Aurora Cristi Puiu, Roumanie expérimentale et platitude du criminel

La cuisine d’un appartement : un homme et une femme parlent à voix basse du Chaperon Rouge, soucieux de ne pas réveiller la fille qui est en train de dormir dans l’autre chambre. Des remorques abandonnées sur un terrain vague entouré de maisons, en périphérie de la ville. Derrière celles-ci, un homme guette ce qui semble être une famille. La ville que traverse ce même homme après avoir récupéré deux percuteurs artisanaux nécessaires au fonctionnement de l’arme de chasse qu’il garde chez lui. L’homme a 42 ans, il s’appelle Viorel. Il arpente les rues de la ville, hanté par des pensées confuses, poursuivant un objectif que lui seul connaît.

 

Il y a des chefs-d’oeuvre comme Le chêne de Lucian Pintilie. Mais ce n’est pas pour eux que le cinéma roumain est à la mode depuis l’année 2007, c’est grâce à la Palme d’or attribué au film 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Roi du naturalisme froid et d’une certaine idée para-nihiliste du monde, le cinéma roumain peine à trouver sa façon de filmer le monde. Aurore en fournit un nouvel exemple.

Aurora est un film de 3 heures, sans rythme ni dialogue marquant ni histoire véritable. Le spectateur suit la vie d’un homme qui sombre petit à petit sous le poids de problèmes et un quotidien terne. 3 heures de marche et d’actions sans intérêt qui ne débouche sur… rien, si ce n’est démontrer la platitude de la vie d’un tueur en série.

Un traitement lent et plat qui risque de faire plonger le spectateur dans les bras de Morphée. Certes, la déambulation toujours à la limite de perdre pied n’est pas inintéressante à suivre et le projet séduisant : éradiquer la vie, détruire ses moindres indices dans l’espace du plan.  Toutefois, le choix du réalisateur de jouer le rôle du quadra perdu est à notre avis une erreur. Quant au rendu esthétique, il n’est pas vraiment pas à la hauteur du projet.

Parfois pénible, le film délivre de loin en loin quelques fulgurances hypnotiques qui sauvent l’expérience du ratage en lui conférant des instants d’intensité.

 

Aurora Cristi Puiu
21 mars 2012 (3h 1min)
Réalisé par
Cristi Puiu
Avec
Cristi Puiu, Clara Voda, Valeria Seciu

 

 Aurora Cristi Puiu, Roumanie expérimentale et platitude du criminel

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