Jonathan Roze ouvre une galerie d’art contemporain à Rennes

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Galerie Jonathan Roze
© Galerie Jonathan Roze

Depuis mi-avril 2025, Rennes abrite en son cœur une nouvelle galerie d’art contemporain. Dans ce lieu d’art, Jonathan Roze prolonge la ligne développée pendant plus de dix ans avec son associé à la galerie Le Feuvre et Roze : des expositions de peinture spécialisée dans le street-art, mais pas seulement.

Montpelliérain de naissance, avec une conjointe rennaise, Jonathan Roze a passé plus d’une dizaine d’années à évoluer dans le milieu de l’art contemporain à Paris. Il a récemment quitté la capitale française pour s’installer dans celle bretonne et offre une nouvelle proposition culturelle à la population rennaise avec sa galerie, ouverte mi-avril 2025. 

jonathan roze
Jonathan Roze

Le galeriste a découvert la peinture par le biais du graffiti qu’il a pratiqué quand il était au collège et lycée. S’il n’a ni continué à pratiquer ni fait des études dans l’art , il a conservé une appétence naturelle pour ce dernier. Quand il est monté à Paris pour effectuer son master de sociologie à la Sorbonne, son mémoire reflète cet intérêt en s’intéressant aux artistes issus du graffiti et à la manière dont ils s’intégraient ou pas au monde des galeries. C’est de cette manière qu’il découvre les galeries. « Je trouvais la théorie du monde de l’art intéressante, dans la manière dont certains le considèrent comme un univers qui met en branle plusieurs acteurs pour que l’œuvre soit créée ou exposée. », introduit Jonathan Roze. Il aurait pu s’arrêter, mais de fil en aiguille, opportunités et rencontres l’ont guidé pour la suite de sa vie professionnelle. Pendant plus de 10 ans, il a travaillé dans la galerie parisienne Le Feuvre et Roze, spécialisée dans les artistes issus du street-art avant de s’ouvrir à des pratiques plus classiques. La galerie a fermé fin 2024, mais le galeriste prolonge sa ligne directrice dans son nouveau lieu rennais. 

Ouvert depuis mai 2025, la galerie Jonathan Roze présente des artistes peintres rencontrés à Paris, avec lesquels il a créé un lien amical et artistique, « ceux dont le travail peut susciter l’intérêt autant des collectionneurs aguerris que des curieux et néophytes », précise-t-il. « L’idée est de proposer des œuvres exigeantes, mais aussi accessibles. » En parallèle de ces artistes établis, Jonathan Roze souhaite inviter de jeunes artistes du cru dans le but de mélanger les populations tant artistiques que de collectionneurs. Rosalie Maillard, exposée pendant l’exposition collective inaugurale, fait partie de ces rencontres locales. L’exposition inaugurale, terminée le 17 mai, a permis au galeriste de prendre le pouls de la ville avec une proposition collective qui rassemblait cinq artistes, aussi pour ne pas effrayer ce nouveau public qu’il apprend à connaître. « Multiplier les artistes m’a permis d’aller à l’encontre des accrochages contemporains traditionnels, très épurés. Je voulais proposer quelque chose de plus fourni pour les personnes qui se déplacent. » 

La deuxième exposition, elle, ne présente qu’un artiste : Matthieu Pommier. Né en 1986, le peintre est aussi connu sous le blase Velvet et est reconnu dans le milieu du graffiti et de l’art urbain. C’est en 2015 qu’il se fait un nom dans l’art contemporain, quand l’artiste Takashi Murakami l’invite à exposer à Tokyo. Si, à cette période, Matthieu Pommier dessinait avec des lignes nettes et précises, héritage de son passé en tant que designer industriel, il s’est depuis mis à l’huile et a développé une touche moins réaliste, presque impressionniste. « Son travail est dans l’ouverture des lignes et le lâcher prise dans la représentation des choses pour laisser les formes respirer une peinture et une ligne moins lisse, avec plus de matière, mais toujours aussi maîtrisée », explique Jonathan Roze. « Il y a toujours dans son travail une réflexion, de près ou de loin, sur la société actuelle, mais il intègre des anachronismes. »

Cette exposition reprend des codes plus traditionnels dans l’accrochage, mais un élément vient le perturber et susciter l’intérêt dans le but de désacraliser l’espace de la galerie. Une fresque éphémère habite en ce moment tout un mur, en écho avec l’art urbain. Sans tomber dans l’hyperréalisme, les lignes nettes traduisent son intérêt pour l’esthétisme. « Il a travaillé pour Décathlon entre autres, il devait trouver un équilibre entre l’esthétisme et les contraintes techniques et fonctionnelles. » Comme tous les artistes, Velvet fonctionne en période. Dans ses tableaux, il traite désormais la ligne comme une succession de couches qui fragmentent la ligne, ainsi moins représentée. « Petit à petit, il a remplacé le dessin de la ligne par de petites touches en poinçons. » 

Galerie Jonathan Roze
Exposition de Matthieu Pommier © Galerie Jonathan Roze

Jonathan Roze envisage une exposition toutes les trois semaines afin de rythmer la programmation. « Rennes possède beaucoup de centres d’art, mais peu de galeries. Je suis convaincu qu’il y a un public à Rennes qui peut apprécier l’art », exprime-t-il. « Il faut réussir à les intéresser, et le fait de changer régulièrement les expositions montrera que c’est un lieu dynamique qui vit. » La prochaine exposition accueillera Ella et Pitr qui, en plus d’exposer quelques tableaux, viendront peindre une anamorphose, en utilisant une partie du sol, du plafond, des murs. En juillet-août, ce sera au tour de François Malingrëy, peintre à la touche classique et traditionnelle. « C’est un très bon peintre dont l’univers sombre fait appel à beaucoup de références d’histoire de l’art. » 

À terme, il imagine la galerie comme un camp de base, mais envisage de faire des expositions plus conséquentes hors les murs, dans des locaux vides ou des salles d’exposition à disposition.

Infos pratiques :

GALERIE JONATHAN ROZE
1, rue Leperdit, 35000 Rennes

La galerie est ouverte du mardi au samedi, de 10h30 à 13h30 et de 14h à 18h30

 Tel : +33 (0) 2 23 61 78 64