Mythos édition 2013 est clos. Ces cinq jours de paroles et de sens en apesanteur auront inaugurés en beauté le « printemps rennais ».
« Coup de bol » météo selon Mael Le Goff. Terminé donc, point final au mots qui s’élèvent et claquent dans les théâtres, les salles de spectacles et sous la voilure cramoisie du grand Magic Mirror. Mais, les paroles et les sons, nul doute qu’ils résonnent encore, avec les rires et les sensations, dans les cœurs et les âmes. A travers la présentation, et la création, de spectacles variés aux mots vivants, chamarrés et tournoyants, l’un des grand bienfait de Mythos c’est de crever, comme éclatent les bourgeons printaniers, les baudruches poétiques et politiques des mois écoulés. Le trop fameux story-telling ne tient plus devant l’authentique vivacité des mots, des corps et des vies en fusion, ces matières si précieuses que les sorciers communicants croyaient pouvoir piller. « Coup de bol météo » ?
Et si Mythos était plutôt une centrale à poésie blanche impulsée annuellement, une concentration de griots pratiquant le désenvoutement joyeux contre la sinistre poésie noire des possédés de la com, des accros à l’info sous perfusion continuelle, des addicts de la parole fausse ? Les vrais incantateurs font tomber la pluie… ils peuvent aussi écarter les nuages. Oui, les enchanteurs, les enchanteresses, les enconteurs n’ont pas dit leurs derniers mots. Et le public à soif d’entendre ceux qui font corps avec la parole, ceux qui disent le monde à un autre tempo. Il furent ici plus de 35000 à venir écouter et déambuler et participer autour des créations funambules des conteurs, des diseurs, des chanteurs, des ceux-là qui mesurent la vie avec un autre empan, avec l’acuité des mots et des notes acérées et sensuelles.
Mael Le Goff a eu raison, lors de la conférence de presse d’insister aussi sur les chiffres. Ils sont aussi des mots. Et si leur ronde parfois est infernale, ils savent aussi, en de telles circonstances et malgré les difficultés, se montrer sous un jour réjouissant.
Les mots parlent et expriment le besoin de ravissement, leur place est unique. 60% des spectateurs le furent pour le verbe, la parole. Car même si les noctambules ont su profiter en masse de soirées dans un cadre insolite, si les paroles et autres vers ont illuminé, à la manière d’une scène botanique éphémère, la réussite du festival, comme au commencement fût celui du mot dans son expression la plus simple et la plus belle.
Et ce, malgré la crise que nous connaissons tous et un budget en stagnation qui n’arrange pas la gestion par l’équipe dirigeante de L’Aire Libre à Saint-Jacques de La Lande (l’appel aux partenaires privés devrait d’ailleurs se développer). Le désir de rassembler, de partager, d’interpeller est bien là. Au-delà de ces considérations. Et c’est sans doute ce qui fait la caractère particulier de ce petit festival qui a su devenir grand sans perdre de vue ses forces motrices : l’accueil, l’accompagnement du public mais aussi des artistes (avec 237 artistes et techniciens soutenus par 250 bénévoles).
Une très, très belle édition. Un hirondelle ne fait pas le printemps… ? Mythos, à Rennes, l’a fait. Espérons qu’il dure jusqu’à l’année prochaine.
Antoine Mottier et Thierry Jolif