Guillaume Herbaut aux Champs Libres, vingt ans d’Ukraine dans l’œil d’un photographe de la durée

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Le 21 novembre, les Champs Libres à Rennes accueillaient l’un des grands noms du photojournalisme français, Guillaume Herbaut, pour une rencontre intitulée « Photographier l’Ukraine avec Guillaume Herbaut », dans le cadre des Dialogues européens.

Photographe et journaliste pour Paris Match, Le Figaro Magazine ou Le Monde, membre de l’Agence VU’, Guillaume Herbaut a fait ce que peu de reporters peuvent revendiquer aujourd’hui : revenir, année après année, dans le même pays. Il commence en 2001, à Tchernobyl, en photographiant la zone interdite autour de l’ancienne centrale. De là naît un attachement. Il tombe amoureux de l’Ukraine et décide d’y retourner tous les ans. Il est présent lors de la Révolution orange de 2004, il est là sur Maïdan en 2013, il couvre le conflit du Donbass à partir de 2014, puis il documente l’invasion à grande échelle de février 2022. Autrement dit : quand l’Europe découvre la violence de la guerre en Ukraine, lui en possède déjà la mémoire visuelle.

Cette fidélité au terrain, cette manière de tisser le temps long avec l’actualité brûlante, c’est précisément ce que la rencontre rennaise veut montrer « images à l’appui ». Comment raconte-t-on un pays en guerre sans s’enfermer dans le spectaculaire ? Comment photographie-t-on le quotidien quand l’Histoire est en train de se faire ? Comment, enfin, reste-t-on photographe d’information tout en construisant une œuvre d’auteur ?

guillaume herbaut photogrpahe

Brest, Rennes : un même fil ukrainien

La venue de Guillaume Herbaut à Rennes fait écho à son exposition présentée jusqu’au 22 novembre 2025 à la Maison de la Photographie de Brest, tirée de son livre Ukraine, terre désirée. À Brest, on voit le résultat : près de cinquante images qui retracent ses reportages entre 2001 et 2025, du Tchernobyl post-soviétique aux combats contemporains, en passant par les soulèvements populaires. À Rennes, on entendra la méthode : pourquoi il retourne sur les mêmes lieux, ce que change une révolution vue de l’intérieur, comment on photographie les gens sans les violenter, comment on garde la juste distance.

Les Champs Libres inscrivent cette rencontre dans les Dialogues européens 2025 qui interrogent l’Europe par ses frontières, ses conflits, ses récits. Inviter un photographe qui a fait de l’Ukraine un territoire de mémoire, c’est rappeler qu’avant les cartes et les communiqués, il y a des visages, des places, des blessures visibles.

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Un photojournalisme de la profondeur

Ce que propose Guillaume Herbaut, c’est de concilier deux temporalités que l’on croit souvent incompatibles : celle du reportage d’actualité – être là quand ça se passe – et celle du récit historique – comprendre pourquoi ça se passe. En montrant son travail, il pourra revenir sur ce point central, un photographe d’aujourd’hui ne peut pas seulement témoigner, il doit aussi organiser la mémoire de ce qu’il voit. C’est tout le sens du titre donné à plusieurs de ses projets, « Pour mémoire » : faire en sorte que l’image reste quand le reste s’estompe.

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Infos pratiques

  • Titre : Photographier l’Ukraine avec Guillaume Herbaut
  • Quand : vendredi 21 novembre 2025, 17h30 – durée 1h
  • : Les Champs Libres, bibliothèque – 5e étage, 10 cours des Alliés, 35000 Rennes
  • Entrée : libre et gratuite dans la limite des places disponibles
  • Public : tout public
  • Contexte : Dialogues européens 2025
  • Site du photographe : http://www.guillaume-herbaut.com/en/
Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il étudie les interactions entre conceptions spirituelles univoques du monde et pratiques idéologiques totalitaires. Conscient d’une crise dangereuse de la démocratie, il a créé en 2011 le magazine Unidivers, dont il dirige la rédaction, au profit de la nécessaire refondation d’un en-commun démocratique inclusif, solidaire et heureux.