A Rennes, Le Disorder Tour renverse l’Antipode

L’Antipode de Rennes vient d’accueillir le Disorder Tour et son programme un tantinet…brutal. À l’affiche, AqME, Black Bomb A et Dagoba, 3 des plus grands noms du métal hexagonal. Retour sur des prestations dantesques !

Il est 20 h lorsque, jeudi 17 décembre, les portes de la salle s’ouvrent et que la faune qui piétinait sagement sur le parvis de l’Antipode se dirige vers la scène. Une demi-heure d’attente très vite passée et les bières tout juste attaquées, AqME ouvre le tour. Le groupe emmené par Vincent Peignart-Mancini chauffe la salle à blanc avec son métal mélodique, chanté en français. Le plus très nouveau line-up (Vincent est déjà là depuis trois ans!) tourne parfaitement et les chansons du dernier comme des premiers se fondent à merveille dans la setlist. Si c’est un « échauffement », comme le suggère la voix d’AqME, il est très réussi. Pour le public ce live n’a rien d’une première partie, la plupart des gens présents dans la fosse sont déjà en nage, attendons de voir la suite.

Aqme1
Aqme1

La chose agréable dans un concert de ce type c’est que le public est passionné. Ainsi tout est bon pour parler musique entre deux sets avec le premier badaud venu, dans une ambiance conviviale. Une chose assez rare pour être soulignée… D’autant plus rare quand les membres des groupes eux-mêmes, avant ou après leur performance, se mélangent à cette plèbe d’un genre particulier, le temps d’une photo, de se souhaiter bon « bon concert » ou de partager une bière.

Black Bomb A
Black Bomb A

Pour l’entrée fracassante de Black Bomb A, la salle s’est encore remplie davantage.. Si le groupe n’a plus à se justifier (20 ans d’existence déjà !), il est toujours aussi concerné par son live et envoie une violente décharge d’énergie dans une foule qui ne cesse d’en redemander. La force du combo, outre sa prestance scénique, ce sont les voix si particulières de Djag et Poun, chacune à une extrémité de la distorsion (très grave pour le premier, très aiguë pour le second). Et l’ambiance monte encore d’un cran quand le temps d’un titre, Vincent d’AqME retrouve la scène pour Lazy Lady. Un des petits bonus que permet ce genre de plateau. Les circle pit (une espèce de ronde métallique) et autre wall of death (la rencontre frontale des deux moitiés de la fosse) gagnent en participants. Ici on ne plaisante pas avec les traditions. On l’a déjà dit le public, ce soir, est connaisseur et passionné. Il connaît la plupart des chansons par cœur et n’hésite pas à donner de la voix (Oh Mary, sweet Mary…), à échanger avec les musiciens et à finalement faire partie intégrante du show. Un regard profane le remarquera aisément pendant un live comme celui de Black Bomb A. Les Parisiens referment leur set aussi violemment qu’ils l’avaient commencé et laissent, non plus une fosse, mais une salle complète en exaltation.

Le temps de prendre l’air, de finir son verre et de débriefer BBA et nous revoici devant la scène pour apprécier l’ultime performance de la soirée.

Dagoba
Dagoba

Dernier à jouer ce soir, Dagoba a la lourde tâche de conclure la soirée en beauté. Une formalité pour les Marseillais, qui ont choisi une setlist féroce et riche en testostérone. Les pieds de micros sont en chaînes massives, l’immense tenture derrière le kit (très complet) de Francky Costanza rappelle sobrement l’imagerie gore du quartet. Le décor est planté. Encore une fois il est plaisant de voir à quel point le groupe s’investit dans son concert, choyant un public déjà comblé. C’est donc reparti pour une séance de headbanging, de pogos et de refrains gutturaux. La fosse jette ses dernières forces dans une bataille entre ses limites physiques et le death enragé de Dagoba. Des titres comme Black Smokers ou When Winter mettent le feu aux poudres et ne laissent aucun répit aux spectateurs. Le batteur au bandana (qui doit décidément passer sa vie torse nu) ne trahit pas sa réputation et se révèle une fois de plus la solide base d’une arche métallique aux riffs en acier trempé. Impressionnant. Rien n’a été laissé au hasard dans ce set implacable dont chacun ressort essoré, mais ravi et quelque peu extasié.

Dagoba
Dagoba

Il est temps de quitter les lieux. Ultime bière et coups de batterie. On remercie l’Antipode pour ce moment, d’une rare intensité dont le lieu a le secret.

Qu’on se le dise, il existe une vraie scène métal en France, une scène que beaucoup de pays nous envient. Bien qu’elle n’attire pas les médias, elle draine derrière elle une légion de fans aussi hétéroclites que dévoués qui permettent au circuit de perdurer dans l’ombre des productions beaucoup plus mainstream. Il est important de reconnaître le talent de ces musiciens passionnés et passionnants, qu’on soit adepte ou non du chant guttural et des rythmiques extrêmes, ne serait-ce que pour le spectacle, la technique, l’ambiance et la bonne volonté exprimée dans ce genre de rendez-vous.

Retrouvez les concerts à l’Antipode Rennes.
Unidivers vous donne les clés du headbang ici.

BLACK BOMB A est né en 1994. Issu de la scène Punk Hard-Core et influencé par Biohazard, Snot ou Sépultura, le groupe s’est très vite forgé une réputation de poids lourd scénique au point d’atteindre une reconnaissance internationale. Armés de refrains envoûtants alternés avec des passages lourds et percutants, ces cinq-là sont en tout point redoutables.

Fer de lance du renouveau métal en France dans les années 2000, on les croyait disparus à jamais. Et puis, fin 2014, sort Dévisager Dieu, un nouvel album en forme de renaissance par un groupe prêt à en découdre à nouveau. Lourd et mélodique,  comme on l’aime est de retour !

Avec six albums au compteur, DAGOBA s’est progressivement imposé comme un des groupes majeurs de la scène métal, capable aussi bien d’enflammer le Hell Fest que les clubs aux États-Unis. Après un an et demi d’attente, le groupe sort en 2015 son nouvel opus, Tales Of The Black Dawn, un album qui ne déroge pas à la règle d’efficacité que s’imposent ces Marseillais depuis leurs débuts.

Photos : Thomas Moysan

https://www.youtube.com/watch?v=g2LrCcbbDKM

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