Francesco de Filippo auteur bien connu de polars transalpins était l’invité début mai à Rennes de l’association Aria Nova. Il présentait et dédicaçait son dernier opus L’Offense (Sfregio). Une réussite.
Sfregio c’est l’offense…
…Mais aussi la griffure, dans la langue de Naples. De fait, le roman de Francesco de Filippo se déroule dans la plus baroque des villes italiennes (car un peu espagnole). L’Offense est un roman un peu picaresque, écrit, déclamé dans la langue torrentielle des petits quartiers napolitains. Là où sévit la Camorra, cousine locale de la Mafia sicilienne, de la ‘Ndrangheta calabraise ou encore de la Santa Corona des Pouilles – dont les caractéristiques communes sont le secret et la violence sans pitié.

e de Naples, celle qui est insupportable aux gens du Nord parce que vulgaire, canaille, insolente – nous y reviendrons…
Gennaro est un « guaglio », un petit gars de vingt-trois ans avec une jolie femme et deux enfants. Ses journées, il les passe en scooter, rend des petits services au chef du quartier Paolino mais rien de vraiment torride ni de dangereux. Son seul but : survivre, nourrir sa petite famille. De sa jeunesse on saura peu. Sans doute que ses parents sont morts jeunes et peut 
La camorra : le stade ultime du capitalisme sauvage
La vie de Gennaro se modifie. De petits en grands services, il se compromet progressivement. Surtout, il s‘avilit : agitateur, homme de paille, coursier. Il découvre toutes les facettes des trafics, dont les moindres sont les armes et la drogue. En fait, la camorra est la forme la plus ultra d’un capitalisme sans pitié ou tout et tous est marchandise. 
Gennari ceux-là, ils se sauvent, « o vvuo’ capi », tu veux le comprendre ? Ceux-là, ils font juste le voyage, ils se remplissent une fois de produit, ils arrivent en Italie et ils sont sauvés, ils se sont fait des sous et ils vivent comme ils veulent. Eux ils sont sauvés, mais nous, nous on reste dans la merde… nous on ne se sauve pas, Gennari, on se sauve jamais.
Gennaro, devient « Nu strunz’ : un con » se détruit peu à peu, s’éloigne de sa femme et de ses enfants et cherche une porte de sortie en regardant les étoiles.
L’autre réussite de l’Offense : la langue de Naples

Magnifiquement rendue par la traduction de Serge Quadrupanni (le Poulpe, entre autres.), lequel traduit aussi les aventures du Commissaire Montalbano. La traduction utilise le français du Sud. Le doublement des consonnes rend bien la scansion de la langue et inclut quelques mots ou phrases savoureuses du napolitain :
‘e zzoccole e ‘e pisc’ : les rats et les poissons
Muzzarella : la mozarelle
Ma ‘o ssaje o nun ‘o ssaje chi so’ chisti ccà ?: Mais tu le sais ou pas qui sont ces gens-là?
