BD. Marcie, cinquantenaire en approche mais héroïne de Cati Baur !

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À cinquante ans la vie serait-elle finie ? Pas le moins du monde décide Marcie, l’héroïne ordinaire et nouvelle détective de la BD de Cati Baur parue chez Dargaud. Réjouissant.

Elle s’appelle Caroline, elle vient d’être virée lourdement de son emploi. Elle vit avec sa fille, fait partie du « bataillon en péri-monopause » des femmes de cinquante ans. Elle a des bouffées de chaleur, mais elle est invisible. Bref cela ne va pas très fort. Mais la transparence a aussi des avantages dont celui de passer inaperçue. Une qualité indispensable quand on veut réaliser enfin un rêve de jeunesse : devenir détective. Ou plutôt « enquêtrice privée ». Caroline débute en filant les chiens perdus et leur nouveau propriétaire. Et puis un jour, une jeune femme tombe devant elle, défenestrée. Un mystérieux fantôme s’enfuit de l’immeuble après la chute. Suicide ou meurtre ? Caroline, appuyée par les parents américains de la jeune femme qui l’embauche, va alors enquêter et reprendre son prénom premier, Marcie, abandonné par timidité, prénom digne d’un personnage d’Agatha Christie.

En passant de Paris à New York, avec sa fille à la recherche du dernier petit ami de la jeune défenestrée, elle ne quitte pas son apparence effacée et son air british. On pense immédiatement au dessin de Posy Simmons (Marcie a des airs de Gemma Bovary sur la couverture), mais aussi au style, à l’ambiance et à l’humour de l’autrice britannique. Les traits sont doux, les couleurs pastel et les personnages attachants avec pour la plupart des caractéristiques si proches du commun des mortels.

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Au fil des pages Caro devient fièrement Marcie Bangor ! Elle ne se prend pas pour autant pour une star, garde ses vêtements informes, mais par sa ressemblance avec Madame Toutlemonde elle nous emmène nonchalamment enquêter avec un naturel qui ressemble tant à notre quotidien. Elle a des soucis de génération avec sa fille qui publie des vidéos sur les réseaux sociaux, elle a des soucis de mère et d’affection regrettant ses paroles un peu dures. Elle est aussi entourée de personnes sympathiques comme ce tendre patron détective, « enquêteur » plutôt, un peu bedonnant, Monsieur Dulac qui l’emmène le soir avec délicatesse se promener dans les rues de Paris à la recherche de chiens volés. Vous l’avez compris, avec son physique commun, son peu d’estime d’elle même, elle ne possède rien des caractéristiques des détectives littéraires habituels gardant juste l’innocente apparence d’une Miss Parple à la française.

Cati Baur, autrice notamment de Pisse mémé qui mettait en scène quatre quadragénaires désireuses de changer de vie, passe à la dizaine supérieure et dresse avec détachement un joli portrait de notre société sur laquelle elle jette un regard critique (le monde littéraire n’est pas épargné, tout comme le monde l’entreprise), mais finalement optimiste. Sa lecture féministe revendique une vie après cinquante ans pour toutes celles qui ont baissé les bras devant l’apparition des rides et trouveront un joli réconfort dans cette lecture réjouissante.

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Bien entendu qui dit polar, dit aussi énigme, celle de ce fantôme que Marcie a vu s’enfuir et pour lequel elle emploie toute son intelligence. « C’est tordu, mais c’est limpide », avoue-t-elle habillée en new yorkaise adepte des cocktails dans les galeries d’art. Mais quand l’enquête piétine comme tout détective de qualité elle se fie, pour notre plus grand plaisir à son intuition ! Et devinez cette intuition est géniale ! Naturellement !

Assise sur un banc dans les premières pages Caroline porte une grosse doudoune vert caca d’oie. Sur la dernière page, elle porte un grand manteau rose assorti à des baskets de même couleur. Pas de quoi sauter au plafond direz vous? Mais suffisant peut être comme l’écrit dans sa postface Cati Baur pour en faire une femme « augmentée », celle qui saute avec plaisir dans « l’âge moyen » celui où tout est possible pour les femmes, mais aussi pour les… hommes.

Marcie : le point de bascule de Cati Baur. Éditions Dargaud. 144 pages. 20,50€. Parution : 10 janvier 2025. Lire un extrait

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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