Paroles du pénitencier, « Nous sommes Marina Ovsianikova »

Oxygène est une revue de société fondée par la graphiste lorientaise Marion Bailly-Salin et la Ligue de l’enseignement du Morbihan, en partenariat avec le SPIP 56 et l’administration Pénitentiaire, au coeur du centre de détention de Lorient Plœmeur. Dans le cadre d’un projet collaboratif, notre rédaction ouvre les colonnes d’Unidivers aux détenus, rédacteurs et illustrateurs qui participent à l’atelier Oxygène. L’enjeu : chaque détenu a été invité à se questionner sur l’impact qu’a pu avoir un contenu médiatique ou culturel sur sa vision du monde et ses certitudes. Meurtri par la situation actuelle de l’Ukraine, le Russo-breton Stéphane* a couché sur papier son désarroi, accompagné des illustrations de Ho’*.

Je suis né en France, issu d’une famille arrivée il y a 100 ans, élevé dans un pensionnat russe blanc orthodoxe. La situation de l’Ukraine me fend le cœur…

Ma Russie, mon enfance

Entends-tu ton image en France ?

J’ai grand peur du pire

De voir tous ceux que j’aime

Qui ne veulent plus Poutine

Qui leur fait cette guerre

katioucha russie ukraine
Katioucha, lance-roquettes multiple de la Seconde Guerre mondiale. Illustration de Ho’ © Ho’

Depuis de bien longues décennies

Le trop sûr ogre « occidental »

Tu sais grande et riche Russie

Que ton sol est envié, c’est normal

Mais toi le belliqueu

Tu veux que Kiev rende l’âme

Ta colère de rancunié

Oui slave vient du mot esclave

Ta parano c’est l’Ukraine

Tu vieillis, tu vas vers ta fin

Devant les dents de l’américaine

Tu oublies les peuples, au Kremlin

russie ukraine

Ukraine gagne ta guerre !

Russie aime ton peuple

Amérique en arrière !

La paix tous la veulent

Ma chère France de l’enfance

Ma tendre mère de Russie

Ma chère Europe décadente

De Brest à l’Oural, à genoux je prie.

*

Texte de Stéphane et illustrations de Ho’

*Les prénoms et noms de famille des participants ont été changés.

MARINA OVSIANIKOVA est une journaliste russe accusée de « manifestation illégale » après avoir interrompu un journal télévision pour dénoncer l’offensive en Ukraine. Elle a été condamnée a une amende de 30 000 roubles (environ 250 € au taux actuel) et libérée.

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