Belle-Île-en-mer. Après le bagne pour enfants, peut-être le retour de prisonniers…

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régime du placement à l’extérieur

Belle-île-en-Mer, dans le Morbihan, a connu jadis la colonie pénitentiaire jusqu’en 1977. Fermé depuis longtemps, il est question depuis ces dernières années de transformer les anciens bâtiments en un espace culturel, avec musée, auditorium, etc. Cependant, en raison de la surpopulation carcérale actuelle dans notre pays, il est aussi envisagé d’accueillir sur l’île bretonne des prisonniers de petites peines…

régime du placement à l’extérieur

La colonie pénitentiaire de Haute Boulogne à Le Palais à Belle-Ile-en-mer a accueilli des milliers d’enfants délinquants, de jeunes vagabonds et des orphelins dès l’âge de dix ans, à partir de 1880 ; il y régnait une discipline très sévère. En 1977, cette institution publique d’éducation surveillée, devenue dramatique pour l’économie de l’île, est définitivement fermée. En plein développement touristique de l’île, le bagne pour enfants donnait une très mauvaise image de ce lieu paradisiaque aux magnifiques paysages…

régime du placement à l’extérieur

Cependant jusqu’en 2016, des détenus en fin de peine y ont assuré des travaux manuels afin de les préparer à leur sortie de prison et les aider à leur réinsertion dans la société. Voilà pas loin d’une trentaine d’années, que Belle-Île-en-Mer a accueilli des personnes condamnées qui exécutaient leur peine sous le régime du placement à l’extérieur. Elles ont été employées en premier à Locmaria (56), pour l’entretien des fortifications de la plage des Grands-Sables, pendant environ dix ans. En 1998, la commune de Palais prend le relais. Les détenus sont alors affectés à des chantiers d’insertion liés à la préservation du patrimoine et du site maritime. Le chantier de réinsertion est intégré à la vie communale, une sorte d’annexe aux services techniques de la commune ; les prisonniers assurent le désherbage des quais, des rues, des jetées manuellement, dans un souci de protection de l’environnement.

En fin de journée, ils rejoignent les locaux de l’Association Morbihannaise d’Insertion sociale et professionnelle à Haute-Boulogne dans les anciens locaux de la colonie pénitentiaire ; c’est l’AMISEP qui a en charge leur suivi social, qui les encadre et les héberge. Ils bénéficient également d’un encadrement de quatre personnes belliloises, pour faciliter l’intégration du groupe avec la population locale. Les détenus n’arrivent pas tous en même temps. Les entrées et les sorties sont permanentes durant les deux périodes d’ouverture du chantier de septembre à Noël et de janvier à juin. Le séjour facilite le passage entre la prison et le retour dans la société, une véritable bouffée d’air pur, après des années dans l’enfer de la prison. 

Pendant ces années, aucun incident n’a été constaté, d’ailleurs le maire de Le Palais a regretté sa fermeture en 2016, décidée par l’État.

Depuis cet été 2025, les services pénitentiaires du Grand Ouest réfléchissent à la réintroduction de ces placements extérieurs, en raison de l’engorgement des prisons françaises. Le retour de chantiers en fin de peine est donc envisagé sur les hauteurs de Le Palais, soutenu par la direction du centre pénitentiaire de Lorient-Ploemeur. Les services pénitentiaires se penchent sérieusement sur la question, puisque le projet serait même envisagé pour une mise en place courant 2026. Les détenus purgeraient une partie de leur peine sous ce régime en participant à la vie communale avec des chantiers de réinsertion.

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.