Notre partenaire, le Festival de théâtre étudiant Entrez dans l’Arène se déroule du 11 au 23 mars 2013 (voir la programmation). Présentation jour après jour, pièce après pièce, émotion après émotion…
Lâche la fourchette. Théâtre Forum dirigé par Silvia Lumaca. Vendredi 15 mars 18h
Une expérience théâtrale intéressante. Connaissez-vous le théâtre de l’opprimé d’Augusto Boal, aussi appelé Théâtre Forum ? Il s’agit d’une forme interactive où chaque spectateur peut intervenir, comme comédien ou metteur en scène, afin d’améliorer les relations entre les personnages et d’amener le personnage opprimé à sortir du joug du personnage oppresseur. Présenter ainsi, en connaissant la passivité du public français, l’entreprise semble ardue. C’est pourtant ce qu’on choisit d’accomplir un des projets de l’Arène-Théâtre. La trame proposée par la troupe est assez simple : un médecin garde sa femme sous son contrôle par des calmants, sous prétexte qu’elle est folle. Il invite un soir sa sœur et deux de ses cousins à manger. La femme fait une crise devant la famille, car elle ne supporte plus les ordres de son mari.
La scène dure dix minutes. Au bout de ces dix minutes, un meneur de jeu s’avance devant le public et explique que la scène va être rejouée. Le but est d’en transformer le dénouement en changeant le comportement des personnages. Les premières interventions sont timides. On entend des « vas-y, parle », « mais si, c’est une bonne idée » murmurés dans le public. Il est difficile de prendre la parole, notre passé de spectateurs silencieux bien tranquillement assis dans le noir nous freine un peu. Pourtant, l’intérêt même de Lâche la fourchette se trouve là. Finalement, la première indication donnée par une spectatrice à la femme du médecin lance le véritable début du spectacle.
Bien que la scène soit parfois un peu bancale et que le jeu des comédiens manque de précision pour une proposition d’improvisation de cette ampleur, je me suis sentie happée par le spectacle. Le défi est de taille et demande une grande concentration intellectuelle au public actif. Il faut prévoir ce qui va arriver, arrêter les comédiens au bon moment, trouver le détail qui renverserait la situation, essayer de comprendre le caractère de chaque personnage pour l’utiliser à bon escient… Quand l’expérience se termine, elle provoque encore des discussions entre les spectateurs et le spectacle nous accompagne encore hors de la salle Jarry…
Le projet est plutôt intimiste et je ne sais pas ce que cela donnera dans la grande salle de l’ADEC, où il sera joué le mardi 16 avril à 18h, mais je conseille à tous d’aller au moins découvrir le concept !
Article : Délia Georges / Photos : Morgan Braud