C’est dans le cadre de la Biennale 2012 que s’est tenue à Rennes La part du rite. Ce dispositif met en scène Isabelle Launay qui, allongée sur un autel de serviettes blanches la recouvrant entièrement comme un suaire, livre une leçon autour des questions posées à l’art et à la société politique par les pratiques corporelles, en particulier de la danse, dans l’Allemagne du début du XXe siècle.
Non dénué de brillantes références à Rudolf Laban, Martin Gleisner et Jean Weidt et de pertinentes analyses, ce vade-mecum faussement inspiré souffre d’une démonstration peu efficiente (autrement dit, d’où parle la voix ?). Cette brillante poudre intellectuelle conduit les spectateurs à fermer les yeux pour mieux concentrer l’esprit avant des les rouvrir sur l’efficace dispositif scénographique conçu par Latifa Laâbissi.
Dans une opposition chromatique blanc/noir, corps/décorporalisation, réification/déréalisation, une partition dodécaphoniste silencieuse déconstruit l’espace et le corps d’Isabelle Launey en éprouvant son élasticité. La pensée, les écorces somatiques et les oripeaux sont effeuillés dans un rite sans fin.
Cette expérimentation ritualisante autour d’une équation soma-logos-politeia est intéressante, intelligente, séduisante. Mais l’ensemble se révèle insuffisamment exploré. Malheureusement.
Conception : Latifa Laâbissi
Interprétation : Isabelle Launay, Latifa Laâbissi
Dispositif scénographique : Nadia Lauro
Durée : 40 minutes