Le Panthéon, temple de la mémoire et des héros et héroïnes de la Nation, expose les œuvres monumentales du dessinateur et sculpteur Nicolas Daubanes du 19 novembre 2025 au 8 mars 2026. L’artiste confronte la monumentalité des grands récits à la vulnérabilité de nos souvenirs et rappelle que la mémoire n’est jamais acquise : elle tient debout, mais vacille toujours.
La nef du Panthéon accueille une exposition temporaire d’une intensité rare, intitulée Ombre est lumière — Mémoire des lieux, de Nicolas Daubanes. Après deux ans de résidence dans les dix Hauts-lieux de la mémoire nationale, il donne à voir des dessins monumentaux réalisés en limaille et en poudre d’acier aimantée, une technique très personnelle. Ces dessins aimantés, véritables surfaces sensibles, accueillent simultanément la matière de l’œuvre et la mémoire d’un événement : celle de l’artiste, mais aussi celle du spectateur.



Parce que la matière est instable, toujours prête à s’effondrer, elle traduit la précarité du souvenir lui-même. Dès l’entrée, le public est interpellé par deux dessins immenses : les forêts du Struthof, unique camp de concentration nazi installé en France (Struthof-Natzweiler, dans l’Est), et le Mont-Valérien (Hauts-de-Seine), devenu symbole de la Résistance.
L’artiste dévoile aussi une série de photogrammes saisissants, composés de limaille de fer et révélés aux étincelles d’acier incandescent. Ces œuvres évoquent les paysages et le ciel que les fusillés de la Seconde Guerre mondiale ont vus dans leurs derniers instants. Par ces images, l’art et la mémoire dialoguent : hommage aux résistants exécutés par l’occupant nazi et nouvelle manière de ressentir et de comprendre l’histoire.


Les visiteurs découvriront notamment une tour de onze mètres, à l’échelle, représentant les couloirs de la prison de Montluc à Lyon (69), où Jean Moulin fut interné avant son entrée posthume au Panthéon. Œuvre majeure de l’exposition, elle est réalisée à la limaille de fer, rappelant la poudre issue du frottement des limes sur les barreaux lors des tentatives d’évasion.
Vers la fin du parcours, une miniature du Panthéon en céramique dentaire est présentée : fragile et presque dérisoire face à l’immensité de l’édifice, elle interroge notre rapport à la monumentalité.
Les dix Hauts-lieux de la mémoire nationale sont symboliquement réunis sous la coupole républicaine pour la première fois. À ce jour, seule une dizaine d’artistes a exposé au Panthéon.


Biographie :
Nicolas Daubanes (né en 1983) travaille à Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales. En 2010, il obtient le Diplôme national supérieur d’expression plastique (École des beaux-arts de Perpignan) avec les félicitations du jury.
Son travail explore d’abord l’univers carcéral à travers dessins, installations et vidéos. Il utilise la limaille de fer — matière fine, volatile et coupante — dans ses dessins et ses icônes urbaines, renvoyant aux barreaux et, par extension, à l’idée d’évasion. Peu à peu, sa recherche s’étend aux lieux de mémoire.


Il est lauréat du Grand Prix Occitanie d’art contemporain (2017), du Prix des Amis du Palais de Tokyo (2018) et du Prix Drawing Now (2021). Il a bénéficié d’expositions individuelles et collectives à la Villa Arson (Nice), aux Abattoirs (Toulouse) et au Centre Pompidou-Metz.
Tout au long de 2024 et 2025, Nicolas Daubanes a parcouru les Hauts-lieux de la mémoire nationale et créé, lors de chaque résidence, une œuvre qui interroge la transmission et la mémoire.
Il réalise également des gravures sur verre à l’acier et des photogrammes.
Infos pratiques
Ombre est lumière — Mémoire des lieux de Nicolas Daubanes, du 19 novembre 2025 au 8 mars 2026
Panthéon — place du Panthéon, Paris 5e
Horaires : tous les jours, de 10 h à 18 h
Tarifs : exposition incluse dans le billet d’entrée
Visites thématiques à deux voix (une fois par mois pendant l’exposition) :
Samedi 22 novembre : 11 h — Juliette Belleret (autrice) et Dylan Caruso (plasticien) ; 15 h — Nicolas Daubanes et Anne Bernou (historienne, historienne de l’art).
Samedi 20 décembre : 11 h — Nicolas Daubanes et Aurélie Dessert (directrice du Mémorial national de la prison de Montluc, Lyon).
Samedi 31 janvier : 11 h — Nicolas Daubanes et Sarah Gensburger (sociologue, politiste et historienne).
Samedi 14 février : 11 h — Nicolas Daubanes et Fanny Lalande (doctorante, thèse sur l’enfermement sous la Révocation de l’Édit de Nantes) ; 15 h — Nicolas Daubanes et Jean-Philippe Degoul (docteur en architecture).
Dimanche 8 mars : 15 h — Nicolas Daubanes et Marie-José Mondzain (philosophe, spécialiste de l’art et des images).
