BD. L’Adoption du sourire du plombier

l'adoption bd zidrou monin

Avec ce tome cinq de la série L’adoption publiée chez Grand Angle, au sous titre mystérieux, Zidrou et Monin nous donnent une belle leçon d’amour à partager à cinq : une maman, un papa et trois filles dont on ne sait plus lesquelles ont été adoptées. Une BD qui fait du bien.

C’est l’histoire d’une famille dont la grand-mère dit qu’elle fonctionne à l’envers. Elle fonctionne à l’envers parce que c’est la mère qui part le matin au travail alors que le père reste à la maison. Elle fonctionne à l’envers parce que le papa moustachu fait merveilleusement bien la cuisine pendant que la maman préfère bouquiner Michael Connelly, Albert Cohen ou Annie Ernaux. Elle fonctionne à l’envers parce que deux des filles du couple déclaré stérile ont été adoptées alors que la maman était enceinte sans le savoir. Elle fonctionne à l’envers, mais elle fonctionne sacrément bien. Dans ce cinquième opus de la série écrite par Zidrou et dessinée par Arno Monin on ne retrouve aucune tension dramatique présente parfois dans les deux cycles précédents.

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Le couple s’aime et se complète magnifiquement. Les trois soeurs s’aiment et se complètent magnifiquement. Aucune violence, aucun secret dissimulé derrière de vielles histoires de famille. Rien de tout cela si ce n’est la vie et ses multiples plaisirs. Celui d’une balade estivale « de ces moments tendres où il suffisait du sourire de maman, de notre main dans celle de papa pour nous sentir reine fleur, princesse pirate, océan… ». Celui d’une baignade sur la plage du Pouldu. Celui de la naissance de chatons. Celui d’un tournoi de foot sous la pluie en compagnie du vieux Shanti, le chien. Celui plus mystérieux, mais encore plus drôle du « sourire du plombier » que seules les personnes ayant employé un artisan à leur domicile pourront comprendre.

C’est peu me direz vous pour faire un album. C’est beaucoup vous répondrai-je, car la tendresse des textes de Zidrou et la douceur emplie d’amour des dessins de Monin font un bien fou. Un père qui aime sa femme et ses enfants. Une mère qui prend le temps le soir de lire à ses filles Fifi Brindacier et de les emmener ailleurs avant le sommeil. N’est-ce pas la plus belle des fictions, celle dont tout le monde rêve au quotidien et que l’existence met souvent à mal ?

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La limite est ténue entre la guimauve coulante et le bonbon fondant. Les auteurs réussissent le tour de force de maintenir le goût unique d’une friandise qui ne colle jamais en gardant un bon goût acidulé. Vous l’aurez deviné même dans les vies rêvées quelques obstacles surviennent. Ils sont de taille cette fois-ci car il s’agit simplement de la mort, la faucheuse qui est la seule capable de fracasser cette famille magnifique.

« Chacun son deuil. Chacun sa joie ».

Même chez les parents de Clarissa, prénom choisi en fonction d’un roman de Virginia Woolf, de Sethe, prénom choisi en fonction d’un roman de Toni Morrison, ou de Douche, prénom choisi en fonction d’un roman de Tchekhov (c’est écrit plus haut, la maman est une grande lettrée !), la vie a une fin. Elle intervient en cours de route, on la sait rapidement. Aucun suspens, aucune énigme mais on découvre subtilement que cette fin de vie partagée, au delà de la tristesse immédiate est aussi l’occasion de sacrés moments de vie. Partagés eux aussi. C’est l’occasion de participer au « championnat du monde des souvenirs » , celui où tout le monde gagne si il a en lui assez de douceur et de tendresse. Douceur, tendresse, deux gros mots qui ont du mal à trouver leur place dans l’actualité quotidienne mais qui font rudement du bien. Zidrou et Monin en possèdent certainement beaucoup plus que d’autres. Et en plus ils les distribuent.

L’Adoption, « Le sourire du plombier ». Cycle 3 en un seul volume. Scénario : Zidrou. Dessins et couleurs : Monin. Éditions Bamboo, collection Grand Angle. 72 pages. 16,90€. Parution : 20 septembre 2024

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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