Jean-Yves Cendrey > Mélancolie vandale

Dans Berlin réunifiée, Kornelia Stumpf, cinquante-trois ans, fille d’un fervent communiste ex-employé de la Stasi, traverse dans les deux sens un Mur qui n’existe plus en proie à des nostalgies bancales et à des désirs désordonnés, entre sexe de la dernière chance et douteuses extases matérielles. Hommage grinçant et désabusé à une ville emblématique, un roman baroque et tragique en forme d’élégie qui, laminant les mythologies de la défunte RDA comme les illusions de l’Allemagne nouvelle, dresse l’impitoyable cartographie d’un monde gangrené par une mémoire désormais assujettie à une marchandisation décomplexée et vorace.

Une petite promenade dans Berlin pour cette histoire au fond assez morbide. On grince des dents devant cette farce corrosive et grinçante. Le tout se raconte par le truchement d’une écriture percutante et vive. Et aussi esthétique, car le spectateur se prendra à croire se balader à l’intérieur d’un joli tableau.

L’histoire est éprouvante bien qu’assez conventionnelle. Un personnage à la limite de l’agonie et de la désespérance. La ballade se fait aussi de façon géographique tant le lecteur est  plongé au coeur d’une ville. A tous ceux qui désirent un endroit où se trouve transposée à l’écrit la réalité d’une escapade berlinoise. Et ce rendu n’est pas à la portée de n’importe qui.

Un joli rêve qui s’offre au spectateur. Ponctué de belles envolées lyriques.

Une sous-couche de comique s’installe quasi sournoisement de temps en temps.

Un roman déroutant non dénué d’intérêt. Mais qui ne parlera qu’à certains.

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Jean-Yves Cendrey, Actes sud,   31/12/2011, 224, 18,80€

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