Le spectacle A l’Ouest – Western pour un clown clandestin du Clown Pétrole ouvre la saison 2025-2026 de L’Intervalle à Noyal-sur-Vilaine, vendredi 26 septembre 2025. A la croisée des arts du théâtre et du clown, Pétrole rencontre la figure féminine de Calamity Jane pour aborder la domination patriarcale, mais aussi la conquête des territoires et l’exclusion. Rencontre avec Christelle Kerdavid, porte-parole de Pétrole.
Le clown Pétrole a croisé le chemin de Christelle Kerdavid, comédienne et metteuse en scène, par hasard, alors qu’elle participait à une formation pour parfaire son jeu d’actrice. Avec ses yeux cernés de blanc et son nez rouge, ils se sont entendus comme cul et chemise si vous me permettez l’expression. La comédienne entrevoit la recherche de liberté dans le jeu d’acteur et la recherche de la disponibilité énergétique et émotionnelle qu’offre le clown. Elle pousse alors cette porte qui l’attire dès la formation terminée. « Le clown contemporain explore le théâtre d’énergie et les limites d’une pratique, sans être cloisonné dans une figure type. On se l’approprie en réfléchissant à ce que l’on veut exprimer à travers lui », introduit Christelle Kerdavid. « Il y a une quête perpétuelle dans le jeu et dans le propos. »

Mais qui est exactement Pétrole ? Le clown est espiègle, mais très touchant. Il suscite beaucoup l’empathie, car il est nourri des sensibilités humaines et artistiques de Christelle Kerdavid.
D’abord pour les sujets autour de l’exclusion. Pétrole rend hommage aux personnes qui se sentent exclues, celles qui ont du mal à trouver leur place quelque soit la raison : origine sociale, handicap, etc. « Des personnes peuvent avoir le sentiment de n’avoir aucune place sur cette planète, peu importe où ils sont », déclare la comédienne. « Pétrole n’a le droit d’être nulle part non plus, mais il prend ce droit. » Où qu’il soit, dans l’espace public ou au plateau, le clown s’excuse d’exister, mais prend aussi, par moments, des libertés. « Il le vole en quelque sorte, juste par envie de vivre, d’exister et de rencontrer des gens, la vie. » Cette audace est freinée par les interdits, mais Pétrole s’amuse à les dépasser par envie, maladresse ou amour de la rencontre.
Puis, par les mots et l’art de la parole. Là où l’image du clown est principalement associée à une gestuelle, Pétrole parle beaucoup, mais pas trop. Il revendique justement son droit à prendre sa place par les mots. Si cette affection pour les mots résonne avec le travail de comédienne de Christelle, elle lui vient à l’origine de ses études en Lettres Modernes, son mémoire portant sur le monologue. « La place de la parole dans un travail de corps est tout aussi important. Elle est pour moi une énergie corporelle comme une autre, c’est quelque chose que j’exploite beaucoup. »
Enfin, l’art de l’improvisation. Les histoires Pétrole s’écrivent au fur et à mesure des improvisations. « L’art du clown, c’est l’art de l’improvisation. C’est quand je suis dans l’état de Pétrole que les choses s’écrivent. » Un langage propre à Pétrole émerge, qui relève aussi de la poésie, une poésie de l’instant.

Après Pétrole clown jeté sur la voie publique (2016-18) et La visite Clandestine (2019), Christelle Kerdavid explore pour la première fois une figure féminine dans A l’Ouest : « J’ai abordé plusieurs sentiments d’exclusion à travers ce clown, mais celui que je pourrais avoir en tant que personne, c’est celui d’être une femme », exprime-t-elle. « Et, même s’il y a des avancées, la place de la femme est encore une quête en 2025. »
« J’ai besoin de questionner les limites dans le but d’interroger toutes les formes d’exclusion. »
Le parcours de Pétrole croise ainsi celui de Calamity Jane. Au XIXe siècle, Marthe Jane Canary de son vrai nom s’est travesti en homme afin de partir à l’aventure et avoir la même liberté qu’eux à l’époque. Pour la création, elle s’est inspirée du recueil de lettres à sa fille. « Encore aujourd’hui, on ne sait pas si ce sont de véritables lettres, mais elles sont le point de départ de ce projet. »

Dans toute sa maladresse, Pétrole arrive sur scène par inadvertance et se retrouve à improviser une histoire en inspirant de cette figure. « Calamy Jane est un prétexte pour parler du clown Pétrole », précise-t-elle. « J’ai l’impression, en tant que comédienne, d’être moi-même passée par le travestissement pour trouver cette liberté de parler d’humain, peu importe que je sois une femme ou un homme. » De même, elle a choisi de parler de Pétrole au masculin pour ne pas transposer sur lui une énergie féminine. Clown non-genré, Pétrole supprime les clivages et décloisonne la question de genre pour se concentrer sur l’être humain dans son universalité. « C’est encore aujourd’hui une démarche d’être une artiste femme, un parcours d’émancipation. »
Sa prochaine création portera sur le temps, mais en attendant de découvrir cette nouvelle proposition, prenez un peu du vôtre pour aller rencontrer le Clown Pétrole à L’Intervalle de Noyal-sur-Vilaine, vendredi 26 septembre.
Infos pratiques :
Spectacle A l’Ouest du Clown Pétrole, Vendredi 26 septembre 2025, à 20h30. A partir de 10 ans.
Tarif plein : 14 €. Billetterie
L’Intervalle, 1 rue de la Motte, Noyal-sur-Vilaine.
