Étrange voyage pour le dessin animé Guskou Budori sorti au Japon en 2012 : il aura fallu deux ans pour le voir sur les écrans français sous le nom de Budori l’étrange Voyage. Gisaburo Sugii livre son 19e long métrage après avoir réalisé des animés plus ou moins longs, lesquels n’auront pas tous eu la chance de passer encore à la postérité. C’est le cas de Train de nuit dans la Voie lactée où les personnages principaux sont comme ici des… chats.

Gisaburo Sugii reprend un conte de Kenji Miyazawa qui date de 1923 et a déjà adapté au cinéma par Ryûtarô Nakamura en 1994. L’ensemble des personnages apparaît sous la forme de chats, un animal qui occupe une place particulière au Japon. L’anthropomorphisme est complet à la manière d’un Disney et tant d’autres grands de l’animé. Ce qui permet aussi au réalisateur de se différencier du reste de la production japonaise tel que Le Royaume des Chats de Hiroyuki Morita. En outre, les thèmes abordés sont d’une saillante modernité : dérèglement climatique, humain questionnant son rapport à la nature, industrialisation à outrance, pertes de repères…

Reste un certain plaisir à se laisser entrainer dans des montagnes verdoyantes et des cités néoclassiques. Là réside l’épaisseur du discours du réalisateur : dérives de son pays, course à la technologie qui bafoue la relation Homme-Nature. Gisaburo Sugii se sent de fait proche de Kenji Miyazawa, le « poète agronome » avec ses thèmes de prédilection : paysannerie, travail, amour. C’est pourquoi L’Étrange Voyage est au final une évocation métaphorique de la vie de Miyazawa. Non un chef-d’œuvre, mais un agréable moment de contemplation, d’amusement, de réflexion. À vivre seul, à deux ou en famille.
