Jazz à la Cour invite Steve Haines (contrebassiste)

Depuis quelques mois, Ulysse Mars (non non, ce n’est pas un pseudonyme !…), élève au conservatoire de Saint-Brieuc, organise à la Cour des Miracles un bœuf de jazz tous les lundis à partir de 21 h. Ces soirées Jazz à la Cour rencontrent un vif succès.

Steve Haines, compositeur, arrangeur et professeur de musique à l’Université de Caroline du Nord était l’invité d’honneur ce lundi 23 juin. Le musicien en tournée mondiale a accepté avec gentillesse de venir jouer dans ce petit café animé qu’est La Cour des Miracles.

Autour du contrebassiste, une quinzaine de musiciens se sont succédé pour offrir au public venu en masse un concert suivi d’un bœuf remarquable. Bassistes, guitaristes, trompettistes, saxophonistes et batteurs se sont relayés toute la soirée pour reprendre des standards du jazz comme All of me, Stella by starlight, now’s the time, How hight the moon, Fly me to the moon, On the sunny side of the street…

Les jeunes artistes, parfois impressionnés, ont eux aussi réussi a brillé aux côtés de Steve Haines. Les musiciens, à la technique impressionnante, n’ont pas manqué de surprendre le public en offrant des solos audacieux.

Rennes peut se réjouir de telles initiatives qui favorisent des échanges culturels internationaux dans des structures de petite envergure. Le lieu informel permet un contact facilité entre le public et les artistes. Steve Haines, très décontracté et sympathique, s’est prêté volontiers, autour d’un rhum vénézuélien, au jeu des questions. Il compte emporter cette simplicité de vivre française – « cette sincérité » dit-il – outre-Atlantique.

Entretien avec Steve Haines

Comment êtes-vous venu à la musique ?

Je n’avais pas le choix, c’est plutôt la musique qui m’a choisi. J’ai écouté Duke Ellington et je n’ai pas dormi de la nuit, j’ai dansé dans mon lit, mon imagination était en effusion ! J’ai suivi également des cours avec ses musiciens (batteur, pianiste, contrebassiste). J’ai cherché à retrouver cette pulsation, ce tempo magique que l’on sent chez Duke Ellington.

Quelles sont vos influences musicales ?

Pour le jazz, Miles Davis, Oscar Peterson, Ray Brown. Autrement, j’aime bien le rock et le funk, je pense à James Brown notamment. J’ai également une formation de piano classique, j’ai beaucoup écouté Billy Strayhorm (qui a collaboré avec Duke Ellington).

La musique, c’est un parcours. Quel a été le vôtre ?

J’ai beaucoup voyagé et rencontré des musiciens très différents. Ce sont des expériences riches et qui ont nourri ma musique. Par exemple, j’ai joué avec le saxophoniste Brandford Marsalis en 2010 et le batteur de Miles Davis, Jimmy Cobb en 2009. Ce sont des moments marquants de mon parcours.

Est-ce que vous arrivez à combiner votre carrière personnelle et votre travail universitaire ?

Dans un premier temps, je consacre mon temps à mes compositions, à ma pratique musicale, mais enseigner n’est pas vraiment un travail étant donné que je suis passionné par ce que je fais. Cette passion m’habite, me fait vivre et j’aime la transmettre. En fait, la musique prend beaucoup de temps dans ma vie, il faut que je trouve du temps pour ma femme, pour cuisiner et jouer au hockey !

Quels sont vos sentiments et vos impressions après ce bœuf à Rennes ?

J’ai apprécié particulièrement de jouer You don’t know what love is. C’est un morceau que j’apprécie, car pour moi la musique est l’expression de l’amour et des sentiments qui vont avec – comme le blues. J’aime jouer avec des jeunes gens, des adolescents. Je veux leur montrer, leur faire sentir que la musique ne passe pas forcement par le cerveau et la virtuosité, mais par un sentiment, un même rythme, par une âme commune et surtout par le cœur.

Quels sont vos projets ?

Je suis en train d’écrire un quatuor à corde. Je collabore avec la chanteuse Becca Stevens qui, me semble-t-il, est populaire en France. J’écris également pour un orchestre avec un ami et collègue Chae Eby.

Propos recueillis par Mélissa Leclerc

La Cour des Miracles, 18 Rue de Penhoët, 35000 Rennes, 02 99 79 55 87

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