Concert de l’OSB, Michael Barenboim enchante les âmes slaves

Quelle joie de retrouver le charme pourpre et suranné de l’Opéra de Rennes ! La rentrée de l’OSB, le 24 septembre, faisait l’événement : Michael Barenboim était officiellement présenté. Le violoniste sera en effet en résidence durant une année dans la capitale bretonne. Ce n’était pas la seule perspective agréable puisque ce concert signait aussi le retour d’un chef très apprécié à Rennes en la personne de Aurélien Azan Zielinski.

 

C’est effectivement l’âme slave qui allait être le fil conducteur de ce deuxième « essentiel » et le programme comprenant Bedrich Smetana, Alexandre Glazounov, Piotr Ilitch Tchaïkovski et Antonin Dvorak était bien choisi pour aider le public à saisir la particularité de cette musique… mais en quoi une musique est-elle slave ?

La première partie, avec l’ouverture de la Fiancée vendue de Smetana, lève un peu le voile sur le mystère de ce « caractère ». Il pourrait se définir par une sorte d’enthousiasme, des rythmes rappelant en permanence la danse et le recours à des airs puisés dans le folklore populaire, on pourrait presque parler d’une certaine rusticité. Ce caractère national est d’ailleurs commun aux quatre musiciens célébrés durant cette soirée. On retrouve dans les rythmes joyeux de la Fiancée vendue, des séquences qui évoquent totalement la Moldau ou d’autres épisodes de cette grande fresque musicale qu’est le poème symphonique Ma patrie.

L’OSB nous en délivrera une interprétation vigoureuse et pleine d’entrain sous la main énergique de son chef d’un soir. Mais cette excellente mise en bouche ne pourra satisfaire complètement les appétits tant il est clair que Michaël Barenboim est l’objet de la curiosité du public. Il imposera un silence, de ceux que l’on qualifie de religieux, aurelien azan zielinskien entamant par une mélodie simple et lente la sérénade mélancolique de Tchaïkovski OP.26. S’il fait preuve d’une assez belle maîtrise, on sent chez ce musicien une très grande tension, une exigence qui n’accepte pas l’approximation et ce bouillonnement intérieur se reflète sur son visage. Il a l’air de passer un examen, et la présence sans concession de son père dans une loge du premier balcon ressemble presque plus à un contrôle qu’à un encouragement. Cela se ressent dans son interprétation, ou parfois il a du mal à nous entraîner dans une vision poétique par excès de rigueur. Avec Alexandre Glazounov, l’alternance des séquences exaltées et d’autres, sombres, lui permettent de nous démontrer l’étendue de ses qualités. Il utilise son excellente technique pour jouer avec les nuances de la partition, jusqu’au moment où, pénétré par la musique, il fait tellement corps avec son instrument qu’il nous abandonne pour atteindre des sommets qui nous sont inaccessibles. L’OSB un moment tétanisé lui répond avec une ferveur égale et entraîne l’assistance dans un beau moment d’émotion. C’est ce Michaël Barenboim que nous souhaitons revoir à l’occasion des autres concerts au cours desquels il se produira à Rennes. Une technique maîtrisée, magnifiée par une grande sensibilité. Le concerto pour violon et orchestre OP 85 de Glazounov, après nous avoir fait assister à des scènes militaires ou participer à des danses paysannes montera en vélocité et en puissance pour servir d’écrin à un violon étincelant.

Chaleureusement applaudi, Michaël Barenboim, exécutera, en solo et en bis, la sonate n° 3 en do majeur de Jean-Sébastien Bach. Examen d’entrée globalement réussi pour notre jeune violoniste et pourtant un petit bémol, quoiqu’il joue un violon Stradivarius, michael barenboimla sonorité de son instrument nous a paru manquer un peu du feu que l’on attend d’un tel nom, et vous pouvez aisément le croire, mais il est presque douloureux d’écrire cela.

Pas facile après cela pour l’OSB de reprendre la main, pourtant Antonin Dvorak, compositeur d’oeuvres aussi connues que l’iconique Symphonie du Nouveau Monde ou Rusalka, offre de belles possibilités d’entraîner le public dans un nouveau voyage. C’est sans doute le splendide pupitre des cuivres qui nous rappellera à l’ordre. Un peu renforcé pour l’occasion, il contribuera à donner à cette symphonie en sol majeur OP 88 un éclat particulier et héroïque tout à fait en concordance avec l’intention de l’auteur. On y retrouve des sonorités à la Berlioz et si, quelquefois tout cela paraît un peu appuyé pour notre goût français, nous n’en ressentons pas moins une générosité et une sensibilité qui nous touchent, car elles sont profondément romantiques.

Voici en quelques mots, le résumé d’une belle soirée, de surcroît riche de promesses. Michael Barenboim a certainement fait un excellent choix en répondant à l’invitation du très avisé Marc Feldman. Les deux en tireront le plus grand bénéfice. Le public rennais verra évoluer un artiste en devenir et dans l’ambiance apaisée et bienveillante d’une Bretagne qui l’accueille avec joie, Michaël Barenboim s’éloignera de bien des pressions pour s’épanouir et se sentir heureux au milieu d’un peuple qui ne demande qu’à l’aimer.

Les Essentiels – OSB – Rennes: prochaine date : jeudi 15 octobre 2015 à 20h30 – Ispirazione Italiano

 

Arcangello Corelli
Concerto grosso n.4 en ré majeur op.6

Antonio Vivaldi
Sovvente il sole

Antonio Vivaldi
Concerto pour orchestre à cordes

Giovanni Paisiello
Il Barbiere di Siviglia ouverture

Gioacchino Rossini
Nacqui all’affanno, extrait de La Cenerentola

Luciano Berio
Folk Songs

Ottorino Respighi
Antiche arie e danze suite no. 1

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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