Jean-Pierre Obin, père du rapport Obin de 2004, officiellement titré « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires », est remis au gouvernement français en juin 2004 par Jean-Pierre Obin, inspecteur général de l’Éducation nationale. Ce rapport pointait déjà l’influence grandissante de l’islamisme dans les écoles françaises : il sera rapidement enterré au nom du sacro-saint principe de l’administration française et des pleutres en général « surtout pas de vague ».
« Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre. » Churchill.
La laïcité, ce principe républicain typiquement français, mais dont avait rêvé aussi Kemal Atatürk père de la Turquie moderne, « protège nos libertés, celle de croire ou de ne pas croire, celle de pratiquer librement un culte, celle de changer de conviction, celle de critiquer les religions ou l’absence de religion et, pour les parents, celle de confier leurs enfants à l’école publique sans crainte qu’ils y soient harcelés ou endoctrinés ».
Comme le dit Jean-Pierre Obin « J’ai écrit ce livre pour briser le silence qui règne sur la montée de l’islamisme, sur ses ravages parmi les jeunes et sur les dégâts qu’il provoque dans notre école publique. Pendant longtemps, le silence a été la seule réaction… »
L’homme est peu soupçonnable d’être un affidé de l’extrême-droite et c’est un grand humaniste. Titulaire d’un doctorat de spécialité en mécanique des solides et d’un doctorat ès lettres et sciences humaines, il a été coopérant, puis maître de conférences de mécanique à l’université Joseph-Fourier de Grenoble. Il surtout intéressé à l’organisation scolaire : sa thèse de doctorat a été publiée sous le titre « La Crise de l’organisation scolaire ».
De 1990 à 2008, il a été inspecteur général de l’éducation nationale, mais aussi membre de la Fondation pour la mémoire de la Shoah (FMS) et du Projet Aladin, ainsi que membre du bureau exécutif de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA). Le Projet Aladin visait à diffuser une information claire en langue arabe et persane sur la Shoah dans des pays ou cette information n’était pas disponible.
Le constat de Jean-Pierre Obin est sans appel et le meurtre de Samuel Paty nous le confirme. Obin recense l’ensemble des éléments de la problématique, dissèque les modalités de diffusion d’une idéologie mortifère parfois dissimulée, le salafisme, la forme la plus rétrograde de l’Islam. Certains se rassurent en parlant de quiétisme pour justifier leur indulgence, leur passivité, leur compromission oubliant les leçons d’une histoire pas si lointaine, on ne pactise pas avec le Mal.
Il existe aujourd’hui une problématique profonde dans le monde arabo-musulman, devenu le quasi seul lieu de conflit militaire au monde. Jamais autant de musulmans n’ont péri par millions depuis l’attentat du World Trade Center en 2001, comme un boomerang de l’Histoire. Cette crise remonte à plusieurs siècles en arrière ou une civilisation relativement brillante s’est progressivement délitée, a bridé tout intellectualisme, refusant même l’imprimerie au nom qu’un seul livre mériterait d être imprimé… Ce mal-être, cette absence d’autocritique, cette difficulté à s’adapter à la modernité s’accompagne d’un sentiment de persécution du monde occidental vu comme un agresseur depuis la Reconquista, les Croisades et la Colonisation. Ce sentiment d’exclusion peut, en particulier chez les jeunes de la deuxième génération, parfois pourtant bien scolarisés, conduire au pire radicalisme… Celui dont parlait Hans Magnus Enzensberger dans son ouvrage Le perdant radical : des hommes à la recherche désespérée du bouc émissaire, mégalomanes et assoiffés de vengeance, chez qui s’allient obsession de la virilité et pulsion de mort.
Un assemblage fatal qui, en définitive, les conduit, quand ils se font exploser, à se punir et punir les autres de leur propre échec. Les solutions existent et Jean-Pierre Obin les expose : exposition des faits, remontée des données et non la politique du tapis et du tiroir du bas, éducation renforcée et sans doute plus d’équité sociale ! « J’ai écrit ce livre parce que le temps presse et qu’il y a maintenant urgence à agir. » (J.-P. Obin). Le temps presse si l’on veut couper le mal à la racine et éviter la guerre…
Jean-Pierre Obin, Éditions Hermann 2020, 18 euros, parution 2 septembre 2020.
Jean-Pierre Obin a été inspecteur général de l’Éducation nationale. Il est l’auteur de nombreux livres, notamment sur l’école et le métier d’enseignant, ainsi que du célèbre « rapport Obin » de 2004 qui alertait le ministre de l’Éducation nationale sur le développement des atteintes à la laïcité dans les établissements scolaires.