Du 29 au 31 mai, les Champs libres consacrent au thème des empires une série de conférences animées par d’éminents orateurs. Objectif : aiguiser notre regard sur le phénomène des empires – comment ils naissent, grandissent et parfois disparaissent tout aussi vite. Les Champs libres, le Musée de Bretagne et le département histoire de l’université Rennes 2 se sont associés pour « éclairer » ce thème et mettre en évidence son actualité un monde post-moderne tout à la fois globalisé et divisé.
Il y a irrémédiablement attaché à la notion d’empire une idée de dimension superlative, de gigantisme, d’obligatoire soumission. C’est une évidence, l’empire nous écrase, supprime le sentiment d’individualité et d’identité pour nous faire entrer dans une dynamique collective et une nécessaire expansion. C’est d’ailleurs par ce gigantisme que l’empire engendre sa propre fragilité et telle une étoile est capable de s’affaisser sous sa propre masse. Qui dit empire dit également empereur et l’exceptionnelle personnalité de certain de ces monarques a souvent bâti l’empire et sa légende tout en contribuant à expliquer la fragilité de ces édifices. Exit César, quid de l’Empire romain ? On peut en arriver à la même conclusion avec Gengis Khan, Alexandre le Grand ou, encore, Napoléon Bonaparte dont les conquêtes bâtirent sans vraiment unir. C’est d’ailleurs peut-être là que s’ancre la racine du problème.
Cette question prend soudain une dimension actuelle si on la transpose dans notre époque et que la notion d’empire soit rapprochée de la construction européenne.
Nous entamerons les hostilités le vendredi 29 dés 14h dans la salle Hubert Curien avec la conférence « Les empires » animée par Florian Mazel, maître de conférence en histoire du Moyen-Age à l’université de Rennes. Il invitera à réfléchir sur les traits communs aux différents empires et sur les conséquences induites.
Quelques heures plus tard (à 16h), c’est au chevet des empires coloniaux français et anglais que nous irons nous pencher, cette fois avec Vincent Joly qui enseigne l’histoire contemporaine à l’université de Rennes 2. Il insistera particulièrement sur les incidences de la décolonisation.Vincent Joly est un spécialiste réputé du fait colonial des XIXe et XXe siècles, plus spécifiquement de l’espace africain.
Ne relâchant pas notre effort c’est à 18h, au café des Champs libres, que nous rejoindrons Philippe Hamon et Marc Bergère, maîtres de conférences respectivement en histoire moderne et contemporaine à Rennes 2. Il s’agira de revivre la naissance du Canada et du Québec au travers d’une conférence intitulée « l’empire vaut-il une guerre ». Une question de pari…
Le samedi 30 mai, c’est à 10h, à nouveau dans la salle Hubert Curien, que le public se retrouvera afin d’établir traits communs et divergences entre empires romains et chinois, contemporains – similaires et pourtant bien différents. Notre guide sera à cette occasion Christophe Badel, spécialiste d’histoire romaine.
C’est au musée de Bretagne (niveau 1), le même jour à 12h, que nous recevra Nathalie Coulmer, maître de conférences à l’université de Bretagne occidentale, spécialiste de l’histoire du haut Moyen-Age. Elle commentera les rapports complexes entre la dynastie carolingienne et la Bretagne. Nominoé, missi dominici de Louis le pieux, bâtit une histoire indépendante de la Bretagne et également une légende héroïque.
Revenant à 14h aux champs libres, toujours dans la salle Hubert Curien, c’est aux empires russes et américains que nous nous consacrerons sous la houlette de Hélène Harter et Michel Tissier.
La première enseigne l’histoire contemporaine à Rennes 2 et secrétaire générale de l’institut des Amériques. Le second est chercheur résident au collegium de Lyon ; il consacre son travail à la Russie du XIXe siècle.
Le dimanche 30 mai, dernier jour de ce cycle de conférences, c’est à 16h30 en compagnie de David Engels que nous nous livrerons à une analyse de son ouvrage « Crise de l’Union européenne et chute de l’Empire romain, des similitudes ? » Il y a une certaine ironie dans l’approche de ce professeur à l’université de Bruxelles, titulaire de la chaire d’histoire romaine, gageons que les échanges seront animés et passionnants. À ne pas manquer…
Enfin à 16h, nous crierons tous « Vive l’empereur ! » lors de la projection d’un film de Bertrand Normand, réalisé en 2007 à l’occasion d’une reconstitution grandeur nature et sur les lieux mêmes de la bataille d’Eylau. Quel regard porte-t-on selon que l’on soit russe ou français sur cet épisode de l’histoire ? Autrement dit, comment les empires subsistent-ils dans la mémoire collective ?…
Rendez-vous est donc fixé pour cette dernière et passionnante semaine du mois de mai aux champs libres. À ne ratez sans faire… d’histoires !