Le silence du bourreau ne mérite pas autant de bruit

La maison d’édition Flammarion publie Le silence du bourreau de François Bizot. Dans son communiqué de presse, elle classe cet ouvrage dans le dossier éternel que Romain Gary appelait « L’affaire homme. » Le compliment est peut-être un peu élogieux…pour un récit qui revient sur l’expérience malheureuse de l’auteur dans un camp de prisonniers des Khmers rouges.

« Dans leur présomption démesurée, les hommes avaient essayé à maintes reprises d’atteindre les hauteurs à leur tour, mais le trop grand poids de leurs membres les ramenait sur la terre, » écrit François Bizot. « C’est pour cela qu’ils avaient doté leur ange d’ailes et que désespérant d’une âme avilie par les bassesses de leur propre pesanteur, ils évoquaient éternellement le mythe d’un paradis perdu, dont ils continuaient à tâtons de chercher le ciel. »

En lisant ce passage ciselé à la perfection par la plume de Bizot, rien ne prédisait une déception dans les pages suivantes. Malheureusement, François Bizot s’égare dans les méandres d’une écriture proustienne mal digérée. On décroche, on s’endort et on relit parfois pour comprendre la quintessence d’une telle phrase : « Placé dans cette situation, je n’aurais pas d’autre alternative que de me tourner vers mon interrogateur et d’écouter les suggestions qu’il me ferait en s’affairant sur moi, conformément aux attentes induites d’un questionnaire préparé en haut-lieu. »

On pourrait faire plus simple. Dommage, car l’histoire est passionnante, enivrante et renvoie à cette terrifiante question : comment reconnaître les crimes des bourreaux sans mettre en cause l’homme lui-même ? Malheureusement, le récit a desservi la grande histoire de l’humanité… Et le dévoilement intérieur par lequel une innocence est perdue pour toujours.

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L’histoire

En 1971, l’ethnologue François Bizot est arrêté au Cambodge par les Khmers rouges. Détenu pendant trois mois et condamné à mort, il est libéré grâce à l’intervention de son geôlier, un jeune révolutionnaire idéaliste nommé Douch. Dix-sept ans plus tard, il découvre que son libérateur est responsable de milliers de morts.

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