La Bretagne n’est pas seulement valorisée par son tourisme, appréciée pour ses superbes paysages, son patrimoine exceptionnel, son climat et ses excellentes productions. L’Histoire de la région retient aussi des inventions bretonnes impressionnantes, souvent méconnues. Après une première partie consacrée au XIXe siècle, découvrons celles du XXe siècle.
1 — Fulgence Bienvenüe et la ligne 1 du métro parisien (1900)
Fulgence Bienvenüe est né le 27 janvier 1852 à Uzel, dans les Côtes-d’Armor. Treizième enfant d’une famille de notables, il est fils de notaire. Brillant élève, il obtient son baccalauréat en philosophie à seulement quinze ans. En 1870, il intègre l’École polytechnique à dix-huit ans et devient ingénieur des Ponts et Chaussées en 1872. Il gère d’abord l’exploitation de 197 km de routes nationales, puis supervise la construction de lignes de chemin de fer dans la région d’Alençon et le tracé reliant Fougères (35) à Vire (14).

En 1884, il poursuit sa carrière à Paris, où il imagine en 1896 les plans du futur métropolitain souterrain, conçu pour l’Exposition universelle de 1900. Les travaux débutent en octobre 1898 et durent deux ans. La ligne 1, longue de 14 kilomètres, relie la Porte de Vincennes à la Porte Maillot, traversant Paris d’est en ouest. Les premières rames, en bois, comportent des voitures de première classe (30 places assises) et de deuxième classe (32 assises et 10 debout). Ce projet restera l’œuvre majeure de sa vie.
En 1932, Fulgence Bienvenüe prend sa retraite à 80 ans, après avoir supervisé la construction d’un réseau de douze lignes totalisant 115 km. Il meurt le 3 août 1936 à l’âge de 84 ans.
Aujourd’hui, le métro de Paris s’étend sur 226 kilomètres de lignes et 309 stations. Il transporte plus d’un milliard et demi de voyageurs chaque année.
2 — Charles de Fréminville, pionnier du taylorisme en France (à partir de 1915)
Né à Lorient le 16 août 1856, Charles de La Poix de Fréminville est fils d’Antoine, ingénieur en génie maritime. Diplômé de l’École centrale des arts et manufactures de Paris, il entre en 1878 à la Compagnie des chemins de fer de Paris-Orléans. Il introduit la pratique des essais de résistance des métaux et s’intéresse à l’organisation du travail.


À partir de 1915, il voyage aux États-Unis où il découvre les principes du taylorisme, mis au point par Frederick Winslow Taylor. Cette organisation scientifique du travail repose sur une division stricte des tâches et une rationalisation des cadences. De retour en France, Charles de Fréminville devient son principal promoteur et contribue à sa diffusion dans l’industrie. En 1934, il est élu président de la Société des ingénieurs civils de France. Il s’éteint en 1936 à Paris.
3 — Berthe Étui et le pull marin breton (1922)
Née en 1888 à Boulogne-sur-Mer, Berthe Étui fonde en 1922, avec son mari René Marchand et leur associé Gaston Bodin, un atelier de tricot rue du 62e Régiment d’Infanterie à Lorient. Elle conçoit des vêtements chauds et résistants pour les marins bretons, parmi lesquels le fameux pull marin, adapté à la rudesse de la pêche en Atlantique nord.


Veuve en 1927, elle épouse son associé Gaston Bodin en 1937. L’entreprise prospère jusqu’aux années 1950 avant de décliner. En 1963, Berthe Étui cède son activité à Juliette Corlay. Elle meurt en 1984 à l’âge de 96 ans. Son invention, le pull marin, est devenue un classique de la mode française, symbole d’élégance et de robustesse.
4 — Guy Cotten et le ciré jaune « Rosbras » (1966)
Né à Saint-Yvi en 1936, Guy Cotten fonde à Concarneau en 1964 un atelier de vêtements pour la mer. En 1966, il crée la veste « Rosbras », imperméable, légère et résistante, qui deviendra l’emblème de sa marque. Son célèbre logo du « petit bonhomme jaune » apparaît en 1974 avec le slogan L’abri du marin. La société Guy Cotten s’impose comme leader mondial de l’habillement marin. En 2003, sa fille Nadine Bertholom reprend la direction. Guy Cotten s’éteint en 2013 à Quimper.

La société est devenue un leader pour l’équipement des marins-pêcheurs et des plaisanciers, et s’est imposée dans le vestiaire du grand public. La marque Guy Cotten est présente dans environ 5 000 points de vente, dont 2 000 hors de France.
5 — Bernard Marti et le Minitel (1979)
Bernard Marti, né en 1943, est diplômé de l’École polytechnique et de l’École nationale supérieure des télécommunications. En 1972, il rejoint le CCETT de Rennes (Centre commun d’études de télévision et télécommunications). Dès 1979, il coordonne le projet du Minitel, destiné à moderniser l’annuaire téléphonique. Les premiers foyers d’Ille-et-Vilaine en sont équipés en 1980, avant un déploiement national.


Le Minitel propose bientôt de multiples services : annonces, informations, billetterie SNCF, commerce, jeux, messageries, et le fameux « Minitel Rose ». Dans les années 2000, un Français sur deux l’utilise encore. Discret et anonyme, le Minitel s’éteint le 30 juin 2012. Aujourd’hui âgé de 82 ans, Bernard Marti demeure l’une des figures majeures de l’innovation bretonne du XXe siècle.
