On les connaît sous le nom de détectives privés, mais on méconnaît leurs activités : nous avons rencontré l’un d’entre eux, l’agent de recherches privées Marjolaine Morin qui habite Rennes. Enquêter sur un enquêteur, voilà un scénario post-moderne digne d’un roman de Paul Auster. Il s’agit pour nous d’utiliser aussi la déduction pour éclaircir les faits. Élémentaires, élémentaires…
Le mystère du détective privé


Le nouveau détective utilise-t-il des méthodes de piratage informatique ? La question se pose, mais ne suscite guère de réponse. Ces pratiques demeurent totalement illégales et sont le fait de ce que l’on appelle « les barbouzes » et les espions en tout genre. Et si la collecte de données constitue un enjeu pour la profession, l’accès aux fichiers administratifs est pour l’heure le privilège des fonctionnaires, notamment ceux du ministère de l’Intérieur.
Une nouvelle génération de détectives privés ?
Il n’est guère simple de contacter un enquêteur privé pour un entretien. Marjolaine Morin, trentenaire dynamique, a cependant accepté. Cet agent de recherches privées (ARP), basé à Rennes, entend « redorer le blason de la profession », et donc éviter toute confusion avec les domaines littéraire et cinématographique. S’il lui arrivait de regarder Hercule Poirot ou Miss Marple dans son enfance, vous ne la croiserez pas coiffée d’un chapeau melon dans le fog londonien ni derrière un journal percé de deux trous à la place des yeux. Pour autant, compte tenu de la nature du métier, on peut dire que l’enquêteur privé navigue entre mythe et réalité.

En France, on compterait actuellement entre 600 et 700 agences d’enquêteurs privés. Marjolaine Morin a son propre cabinet quand d’autres demeurent salariés ou sous-traitants. En Ille-et-Vilaine, on dénombre 11 agences de détectives privés et un enquêteur à son compte, ancien capitaine de police à la retraite. Marjolaine Morin a lancé sa société il y a 4 ans et a réussi à tirer son épingle du jeu. Sans loupe ni borsalino, mais surtout avec les textes de loi…
Une profession très encadrée par la loi

Aucun droit, beaucoup de devoirs
Ainsi la détective résume-t-elle cet aspect du métier. Si l’image du « privé » n’a pas changé, sa faculté d’intervention, elle, s’est limitée avec le temps. Plusieurs décrets, arrêtés et circulaires ont modifié les lois régissant leurs activités. Marjolaine Morin s’en félicite. Certaines pratiques, pour le moins interlopes, ne sont guère possibles de nos jours. Le décret 2005-1123 du 6 septembre 2005 comporte une modification importante : la certification professionnelle. Un enquêteur privé doit transiter par une formation spécifique, reconnue par l’État. Il en existe quatre en France. Marjolaine Morin, après des études de droit et avoir été clerc de notaire à Rennes, a effectué sa formation à la faculté de Melun, qui dépend de l’université Panthéon-Assas (Paris II).
Le parcours de l’agent de recherches privées est émaillé par les contrôles. Au préalable, pour constituer sa société, l’enquêteur doit demander un agrément, dont il reçoit la réponse environ 2 mois plus tard. Par la suite, il existe deux formes de contrôles purement administratifs (liés parfois à des dénonciations). Ils sont effectués l’un par un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, l’autre par le CNAPS, le Conseil National des Activités Privées de Sécurité. Pour des cas particuliers, un contrôle déontologique peut aussi être réalisé par le défenseur des droits.
L’aspect juridique de la profession

Dans le métier, il faut être véritablement vigilant dans le traitement des affaires. En mai dernier, le tribunal de Béthune a condamné un détective privé à 1000 euros d’amende pour avoir placé un traceur GPS sur la voiture d’un salarié, à la demande de son employeur. Marjolaine Morin nous éclaire sur ce point : un détective privé n’a pas le droit d’agir ainsi. Prenons une affaire d’adultère : un client masculin, par exemple, demande à enquêter sur son épouse, qu’il soupçonne d’avoir un amant. Il pourra placer un traceur GPS sur la voiture si lui-même la possède, en intégralité ou en partie.
De même, le détective privé n’agit pas dans le domaine pénal. Soit il enquête sur ce que l’on pourrait appeler « le pré-pénal » (en somme, la récolte de preuves), soit il intervient lorsque toutes les voies de recours sont closes. La loi reste donc toujours respectée, bien qu’il soit possible de jouer avec elle, d’utiliser des lois anciennes et peu connues. Le secret de grand-mère du métier, en somme.
Les domaines d’intervention

