Avec la réouverture des terrasses le 19 mai 2021, la vie a repris sur le Mail François Mitterrand à Rennes. Et cette renaissance a vu une vague d’ouverture d’établissements qui confirme le changement de visage de l’avenue rennaise. Unidivers part faire un tour du voisinage et vous présente les nouvelles adresses du Mail. Avec une vidéo en bonus.
Un café-théâtre, un atelier-café, un bar à cocktails, etc. : le Mail François Mitterrand est en passe de devenir le nouveau quartier bobo de Rennes. Sans oublier ce qu’un tel phénomène de gentrification engendre de tractations foncières, voire de violence symbolique auprès des habitants du quartier, on peut se réjouir de voir émerger de nouvelles propositions commerciales et culturelles, reflet de nos pratiques en perpétuelle évolution.
Oh My Bear, bar à manger
Situé au 14 Mail François Mitterrand, le Oh My Bear est le nouveau rejeton de la famille Oh My Biche. Celle-ci s’était fondée il y a quatre ans avec une “cuisine urbaine” sur le Mail, au numéro 18, avant de lancer, l’année suivante, un “coffee shop” rue du Puits Mauger, dans le quartier du Colombier. Ouvert brièvement en octobre 2020, avant le deuxième confinement de l’année, le Oh My Bear est quant à lui un “bar à manger”. On s’y perd quelque peu dans ces appellations hybrides qui tentent de calquer les nouveaux usages de consommation, mais on mange bien, et c’est l’essentiel !
Le Oh My Bear est un petit restaurant avec quelques tables à l’intérieur, une terrasse sur l’avenue et une autre à l’arrière, pour une ambiance plus apaisée et intimiste. De midi à 14 h, on y sert des formules déjeuner : entrées, plats, desserts, dans un esprit de cuisine de qualité à des prix accessibles (15,50 € ou 19 €). Le soir et le dimanche, place aux assiettes de tapas et aux grillades. Cette nouvelle adresse complète donc l’offre des deux premiers établissements Oh My Biche en proposant un entre-deux moderne entre la brasserie et le restaurant gastronomique.
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Le Vin vivant : vins, bières, spiritueux et fromages
Avancez sur le Mail jusqu’au 78 de l’avenue pour trouver Le Vin vivant. La route vous a donné soif ? Ça tombe bien ! La nouvelle cave à vins, bières, spiritueux et fromages lancée par Fabien Miniou et Alex Cozien a ouvert le 19 mai dernier, en même temps que les terrasses. Cavistes de métier, les deux amis avaient tous les deux été employés de la cave Saint-Germain des Lices à Rennes, devenue aujourd’hui le restaurant Le Carré. Après différentes expériences dans le domaine, qui ont conduit Alex à se spécialiser en bières à Londres, ou à travailler dans les vignobles en Nouvelle-Zélande, ils se décident à monter leur projet. « On voulait créer quelque chose à notre image », précise Fabien, « avec nos références et notre philosophie concernant les vins ».
Cette philosophie, c’est notamment un attachement au travail respectueux de la terre par le vigneron. La grande majorité des vins proposés au Vin vivant, 85 % selon Fabien, sont issus de l’agriculture biodynamique. Cette méthode cherche à intensifier la vie du sol pour créer davantage d’échanges entre la vigne et la terre. Parmi ceux-là figurent les vins naturels, à la fois biologiques et conçus en biodynamie, où l’on trouve le moins de soufre ajouté. Les 15 % restants sont des vins conventionnels : grandes maisons immanquables ou petits vins abordables, mais toujours de qualité. Fabien rappelle à ce titre l’importance de la sélection du caviste, de sa connaissance du produit et des modes de production. « Certains “conventionnels” ne sont pas labellisés en biodynamie, malgré un traitement respectueux du sol et de la vigne depuis au moins deux générations », précise-t-il. D’ailleurs, c’est uniquement sur leur travail personnel de sélection et de démarchage des vignerons que Fabien et Alex ont constitué leur inventaire de vins. « On a fait quatre fois le tour de France entre février et mai. Pas un seul de nos vins n’est entré en magasin par un commercial, on a tout remonté en camion ! », raconte Fabien.
Même chose pour les bières : elles ont toutes été dégustées et sélectionnées. Issues de petites brasseries locales, 70 % sont d’origine bretonne, complétées par des références anglaises, dont Alex est spécialiste, et d’autres bières françaises, comme la Popihn, de la région d’Auxerre. Face aux rayonnages débordants de bocks, Fabien s’enthousiasme du boum de la micro-brasserie qui a transformé le métier de caviste ces 20 dernières années. « J’étais parmi les premiers à en proposer dans une cave à Rennes, au Saint-Germain des Lices. On avait une vingtaine de références, exclusivement bretonnes. Mais à l’époque, une brasserie produisait une blonde, une brune, une ambrée et une blanche en été. Aujourd’hui, avec les nouveaux procédés de brassage, la même brasserie peut produire une quinzaine de bières différentes ».
Enfin, pour compléter cette offre généreuse de vins et de bières, le Vin vivant propose une sélection de spiritueux, whisky, gin et rhum du monde entier, mais aussi un rayon épicerie composé de produits locaux, comme les fromages de La Belle Fromagerie, située à Étrelles en Ille-et-Vilaine.
Ta grand-mère à vélo, café et atelier de réparation pour vélo
À deux pas de là, au 82 de l’avenue, Ta grand-mère à vélo, est un établissement hybride et novateur qui réunit café et atelier de réparation de vélo. Importé d’Angleterre, le concept commence à germer en France. À Rennes, un premier café-vélo a vu le jour récemment, le Citron, rue d’Antrain. Ta grand-mère à vélo a ouvert ses portes en juillet.
