Le 18 juin, Unidivers était aimablement convié à assister à l’ultime concert de l’ OSUR avant la période estivale. Comme les enfants qui ont leur spectacle de fin d’année, les adultes ont leurs propres célébrations. Quoi de plus normal pour un orchestre amateur que de se rassembler et d’inviter tous ses amis afin de démontrer le travail accompli.
Programme axé sur la musique Française avec Georges Bizet et son inoubliable Arlésienne, Gabriel Fauré et les non moins fameux Pélléas et Mélisande, enfin Hector Berlioz et son Harold en Italie. Cette dernière œuvre sera accompagnée par l’Alto soliste de l’orchestre symphonique de Bretagne, Cyrile Robert. En un mot nous étions en pays de connaissance, nous avions rendu visite cet hiver à nos universitaires, au Diapason, quant à Cyrile Robert, nous l’avions entendu avec l’excellent Quintet Brocéliande lors de leur concert à l’auditorium du tambour.
La salle était quasiment pleine, toutes les catégories d’âge représentées et la remarque qui semblait le plus circuler étaient : « c’est la première fois que je viens ». Ce qui explique sans doute le « dress code » un peu déroutant… Ok pour un opéra démocratique, mais un léger effort eut été souhaitable et le « marcel » ou le jean déchiré ne sont pas forcément en accord avec la beauté des lieux ni le nécessaire respect dû au travail des musiciens.
Franck Alexis, chef d’orchestre attitré de l’OSUR entame le concert avec « La farandole » de l’Arlésienne dont la musique est familière à tout un chacun. C’est plutôt vigoureux, sympathique malgré quelques miaulements de violons un peu inopportuns, mais n’oublions pas qu’ils sont amateurs alors tout est pardonné – l’impression générale est franchement positive. Avec Gabriel Fauré, moins étincelant et plutôt subtil, l’OSUR distille quelques jolies mélodies. La flûte traversière et le piccolo, comme la clarinette se font remarquer pour l’excellente qualité de leurs interventions. La mort de Mélisande à la musique douce et transparente fait passer sur le public une onde d’émotion tout en retenue.
Avec Berlioz, c’est une œuvre qui se situe entre symphonie et concerto que nous allons entendre. Commandée par Nicolo Paganini afin de tester le nouvel alto Stradivarius qu’il venait d’acheter, cette œuvre se devait de mettre en valeur l’époustouflante technique du maestro. L’auteur disait : « J’imaginai d’écrire pour l’orchestre une suite de scènes auxquelles l’alto solo se trouverait mêlé comme un personnage plus ou moins actif, conservant toujours son caractère propre ». Et c’est bien ce qui se passe durant le déroulement de l’œuvre, il est aisé de comprendre que cela n’ait pas été du goût de Paganini, à l’ego hypertrophié qui ne trouvait pas dans cette partition la possibilité de briller. Cyrile Robert va nous faire découvrir la sonorité particulière de son instrument. Souvent noyé dans la masse orchestrale dont il est un élément essentiel, l’alto n’a pas toujours la possibilité de s’exprimer comme le fait le violon. C’est donc sous les yeux du public et le regard tutélaire de Pascal Cocheril, violon super soliste de l’OSB présent dans la salle, que Cyrile Robert nous fait découvrir cet instrument grave et chantant, rond et musical. Dans une loge, Rémi Lanty, qui fut pendant 20 ans premier violon soliste de l’OSUR déguste en amateur éclairé cette déferlante d’accords sonores et d’appels des cuivres. Certains moments rappellent, comme une signature, l’ambiance de la symphonie fantastique lors du songe d’une nuit de Sabbat. Et c’est un beau final musclé et vitaminé qui achèvera cette pièce romantique sous les applaudissements chaleureux d’un public enthousiaste.
Achèvera ? Pas sur, car ce dernier en redemande ! Aussi avec beaucoup de bonne volonté le chef invite ses troupes à donner en bis une nouvelle fois l’Arlésienne et sa farandole. Sans doute débarrassé d’un stress compréhensible, l’OSUR nous offre une interprétation décomplexée, joyeuse et provençale tout à fait digne d’éloges. Cyril Robert ne pouvant pas faire moins, joue dans un silence respectueux une charmante pièce de Henry Vieuxtemps, professeur d’Eugène Isaïe et arrière-grand-père de Marcel Landowski. Il fait mouche avec cette œuvre sensible et impeccablement interprétée ; il récolte des applaudissements mérités.
Il ne reste plus qu’à se quitter en pensant avec amitié à Franck Alexis qui l’an prochain va devoir retrouver parmi les nouveaux élèves de l’université de nouveaux musiciens pour son ensemble. Ah ! la vie de chef d’orchestre…