les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance
Dans ce domaine, sa clientèle est à 95 % masculine. Pourquoi ? sans doute, pense-t-elle, parce qu’elle est une femme et qu’il peut sembler difficile pour un homme de confesser ses doutes face à une personne du même sexe que lui. Là encore, l’aspect juridique prévaut : s’il est autorisé de suivre, par exemple, une épouse suspectée de tromper son mari, il est interdit de prendre en filature l’amant, par respect pour sa vie privée.
Concernant les prestations pour particuliers, mais dans une moindre mesure, Marjolaine Morin peut intervenir dans la recherche de personnes (disparues ou même ayants droit). Elle peut enquêter sur le comportement d’un conjoint en cas d’abandon du domicile familial, voire de violence conjugale. Elle agit également « dans l’intérêt des enfants ». Cela va de la vérification d’emploi du temps, des fréquentations des réseaux sociaux à la suspicion d’addiction aux drogues. La recherche de débiteurs en vue d’un recouvrement de créances occupe aussi une partie de son travail. Dans le domaine commercial, Marjolaine Morin agit principalement en matière de droit du travail ou de concurrence déloyale. Sur ce point, le sens du contact est nécessaire pour obtenir un bon carnet d’adresses, par exemple grâce à la fréquentation d’afterworks. Certains détectives travaillent également dans le domaine des assurances (fraudes) ou pour des employeurs suspicieux (vols dans l’entreprise, arrêts maladie à répétition …)
D’aventure en aventure

Elle utilise un matériel technologique efficace, sans pour autant posséder des appareils hautement sophistiqués. « Le cerveau, des écouteurs, un bon téléphone, une caméra » énumère-t-elle. Voilà le strict minimum. La caméra, en effet, permet, à la différence de l’appareil photo, d’être certain de ce que l’on capte. L’enquêteur privé, par contre, se doit d’être polymorphe. Changement de coiffures, de vêtements, perruques : tout est bon pour se transformer. La filature, exercice difficile dont elle a notamment pris le goût, étudiante, en livrant de la nourriture à scooter, occupe beaucoup son temps. Il lui arrive de parcourir plusieurs centaines de kilomètres et même de changer de pays, voire de continent (dans la mesure où la destination tolère juridiquement sa présence en tant que détective privé).

La profession reste secrète, car elle nécessite l’anonymat. Pourtant, c’est un métier de contact, tant avec le client qu’avec les personnes susceptibles de fournir des informations sur l’enquête. La profession a évolué, elle évolue encore, mais son essence demeure la même. L’arrivée d’internet n’a pas, selon elle, considérablement changé la donne. Elle l’utilise pour du repérage ou pour consulter des profils. Comme le disait Cercas, les clichés « contiennent une part substantielle de vérité », pourtant le cliché du privé borderline n’est plus vraiment d’actualité. On pourrait imaginer qu’il officie dans les hautes sphères mais Marjolaine Morin affirme que sa clientèle provient de classes sociales diverses. Les coûts diffèrent en fonction de l’affaire, certaines peuvent durer quatre heures, d’autres un mois. Marjolaine Morin parle de confrontation, dans ces affaires, avec « la nature humaine ». Voilà un pont, du moins, dans lequel la réalité et la fiction s’entrecroisent…
Agent de Recherches Privées, Détective privé
Marjolaine Morin Investigations
8 rue de l’Arsenal
35000 RENNES
Tél : 02.22.66.97.70
Fax : 02.22.66.97.72
contact[@]morin-investigations.fr
L’agence de Marjolaine Morin a été sélectionnée et nominée au Concours Femmes Entrepreneures en Bretagne dans la catégorie « jeunes entreprises » lors de la 4e édition des Rencontres Femmes Entrepreneures en Bretagne qui s’est déroulée à SAINT-BRIEUC le 8 décembre 2014. Cette rencontre se déroulait dans le cadre du Plan d’Actions Régional pour l’entrepreneuriat féminin.
https://www.youtube.com/watch?v=YkecLu_lodI
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À propos de la dernière vidéo et l’histoire de Marc L dont les données, toutes publiques, ont été répertoriées, à titre expérimental par le magazine « le Tigre » afin de montrer à quel point les internautes peuvent se montrer imprudents et dévoiler, par petites touches, toute leur vie sur la toile. Vous pouvez lire cet article ici.
Sachez qu’il n’y a pas que des enquêteurs privés qui jettent un œil sur votre vie privée-publique sur les réseaux sociaux : on se souvient de la « mésaventure » de Johnny Halliday, officiellement résident suisse, il s’est fait rattraper par le fisc en postant des photos de ses nombreux séjours à l’étranger sur les réseaux sociaux…. Tenu de passer 6 mois et un jour en Suisse, les enquêteurs du fisc ont démontré, en visionnant les photos de la famille Halliday sur deux ans, qu’il n’y passait en réalité que peu de temps : il est ainsi passé d’exilé fiscal (légal) à évadé fiscal (illégal)…
