23 octobre 2024

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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