Le spectacle Les jambes à son cou, monté par le chorégraphe Jean-Baptiste André, se déroulera les mercredi 19 et jeudi 20 octobre 2022 au Triangle, boulevard de Yougoslavie. A destination du jeune public, le trio de circassiens s’amuse à illustrer au pied de la lettre les expressions de la langue française : Avoir les yeux plus gros que le ventre, plonger la tête la première, avoir le cœur sur la main… Arriverez-vous à les reconnaître ?
La cité de la danse poursuit sa programmation annuelle en brandissant une nouvelle fois l’étendard de l’art du cirque. Durant 50 minutes, Jean-Baptiste André, accompagné des circassiens Quentin Flocher et Fanny Alvarez, compose une chorégraphie acrobatique qui revisite et incarne, de manière ludique et la plus littérale possible, les expressions de la langue française en rapport avec une partie du corps.
De ce spectacle se dégage une saveur particulière en ce qu’il coïncide avec les 20 ans de l’association W, la compagnie de cirque créée par Jean-Baptiste André. L’association voit le jour alors que ce dernier est encore en formation au centre national des arts du cirque de Châlon-en-Champagne (CNAC). La compagnie qu’il fonde s’inscrit dans l’héritage du CNAC, celui d’un « nouveau cirque » ou « cirque contemporain ». Loin de l’idée courante, où les numéros accompagnés d’animaux sont abrités par de grands chapiteaux, cet art évolue et casse la logique d’un cirque traditionnel. Les performances se déroulent sur scène, sont structurées par un fil conducteur et peuvent croiser différents arts.
Les jambes à son cou retrace dans cette lancée la recherche « un degré zéro des expressions », explique Jean-Baptiste André. Il s’intéresse à la « relation immédiate » qui existe entre les mots et le corps. Au cours du spectacle, le trio explore la matière première que constitue la langue française et réfléchit à la manière de traduire physiquement ces termes. Les phrases parlées se transforment en phrases dansées. Ainsi, les expressions fonctionnent comme des sortes de consignes que les circassiens s’appliquent à suivre le plus fidèlement possible. Le trio se les réapproprient et « [partent] d’un sens propre pour aller vers un sens figuré, voir jusqu’à l’abstraction ». Là repose, pour une grande partie, le travail théâtral des circassiens, aiguillés par le comédien et auteur Eddy Pallaro.
Ce rapport très littéral à la langue s’adapte naturellement à un jeune public, Les jambes à son cou s’insère d’ailleurs dans le cadre du festival Marmaille. Le comique engendré par les situations d’interprétation ajoute une dimension clownesque au spectacle auquel les enfants sont sensibles. Le format interactif qui s’instaure au cours de la représentation tient ce jeune public en éveil car il cherche à deviner les expressions incarnées. Ce public visé correspond à la démarche artistique des circassiens qui consiste à retrouver un regard presque enfantin sur les mots, à déconstruire le rationalisme dont le monde adulte se parre.
Qui mieux que des enfants pour défier toute logique ? Leur réponse est tranchante et le plus souvent inattendue. C’est pour cela que les ateliers organisés par la compagnie auprès d’établissements scolaires constituent également une source d’inspiration pour Jean-Baptiste André. Les enfants se prêtent au même exercice que les artistes et interprètent à leur manière des expressions. Le chorégraphe exprime que Les jambes à son cou n’a aucune prétention pédagogique mais certaines expressions peuvent être un moyen d’aborder des sujets parfois sensibles, comme avoir les mains baladeuses par exemple. Pour Jean-Baptiste André, cela constitue aussi un moyen de se rendre compte de « comment les enfants réfléchissent » et de dresser « leur paysage mental ».
Les couleurs vivent et la musique entraînante de Les jambes à son cou ne manquera pas de plaire à plus d’un. Un moment de divertissement, d’amusement et de découverte à toute la famille.
Le Triangle, Cité de la danse, Les jambes à son cou, Mercredi 19 octobre à 15h00 et le Jeudi 20 octobre à 19h00