L’exposition Paula Padani. La danse migrante : Hambourg, Tel Aviv, Paris retrace le parcours méconnu de la danseuse Paula Padani (1913-2001). Organisée par les commissaires Laure Guibert, Nicolas Feuillie et Léa Weill, l’exposition est visible jusqu’au dimanche 16 novembre 2025 au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme dans le 3e arrondissement de Paris.
Méconnue, Paula Padani a été une sublime danseuse des années 1930-1950. Avec sa vision du mouvement, sa force de vie, sa capacité de rebond entre plusieurs pays et différentes cultures, elle aura cheminé de nouvelles routes pour son art et joué un rôle pionnier dans l’émergence de la danse contemporaine israélienne.

Au cours de leur déambulation, les visiteurs profitent de plus de 250 photographies, des affiches et des documents, mais aussi des costumes. Ce qui interpelle, c’est le côté solaire de Paula Padani et sa communion avec la nature. Une grande liberté transparaît des différents clichés, comme ceux représentant des sauts sur fond de ciel qui laissent entrevoir sa joie pure de danser…



Le parcours est un véritable éclat de rire, un bondissement jubilatoire, un élan vers l’infini, la joie, l’amour du monde, issus de clichés et autres documents dont la fille de Paula Padani : Gabrielle Gottlieb de Gall a conservé toutes ces archives, puis en a fait don au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de Paris.
Paula Padani, de son vrai nom Perla Pazanowskijson, est née à Hambourg en Allemagne en 1913. Elle grandit dans une famille juive très pratiquante d’origine polonaise et passionnée de musique et de danse. Perla est la quatrième des six enfants du couple de Peretz et Chana Pazanowskijson. Perla est orpheline très tôt, car elle perd sa mère d’une grave maladie alors qu’elle n’a que huit ans, puis son père, tué dans un accident de charrette, quand elle a douze ans.

Elle fait ses études dans la célèbre École Wigman à Dresde en Allemagne, centrée sur l’émotion intérieure et sur une expressivité violente, grâce à la technique de la danse libre de la danseuse allemande Mary Wigman (1886-1973). L’école Wigman devient un des foyers de la modernité chorégraphique en Europe. Hélas, Paula Padani, en raison de ses origines juives, ne peut y rester longtemps, juste le temps d’acquérir les bases de son futur style.




En 1934 la jeune Paula Padani, âgée de 21 ans, fuit l’Allemagne et sa dictature nazie. Deux ans plus tard, elle rejoint clandestinement la Palestine. Cette fuite via la Suisse, l’Italie et la Grèce, avec la découverte du Proche-Orient vont être une source d’inspiration créatrice pour la danseuse. A Tel-Aviv, elle intègre d’abord la troupe de la danseuse israélienne Gertrud Kraus (1901-1977). Devenue aussi chorégraphe, Paula Padani crée ensuite de nombreux solos, teintés d’expressionnisme et inspirés de l’histoire biblique, des traditions orientales et des paysages palestiniens.

Après la Deuxième Guerre mondiale, en 1946, Paula s’installe à Paris avec Aram son mari, Michael Gottlieb de son vrai nom, à la fois peintre, décorateur de théâtre et plasticien autrichien. Le couple occupe successivement plusieurs ateliers successifs et poursuit sa quête artistique. La danseuse poursuit avec succès une carrière scénique en Europe et à New York. Aram se consacre lui entièrement à la peinture et noue des amitiés avec nombre d’artistes de l’École de Paris.


Également, à la demande de la plus grande organisation humanitaire juive au monde : le Joint Distribution Committee, Paula Padani prend part à plusieurs tournées dans les camps de personnes déplacées et danse également devant des rescapés juifs et des survivants de la Shoah ; elle est perçue comme un symbole de la résilience du peuple juif dans une soixantaine de camps, devant un total de 140 000 spectateurs en Allemagne, installés dans les camps de la zone d’occupation américaine. Elle se produit aussi dans des orphelinats… Paula Padani est invitée à danser en Europe et à New-York et sur les scènes de nombreuses salles prestigieuses à travers le monde, acclamée par un vaste public.

En Palestine, devenue Israël en 1948, Paula Padani se produit sans relâche dans les théâtres et les kibboutzim, malgré la violence de la guerre locale ! Alors au début des années 1950 et en compagnie de Aram son mari, elle décide de poser ses valises à Paris. Elle enseigne alors la danse rue du Bac dans le 7e arrondissement. Elle se consacre à un enseignement centré sur l’improvisation et l’épanouissement de la créativité individuelle, jusqu’à l’âge de 80 ans avant de s’éteindre en 2001, peu de temps après le décès de son mari !
L’exposition redonne vie à cette artiste engagée grâce aux documents présentés, issus de la donation de Gabrielle Gottlieb de Gail, fille du peintre Aram et de Paula Padani


Infos pratiques :
Exposition Paula Padani. La danse migrante : Hambourg, Tel Aviv, Paris, jusqu’au dimanche 16 novembre 2025
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme – Hôtel de Saint-Aignan – 71 Rue du Temple, 3e arrondissement de Paris
Visite guidée mardi 20 mai 2025 à 11h15 -12h45 avec la conférencière Cécile Petitet
Contact : au 01 53 01 86 57 (lundi et mercredi de 10h30 à 13h)
