Grâce au film L’Enquête l’affaire Clearstream est claire comme de l’eau de roche !

cinéma, film unidivers, critique, information, magazine, journal, spiritualité, moviesAvec le film L’Enquête Vincent Garenq signe un film magistral ! Il apporte, enfin, une claire mise en lumière des écheveaux d’une affaire politique aux allures de mauvais polar…

 

Denis Robert, Renaud Van Ruymbeke : un journaliste et un juge très engagés contre la corruption. Pas étonnant que le cinéaste Vincent Garenq les ait rejoints sur cet ardu chemin. Le résultat : un film formidable qui nous éclaire sur « L’affaire des affaires ». Clearstream enfin clair !

enquete 1Première scène de l’Enquête : Gilles Lellouche (dans le rôle du journaliste Denis Robert) demande à sortir dans son jardin aux policiers venus perquisitionner au petit matin. La caméra tangue. Il s’effondre. Avant le générique, le spectateur comprend que çà va être intense. Il faut dire qu’« il en a », ce Robert. Son parcours musclé est passé par Libé. Dans le film l’Enquête, on le voit en démissionner dès lors qu’il constate que le rédacteur en chef veut édulcorer un article dénonciateur. De retour à la maison, sa femme (trop rare Florence Loiret Caille) l’encourage à saisir cette fenêtre de temps libre pour écrire un livre sur Clearstream, « chambre de compensation financière »  titre aussi alambiqué que doit être le rôle d’une officine chargée de transit d’argent vers les paradis fiscaux. Son chemin va croiser un autre pourfendeur de la corruption, le très courageux juge Renaud Van Ruymbeke.

Ces deux personnages fascinaient Vincent Garenq. Il décide d’en faire un film sur la difficulté de lutter contre l’opacité financière, « malgré l’intervention d’Imad Lahoud qui a complètement dénaturé le sens de cette histoire ». L’Enquête est né.

lenquete2« Le scénario a été très difficile à écrire », souligne le réalisateur qui en a fait plusieurs versions jusqu’à ce que les producteurs y comprennent quelque chose – et aussi les étudiants d’une école de cinéma sollicités pour tester cette lecture. Au final, c’est vrai, « le film rend intelligibles pour le grand public les rouages de cette affaire tellement complexe que seuls quelques initiés avaient décryptée ». Totale réussite donc pour cet homme qui ne supporte pas l’injustice : « c’est viscéral chez moi, limite naïf ». Un « juste » donc, comme le journaliste et le juge. Ce dernier est impeccablement campé par Charles Berling, « comédien très engagé, très intéressé par ce genre d’histoires, qui a rejoint le projet sans hésiter ». Pour le rôle principal, Garenq ne voyait que Lellouche ; çà tombe bien, celui-ci estime que « çà fait du bien de jouer un rôle comme çà » !

On ne peut que saluer le travail de David Bertrand, le directeur de casting, qui a déniché Laurent Capelluto pour le rôle d’Imad Lahoud et Éric Naggar pour celui de Jean-Louis Gergorin. Tous deux aussi sophistiqués que pathétiques comme requins dans l’aquarium du pouvoir et de la finance. Coup de chapeau également aux (bedonnants) poissons marginalisés dans ces affaires que Denis Robert a convaincus de témoigner.

lenquete3L’occasion pour lui de nombreux déplacements au Luxembourg (le téléphone tout le temps vissé à l’oreille sur la route….à se demander s’il lui reste des points sur son permis !). Pas rancunier pour cette « publicité », le grand-duché a prêté une oreille favorable (et beaucoup d’euros) à Garenq, assez culotté pour les solliciter financièrement. Il n’en revient pas lui-même et salue leur « intelligence rare » : « grâce à leur soutien et celui de la Belgique, nous avons pu tourner au Luxembourg, avec des Luxembourgeois, ce qui est une chance extraordinaire pour la véracité du film ». Moins verni avec la France, il déplore n’avoir « jamais pu se procurer le dossier d’instruction des frégates de Taïwan » et ne s’attendait pas non plus « à ce que les magistrats lui interdisent de tourner au Palais de justice de Paris ». Il est donc allé tourner les scènes de procès en Belgique. C’est une histoire française. Pas très drôle, en fait. Mais L’Enquête est un film à voir absolument.

Souvent présente, jamais pesante, la musique du film l’Enquête accompagne avec justesse le développement de l’enquête de Denis Robert. Elle est signée par Erwann Kermorvant, compositeur né à Lorient en 1972 qui manifeste un certain tropisme pour les musiques de thrillers et de polars. Il collabore régulièrement avec Éric Lartigau (Mais qui a tué Pamela Rose ?, Un ticket pour l’espace, prête-moi ta main) et Olivier Marchal (Braquo, 36, quai des Orfèvres, les Lyonnais…)

Film L’Enquête, Vincent Garenq, Gilles Lellouche, Charles Berling, Laurent Capelluto, Florence Loiret Caille, 1h46, au cinéma le 11 février 2015

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Marie-Christine Biet
Architecte de formation, Marie-Christine Biet a fait le tour du monde avant de revenir à Rennes où elle a travaillé à la radio, presse écrite et télé. Elle se consacre actuellement à l'écriture (presse et édition), à l'enseignement (culture générale à l'ESRA, journalisme à Rennes 2) et au conseil artistique. Elle a été présidente du Club de la Presse de Rennes.

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