À l’aube de ses 99 ans, Jean‑Gérard Carré s’est éteint le vendredi 18 juillet 2025 à l’âge de 98 ans. Il laisse derrière lui une œuvre monumentale dans l’architecture rennaise, particulièrement dans le domaine du logement social.
Un bâtisseur des Trente Glorieuses
Originaire de Rennes, il avait étudié à l’École d’architecture de la ville. Très vite, il marqua de son empreinte le visage urbain de la capitale bretonne. En 1959, il est sollicité par l’ancêtre d’Archipel Habitat pour concevoir 1 500 logements sociaux au Gros-Chêne, à Maurepas, en collaboration avec le cabinet Legrand-Rabinel.
Pour répondre à une demande pressante, il expérimente l’architecture en hauteur, utilisant la préfabrication lourde et un système poteaux-poutres. Il innove aussi en intégrant des locaux collectifs résidentiels en pied d’immeuble, apportant de nouveaux services de proximité aux habitants.
Ces bâtiments, solides et bien conçus, font aujourd’hui l’objet de réhabilitations ambitieuses plutôt que de démolitions.
Des projets structurants à l’échelle de la ville
Jean‑Gérard Carré participe à la réalisation des ZUP de Villejean et du Blosne, en cherchant à introduire davantage de diversité typologique et de qualité de vie dans ces grands ensembles.
Il collabore également à des projets dans le centre-ville de Rennes, comme le quartier du Colombier, sous la direction de l’urbaniste Louis Arretche, alors urbaniste conseil de la Ville.
En tant qu’architecte régional des Postes et Télécommunications, il conçoit dans les années 1980 le siège du Centre commun d’études de télévision et de télécommunications des Buttes de Coësmes, un bâtiment emblématique du tournant technologique breton à l’époque du Minitel et de la démocratisation du téléphone.
Jean‑Gérard Carré fut bien plus qu’un bâtisseur. Il fut un homme de son temps, engagé dans les mutations sociales, techniques et humaines de la ville. Loin d’une architecture purement fonctionnelle, son travail a porté une vision de la dignité urbaine pour toutes et tous. Son héritage reste vivant dans les quartiers qu’il a dessinés, dans les documents qu’il a transmis, et dans la mémoire urbaine qu’il a contribué à façonner.
Un patrimoine transmis à la postérité
À sa retraite en 1991, il fait le choix de confier l’ensemble de ses archives professionnelles aux Archives municipales de Rennes. Ce fonds est aujourd’hui précieux pour comprendre l’évolution de l’urbanisme rennais durant les décennies d’après-guerre. Son œuvre a été saluée en 2019, lors du centenaire d’Archipel Habitat, comme une contribution essentielle à l’habitat social et à la fabrique de la ville.
Hommages
Dans un communiqué, Nathalie Appéré, maire de Rennes, a salué « une figure de l’architecture rennaise et du logement social », soulignant que « c’est toute une tranche de vie de notre ville, sa mixité sociale et fonctionnelle, qu’incarne l’architecture de Jean-Gérard Carré ».
Ses obsèques seront célébrées le mercredi 23 juillet 2025 à 14h30 en l’église Saint-Étienne de Rennes.
En chiffres
- 8 000 logements conçus, dont 7 000 logements sociaux
- 1 500 logements au Gros-Chêne (Maurepas)
- Participation à 2 grandes ZUP : Villejean et Le Blosne
- Architecte du centre de télécommunications des Buttes de Coësmes
