Lola, titre éponyme de ce recueil, titre d’une des sept nouvelles dont nous gratifie Gabriel Sandoval. Tout y passe ou presque… Tous les thèmes qui forment l’existentiel de nos brefs passages dans ce monde tout en beautés tout en souffrances : la vie, l’amour, la mort. Et l’on peut dire que l’écrivain-poète ne s’épargne pas, ne nous épargne pas.
Tour à tour dans ces textes différents par les histoires courtes, très courtes, ou plus développés, on rencontre des personnages hauts en couleur, en caractères qui sont souvent le reflet de nous-mêmes avec des vies en montagnes russes. S’ils courent tous après le désir, l’amour, la liberté, cette chère liberté toujours si fragile, ils demeurent la preuve que donner du sens à l’existence n’est pas une sinécure malgré parfois de petits plaisirs furtifs, de petits moment fort teintés de sourires, l’essentiel restant un combat quotidien, une vigilance de chaque instant, une nécessité à faire attention à toutes celles et ceux qui nous entourent, parce que la solidarité, la fraternité sont des mots et des engagements si importants si futiles qu’il nous faut sans cesse se battre pour les défendre, les entretenir.
Filant la lecture et la rencontre avec Lola, Angel, Alba, Magdalena, d’aucuns pourraient penser que celles-là, ceux-là sont parfois caricaturaux… Non, ils sont eux, mais ils sont nous avec nos secrets, nos vérités, nos espoirs, nos illusions et souvent, nos désillusions. Ils sont cabossés, ils ont traversé le pire pour jouir de quelques instants de joie parce que ces courts moments se méritent et chèrement. Même si la perfection ne touche personne, on retiendra que la simplicité, l’ultime luxe (dixit Oscar Wilde) n’est-elle pas ce qui honore au plus haut point les uns les autres. Et quand on parvient à la fin, on devrait – si l’on a compris quelque sens de l’existence – c’est qu’on ne sait rien, c’est qu’on a souvent essayé de faire non le mieux, mais au mieux.
Gabriel Sandoval n’est sans doute pas un sage, mais il tend à une certaine forme de sagesse à travers ses personnages que l’on semble connaître comme des amis ou des proches qu’on aurait côtoyés, que l’on côtoie souvent ou de temps en temps. Parce que Sandoval, baladin de ces temps modernes, de ces temps de numériques, de ces temps outranciers de la non-communication par trop de communication, remet du sens dans nos vies, dans nos amours, et même dans nos morts. Et ce sans procès, et ce sans jugement, seulement avec une compassion saine et authentique. Et rien que pour cela, il faut lire Lola, pour devenir un poil meilleur dès la fin de la lecture.
C’est humain, c’est tendre, c’est tellement juste !
Merci maestro !
Ce temps, ce temps, je n’arrive décidément pas à m’y faire. C’est toujours quand tu approches de l’éternité qu’il commence à te manquer, que tu voudrais l’arrêter, qu’il te saute à la gorge comme un animal fou, te dévore et te recrache dans le vide.
Lola – Gabriel Sandoval – Éditions La Serna – 124 pages. Parution : septembre 2019, 15,00 €.
Couverture : © Thomas Sandoval & Michel Paradinas – Photo auteur Gabriel SANDOVAL © Claudine Vigneron.
Gabriel Sandoval est né à Léon (Espagne), qu’il quitte à l’âge de 4 ans avec son frère Bernardo et ses parents en 1962 pour venir s’installer et vivre à Toulouse. Il obtient son doctorat à l’Université de Toulouse Le Mirail et exerce en qualité de professeur d’espagnol.
Il a déjà publié Le Flamenco, entre révolte et passion, éd. Milan, 1998 ; Flamenco attitudes, Editions Solar, 2003 ; Naturelles, Éditions Abeyla, 2005 ; Tu peux t’en aller, Éditions Caïrn, 2008 ; Tous les peintres espagnols ne s’appellent pas Picasso, Éditions La Serna, 2017 (Grand prix de la Région Occitanie 2018, Prix LSR Muret, 2019).