Brazzier sortait l’album Lignes futures le 10 novembre. Dans cet opus de huit titres pressé en vinyle, le premier de ce projet solo, Max Balquier, musicien chevronné habitué des groupes de rock, affirme une nouvelle identité à la croisée de la chanson française et des musiques électroniques. Le résultat est une pop crépusculaire et dansante qui voit le mariage heureux du vieux sujet lyrique aux synthés analogiques et à la programmation informatique.
Lignes futures de Brazzier marque le lancement d’un nouveau projet de Max Balquier. Le musicien, Quimpérois d’origine, et installé à Rennes depuis 2002 a déjà derrière lui une belle carrière. Avec le groupe d’électro-rock Frigo, actif entre 2000 et 2010, ils sortent plusieurs disques, dont un signé sur le label de Rodolphe Burger, Dernière Bande, et font plusieurs tournées en France. You, Vicious!, son deuxième groupe, monté plus tard avec le batteur de Frigo, est quant à lui toujours en activité, après un premier album en 2018 chez Manic Depression.
Brazzier. Une nouvelle ligne
Brazzier est donc une nouvelle aventure musicale pour Max Balquier. « Mes groupes précédents jouaient sur l’énergie du collectif, dans un esprit rock. Brazzier, c’est un projet solo de musique électronique avec des paroles en français. J’ai laissé de côté les guitares », précise-t-il sans regret. « J’ai écrit un premier morceau en français qui ne cadrait pas avec You, Vicious!. J’en ai composé un deuxième, un troisième, comme ça. J’ai remarqué que je prenais goût à écrire en français, à composer seul, à travailler la programmation de batterie électronique. J’ai composé huit titres de fil en aiguille. Ça ne pouvait pas aller avec un projet rock. Ça prenait une orientation différente », raconte-t-il.
Pourtant peu bercé de chanson française, même s’il affectionne Alain Bashung, Serge Gainsbourg, pour leur registre grave, Bertrand Cantat, ou les moins connus Matthieu Malon et Olivier Depardon, Max Balquier s’en improvise l’héritier sous ce nouvel alias baigné de mélancolie. « Mes textes parlent de mes états d’âme, de mes désillusions ou de mes espoirs. J’interroge l’avenir, l’amour, les envies d’ailleurs… C’est le genre de paroles que je ne pouvais pas écrire en anglais, car j’y sonde mes pensées », résume-t-il.
Lignes futures. Vers une chanson française électronique
Dans Brazzier, toutefois, le sujet lyrique rencontre la musique électronique et s’imprègne de sa pulsation explosive. Au travers des huit morceaux de l’album, Max Balquier propose une chanson française nouvelle vague, teintée de la new wave post-punk britannique. Les rythmiques entêtantes et répétitives des boîtes à rythmes portent les ritournelles du texte. Les mélodies de synthés en soulignent l’émotion poétique. Jusqu’à ce que la voix se taise et laisse place aux chants des machines qui prêtent à l’évasion, à la danse, mais aussi à l’introspection.
Si la musique de Brazzier évoque immanquablement les années 1980, c’est qu’il utilise des synthétiseurs analogiques caractéristiques de la culture musicale et audiovisuelle de cette époque, notamment de l’univers de la science-fiction. « J’aime utiliser des synthés qui peuvent évoquer des films emblématiques comme Blade Runner, qu’on voit jeune et dont certaines mélodies restent entêtantes. Le côté analogique nous ramène à cette période de l’enfance où on découvrait ces sons », confie-t-il.
C’est cette multitude de références qui rend la musique de Brazzier complexe. La chanson française s’y modernise en revisitant les sonorités fondatrices de l’ère électronique de la culture. Avec ce projet, Max Balquier tient le pari artistique de proposer une musique à la fois originale et personnelle, où épancher toute sa sensibilité.
Dans une logique de réappropriation DIY des moyens de production discographiques, Max Balquier édite lui-même ce premier disque de Brazzier, pressé en 100 exemplaires vinyles et 100 CDs.