Le 8 novembre 2014, la romancière rennaise Nathalie Burel a reçu le prix Pierre Jakez-Helias. Il est venu récompenser son recueil de nouvelles Bigger than life qui est paru aux éditions les Perséides. Une invitation de plus faite aux lecteurs qui ne connaissent pas encore son œuvre de plonger dans un univers noir, ironique et contemporain.
À la fois enseignante, nouvelliste, romancière, mais aussi parolière, chroniqueuse et metteuse en scène, Nathalie Burel n’en conserve pas moins un style littéraire simple, épuré. Ça et là, des références se frottent, les arts se croisent, mais les nouvelles demeurent nouvelles. Malgré la polyvalence de leur auteur, elles ne se dispersent pas. Au contraire, Nathalie Burel tient à adapter le fond qu’elle entend partager à la forme codifiée et reconnaissable du genre. Passionnée par les nouvellistes anglais ou américains, comme Richard Yates ou encore Henry James, l’auteur ne conçoit pas que ce genre – minoré en France, du moins à notre époque – soit perçu comme l’avorton du roman qu’elle pratique néanmoins (Les Cibles disponibles aux Perséides).
Par des nouvelles, généralement courtes, l’auteur nous entraîne dans un univers banal que, loin de banaliser, elle noircit, rend étrange. Les individus – la plupart du temps des déclassés – y vivent des existences à la fois normales et perturbées dont le texte fait ressortir l’absurdité ou la beauté. Le plus souvent, dans toutes les nouvelles de Nathalie Burel – Bigger than life est son quatrième recueil – c’est l’ironie qui prime. Un sourire qui ne déshumanise pas, mais qui touche au plus juste, comme pour ses chroniques radio avec Gaël Desbois.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle le prix Jakez-Helias lui aura été remis : comme il est dit dans leur présentation, les lauréats devront s’inscrire dans la lignée de cet écrivain breton « qui, durant toute sa vie observa avec finesse tous ces scènes, reflets de vie que son époque lui offrait pour, avec talent, mais sans emphase, conter et raconter le genre humain ».
Bigger than life Nathalie Burel, Perséides, mars 2013, 128 pages, 15€
Extrait : « Dès le collège, il avait formé le projet de devenir fonctionnaire. Il rêvait d’un emploi consistant à séjourner dans un bureau, devant un ordinateur et une pile de papiers qu’on lui demanderait de saisir ou de trier. Qu’on lui donne une tâche en début de journée, sans qu’il ait à assumer de responsabilité majeure, qu’on n’attende de lui ni prise de décision ni initiative. Mais que d’une certaine manière on l’assure que ce travail lui appartiendrait toujours et le soustrairait définitivement à l’angoisse du chômage comme à celle d’être pris en faute […]. »
Quelques liens pour découvrir l’auteure :
- http://www.calibre35.fr/pages/Nathalie_Burel-8746981.html
- http://www.ecrivainsbretons.org/images/pdf/PRIX_PIERRE_JAKEZ_HELIAS-PRIX_DE_NOUVELLES_2014.pdf
- http://lesperseides.fr/bigger-than-life/
Bibliographie :
- Cette odeur qui flotte, Éditions Les Perséides. 2004.
- La vie ne sera plus pareille, Éditions Les Perséides. 2005.
- Je suis un phasme, Éditions Les Perséides. 2005.
- Les cibles disponibles, Éditions Les Perséides. 2006.
- Bigger than life, Éditions Les Perséides. 2013.
En collectif :
- Le Sport par les gestes, Calmann-Levy, 2007.
- La politique par le sport, Denoël, 2008.
- Femmes et sport, Hélium, 2009.
- Comme un monstre (livre-disque), éditions Goater, 2009.