Bretagne. Les grandes inventions bretonnes qui ont marqué l’Histoire du XIXe siècle

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Grandes inventions bretonnes

La Bretagne n’est pas seulement valorisée par son tourisme, ses superbes paysages, son patrimoine exceptionnel, son climat et ses excellentes productions ! L’histoire de la région retient aussi des inventions bretonnes impressionnantes, mais souvent méconnues.

1 – La médecine sort grandie en 1816 grâce à l’invention du stéthoscope par le docteur René Laennec (1781-1826).

Né le 17 février 1781 à Quimper, dans le Finistère, René Laennec est issu de la noblesse bretonne et d’une lignée d’avocats. Sa mère, Michelle Guesdon, meurt de la tuberculose alors qu’il n’a que cinq ans. Son père, Théophile, incapable de s’occuper de lui, le confie à son frère Michel Laennec, médecin-chef de l’Hôtel-Dieu de Nantes. Sous le patronage de son oncle, René Laennec commence une formation médicale, d’abord militaire à Nantes puis à Brest, avant d’entrer à l’École de santé de Paris.

Dès ses débuts, il se spécialise dans l’étude des maladies respiratoires et cardiaques, aux côtés du clinicien Jean-Nicolas Corvisart (1755-1821) et du chirurgien Guillaume Dupuytren (1777-1835). Chaque mois, Laennec publie dans Le Journal de la Médecine et ses travaux lui valent une reconnaissance nationale. Avec le médecin Gaspard-Laurent Bayle (1774-1816), il décrit le tuberculome, lésion caractéristique de la tuberculose, maladie qui avait emporté sa mère.

René Laennec, inventeur du stéthoscope
Le docteur René Laennec, inventeur du stéthoscope

En 1814, à la chute de l’Empire, il soigne de jeunes soldats bretons malades du typhus. Deux ans plus tard, nommé à l’hôpital Necker de Paris, il concentre ses recherches sur les maladies pulmonaires. Pour mieux les diagnostiquer, il met au point la technique de percussion (écouter le bruit produit en frappant le thorax). Puis, en 1816, il imagine un rouleau de papier ficelé pour amplifier les sons internes : le « pectoriloque », qui évolue bientôt en stéthoscope. Cette invention, loin d’être anodine, conduit à la publication de son Traité d’auscultation médiate en 1819, où il établit une véritable typologie des bruits thoraciques.

Laennec ne s’arrête pas là : il décrit la péritonite et la cirrhose, introduit le terme de mélanome, et contribue largement à l’avancée de la médecine clinique. Hélas, atteint lui-même de la tuberculose, il meurt le 13 août 1826 à Ploaré (Finistère), à seulement 45 ans.

Plus de deux siècles après son invention, le stéthoscope demeure l’un des symboles universels de la médecine, porté autour du cou par des praticiens du monde entier.

2 – Le docteur et chirurgien morbihannais Alphonse Guérin (1816-1895) est reconnu comme le père de la méthode aseptique.

Né à Ploërmel le 9 août 1816, Alphonse Guérin perd son père à l’âge de 6 ans. Sa mère s’installe alors à Vannes pour assurer l’éducation de ses deux fils. Élève brillant, il réussit ses études médicales à Paris et devient interne en 1840, puis docteur en 1847 avec une thèse sur la fièvre purulente. Chirurgien dans différents hôpitaux parisiens (Cochin, Saint-Louis, Hôtel-Dieu), il se distingue par ses recherches.

Durant la guerre de 1870, confronté à la septicémie des blessés, il invente le pansement ouaté, qui protège les plaies des germes et réduit la douleur. Cette innovation révolutionne la chirurgie et lui vaut le titre de « père de la méthode aseptique ». Étroitement lié aux travaux de Louis Pasteur, il publie plusieurs ouvrages et se spécialise ensuite en urologie. En 1884, il est élu président de l’Académie de médecine et élevé au rang de commandeur de la Légion d’honneur.

Buste en bronze d’Alphonse Guérin
Buste en bronze du docteur Alphonse Guérin

Il s’éteint le 21 février 1895 à Paris, des suites d’une pneumonie. Un buste en bronze, sculpté par Georges Barreau, lui rend hommage dans le hall du centre hospitalier de Ploërmel qui porte son nom.

3 – Jean-Marie Le Bris (1817-1872), marin finistérien, fut un pionnier de l’aviation.

En décembre 1856, sur la plage de Tréfeuntec à Plonévez-Porzay, il parvient à s’élever dans les airs grâce à sa machine baptisée la barque ailée, inspirée du vol des albatros. Tiré par un cheval lancé au galop, son engin de bois et de toile décolle et parcourt 200 mètres à une centaine de mètres d’altitude : un exploit inédit. En 1857, il dépose un brevet décrivant pour la première fois le contrôle indépendant des ailes d’un appareil plus lourd que l’air.

Jean-Marie Le Bris et sa machine volante
Jean-Marie Le Bris avec sa machine volante, la « barque ailée »
Brevet d’invention de Jean-Marie Le Bris, 1857
Brevet d’invention déposé par Jean-Marie Le Bris en 1857
Croquis technique de la barque ailée
Croquis technique de la « barque ailée »

Policier municipal à Douarnenez dans ses dernières années, il meurt tragiquement en service, le 10 février 1872, à l’âge de 55 ans.

4 – Camille Tissot (1868-1917), né à Brest, fut le précurseur de la télégraphie sans fil (TSF) en France.

Officier de marine et brillant physicien, il réalise en 1898 la première liaison radio opérationnelle française entre le navire Borda et le sémaphore de Brest. Puis il établit une connexion entre l’île d’Ouessant et le continent, créant la première station de TSF en France. Il développe aussi des récepteurs à galène et met en place, dès 1910, l’émission quotidienne de signaux horaires diffusés par la tour Eiffel.

Portrait de Camille Tissot
Le commandant Camille Tissot, pionnier de la TSF
Récepteur Tissot-Pellin 1908
Récepteur de signaux horaires Tissot-Pellin (1908), conçu pour les navires

Engagé dans l’effort de guerre en 1914, il équipe les navires marchands de TSF et expérimente l’écoute des sous-marins. Épuisé par ses missions, il meurt à Arcachon le 2 octobre 1917. Déclaré mort pour la France, il repose dans le carré militaire de la ville.

5 – Alexandre Massé (1829-1910), inventeur quimpérois, révolutionna le quotidien en créant le bouton à quatre trous.

En 1855, il ajoute deux trous aux boutons classiques afin de renforcer leur solidité. Cette amélioration simple mais ingénieuse se diffuse rapidement en Europe puis en Amérique. Alexandre Massé fait fortune et consacre la fin de sa vie à l’éducation des orphelins, créant une école agricole sur son domaine de Kerbernez à Plomelin, aujourd’hui lycée d’horticulture et du paysage.

Portrait d’Alexandre Massé
Alexandre Massé, inventeur du bouton à quatre trous
Boutons anciens à quatre trous
Boutons anciens à quatre trous inventés par Alexandre Massé

Il meurt à Paris le 13 avril 1910 et repose au cimetière Saint-Marc de Quimper.

L’invention du bouton à quatre trous, en apparence insignifiante, demeure aujourd’hui un élément incontournable de l’habillement à travers le monde.

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.