C’est lors d’un voyage à Londres il y a quelques années que Damien Goualou découvre le concept et décide de l’importer à Rennes. Ancien salarié de Keolis, il avait déjà participé à la mise en place des vélos en location longue durée ainsi qu’à celle de la première vélo-école rennaise, Roazhon Mobility. Fin 2019, il rencontre Tristan Bescond, réparateur et vendeur de vélos formé chez Cyclables à Rennes, qui cherche alors à monter une affaire de location et réparation. Les amateurs de deux roues finissent par s’associer pour créer ce lieu atypique. Pour Tristan, ce genre de modèles économiques représente l’avenir de sa profession. « Le vélo est en pleine explosion, chaque année on a de plus en plus de travail. Et le Covid en a rajouté une couche. Les ateliers de réparation des magasins classiques sont débordés de travail, bientôt ils n’accepteront plus de réparer les vélos qu’ils n’ont pas vendus ».
Ta grand-mère à vélo proposer un atelier professionnel de réparation où il est possible d’amener son vélo à l’improviste pour des réparations à la minute, le temps d’un café ou d’une collation. Pour les réparations plus importantes, il est préférable de prendre rendez-vous. Avec la volonté de créer une véritable maison du vélo, Tristan et Damien prévoient aussi une petite activité événementielle : des rencontres avec des cyclo-voyageurs, des professionnels du vélo, ou encore des diffusions de courses cyclistes.
Parallèlement, Ta grand-mère à vélo propose café, boissons sans alcool, bières, vins, ainsi que des planches apéritives composées de produits locaux. Au-delà d’un espace pour le vélo, c’est avant tout un nouveau lieu de convivialité qui ouvre ses portes de 9 h à 21 h.
Canal 99, restaurant et bar à cocktails
Traversez l’avenue et vous arriverez au Canal 99. C’est le dernier bâtiment de ce côté du Mail et c’est dans cet ancien restaurant japonais qu’ont décidé de s’installer Yves Lucas et Adrien Henrion pour leur nouvelle aventure, un restaurant et bar à cocktails. Ils sont tous deux amis d’enfance originaires de Saint-Malo. Le premier, ingénieur travaux de formation, a souhaité changer de métier à son retour en Bretagne. Le second a une douzaine d’années d’expérience dans le service et la restauration.
Ils décident de lancer leur affaire ensemble, et ont eu un coup de cœur pour ce bâtiment : « C’est la première visite qu’on a faite ! », indique Yves, ravi. Et en effet, avec plus de 40 places sur la seule terrasse du Mail à donner sur la Vilaine, exposée plein sud avec vue sur les péniches, l’emplacement est séduisant. En plus du bar au rez-de-chaussée et d’une salle au premier étage, un autre espace de 75 m² au 2e étage sera dédié à accueillir de l’événementiel privé et d’entreprises.
Ouvert le 19 mai dernier, Canal 99 peut désormais proposer une carte à manger midi et soir, composée autour d’une cuisine de marché : « une nourriture saine, avec de bons produits en circuit court, sans prétention mais bien exécutée, avec un brin de créativité », précise Yves. En plus du plat du jour, les quatre entrées, quatre plats et quatre desserts sont renouvelés tous les mois pour suivre les saisons, avec en permanence un burger et un plat végétarien. Côté bar, Canal 99 se démarque par ses cocktails : huit recettes haut de gamme qui changeront toutes les saisons, préparées devant les clients et servies avec un glaçon taillé sur mesure. L’autre particularité est l’offre de cocktails à la pression, qui varieront tous les mois. « Notre chef de bar est un autodidacte qui s’est passionné pour les cocktails. Il a un laboratoire au sous-sol où il travaille à ses recettes », explique Adrien.
Pensé par Yves et Adrien comme « un endroit où venir à la sortie du boulot ou le week-end se poser toute la soirée, bien manger, boire des choses de qualité, dans une bonne ambiance », Canal 99 accueillera aussi musiciens et DJs du jeudi au samedi.
Le Bacchus, café-théâtre
Dirigez-vous vers l’extrémité du Mail, dépassez le jardin de la Confluence et vous manquerez difficilement Le Bacchus, installé au cœur du projet de construction Ascension paysagère et dont la terrasse s’étale sur la nouvelle esplanade Julie-Rose Calvé. Le Bacchus n’est pas un nouveau venu dans le paysage rennais. Ouvert en 1995 rue de la Chalotais par Laurent et Marie Marcouyau, c’est le premier café-théâtre à Rennes, à une époque où les bars de la ville présentaient avant tout de la musique.
L’envie de s’agrandir et la nécessité de se mettre aux normes européennes d’accueil du public (après plusieurs années d’activités sous dérogation de Rennes Métropole) poussent le couple à chercher un nouveau lieu. C’est finalement la ville qui leur propose de profiter de ce projet d’aménagement urbain pour construire. Au bord de l’eau, non loin du théâtre La Paillette, l’emplacement paraît idéal. Après plusieurs années de démarches, de longs travaux et la fermeture du premier Bacchus en juin 2019, les tenanciers s’installent en décembre 2019 dans leur nouvel écrin : plus de 500 m² de surface, une salle de spectacles flambant neuve de 136 places assises et une immense terrasse.
En plus du service de bar, et de restauration de plats traditionnels, le Bacchus est donc avant tout un lieu de spectacles d’humour. Une pratique qu’on voit finalement assez peu à Rennes, si l’on excepte les grands noms de la scène française et leurs passages au Liberté. Créations originales ou sélections faites dans les festivals comme celui d’Avignon, chaque semaine, un nouveau spectacle est présenté, du mardi au dimanche.