Le Collectif Ès présente au Triangle, le jeudi 28 janvier, sa deuxième chorégraphie : Hippopotomonstrosesquippedaliophobie*. L’humour et l’esprit ludique qu’avaient développé ces trois jeunes danseurs dans leur première création P’Lay’s revit dans ce deuxième tableau très réussi. Avec Hippopotomonstrosesquippedaliophobie* ils ont remporté le Prix du public au concours Reconnaissance de 2014.
Hippopotomonstrosesquippedaliophobie*, qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Dans Hippopotomonstrosesquippedaliophobie* il y a phobie. Répétez ce mot sept fois sans vous mordre la langue et vous serez peut-être guéri. En tout cas, vous serez en bonne voie (voix ?) de l’être, car l’hippopotomonstrosesquippedaliophobie, selon le collectif Ès, est la phobie des mots trop longs ! La peur des mots, même courts, a pour effet un corps qui se crispe. Avec entêtement, par d’inlassables répétitions et avec beaucoup d’humour, les trois espiègles danseurs assouplissent les tensions et les métamorphosent en une danse libérée et communicative. Ils nous convient dans un monde sensible de formes jubilatoires.
Sidonie Duret, Jeremy Martinez et Emilie Szikora, qui forment le Collectif Ès, pratiquent la danse contemporaine depuis l’enfance (l’adolescence pour Jeremy). Ils se sont rencontrés au Conservatoire de Lyon dans la section de danse contemporaine où ils achevaient leur formation. La carte blanche donnée aux étudiants de la formation est l’occasion pour eux de construire leur première pièce P’Lay’s qui attire l’attention avec un univers rappelant celui de Jacques Tati. À la différence près que les mots sont rapidement très présents : « ils sont arrivés dans la pièce très naturellement, d’eux même, comme une évidence » (Sidonie Duret).
Comment avez-vous débuté le travail pour Hippopotomonstrosesquippedaliophobie* ?
Sidonie Duret : Nous sommes très attachés à ce que le point de départ du travail soit très ancré dans le corps, qu’il ne soit pas juste un concept. Beaucoup de choses passent par le corps. Cependant pour Hippopotomonstrosesquippedaliophobie*, c’est vraiment ce mot-là qui est au départ de la pièce et nous sommes allés vers des peurs, des phobies. La peur est immédiatement perceptible dans le corps. Nous avons décliné le travail avec des mots liés à la peur, tels « la fuite », « pousser », « repousser », « échapper ». Nous essayons de chercher des principes corporels liés à ces mots. Nous utilisons le second degré pour prendre du recul par rapport à l’absurde que peut engendrer la peur. Par exemple, une araignée est vraiment une toute petite chose, mais ce qu’elle génère est totalement disproportionné. Le mot seul peut mettre une personne dans un état corporel incroyable, presque second. Nous avons également travaillé la répétition que l’on peut trouver dans des situations qui se reproduisent sans cesse. Nous avons beaucoup observé ce genre de contextes et nous cherchons à les emmener vers un ailleurs.
Comment l’écriture s’élabore-t-elle à trois ?
C’est quelque chose auquel nous tenons beaucoup. Cette horizontalité entre nous est capitale. Nous avons tous les trois une manière différente d’aller à un même endroit. C’est passionnant de constater que les chemins que nous prenons, tant dans l’esprit que dans le corps, sont toujours disparates. Je suis très inspirée par le travail et la personne de David Zambrano. Emilie a une longue pratique de l’aïkido. Jeremy travaille beaucoup avec Yuval Pick qui a pris la direction du Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape. Ce sont des sources d’inspirations et des esthétiques très différentes que l’on réunit et que l’on conjugue dans nos créations.
Hippopotomonstrosesquippedaliophobie* est une pièce très écrite — avec une petite partie improvisée —. C’est plutôt le chemin que nous avons noté. Une action nous guide vers le mouvement. Fuir, échapper, pousser sont une suite d’actions avec lesquelles nous voulons parler de ce qui se passe sur le plateau, du spectacle, de nous à l’intérieur de ça, et du spectateur à l’intérieur de ça, et arriver à l’inclure. Paul Auster, qui est un auteur que nous aimons beaucoup, parle du personnage de son roman, et à travers lui nous parle de nous et de sa propre pratique d’écrivain. C’est ce travail que nous voulons développer avec le Collectif Ès.
Hippopotomonstrosesquippedaliophobie*, collectif ÈS, Triangle
Le Collectif ÈS est lauréat du Concours Reconnaissance 2014 – Prix du public / Prix d’honneur Communicating Dance
CRÉATION : Collectif ÈS CRÉATEURS INTERPRÈTES : Sidonie Duret, Jeremy Martinez et Emilie Szikora CRÉATION LUMIÈRE : Félix Bataillou
Jeudi 28 janvier 14 h 30 et 20 h au Triangle
À noter : mardi 26 janvier à 18 h 30 Sidonie danseuse du Collectif Ès partage la démarche créatrice qui mena les jeunes danseurs à Hippopotomonstrosesquippedaliophobie* au cours de l’atelier Danser-ensemble au Triangle.
Tarifs : 16 € plein, 7 € pour les étudiants, chercheurs & doctorants internationaux des établissements membres du CMI Rennes, 6 € moins de 12 ans, 4 € SORTIR adultes, 2 € SORTIR enfants et PASS Triangle
du samedi 23 au samedi 30 janvier : sous le signe du théâtre et de la danse
Le Théâtre du Cercle et le Triangle s’associent pour proposer
un parcours destiné aux publics sourds, malentendants et
entendants. En partenariat avec la Bibliothèque du Triangle et l’URAPEDA