Avec Pamplemoustique, les parisiens de POLes défouraillent dans les terres fangeuses d’un rock poisseux et brumeux. Premier EP au titre aussi étrange que savoureux, Pamplemoustique s’affirme comme un combo ingénieux qui sait faire rimer manque de moyens avec grandiloquence…

« L’idée est de faire les choses les plus musicales possibles, mais toujours un peu brouillonnes et “bide à bière” ». Voilà ce que nous confie Bruno Kuchalski, guitariste de POLes. Salissures et confusions sont effectivement de mise sur Pamplemoustique, Ep faisant suite au premier album du groupe Marmyteran sorti en 2012. Les trois musiciens aiment également ajouter une pointe d’humour guignolesque et second degré aux notes sombres de leur musique donnant un aspect très singulier aux propos du groupe. Pourtant, ce dernier affirme que les noms donnés aux morceaux et aux albums n’ont aucune importance. « Puy de goitres » et « Complainte d’Yvonne » participent tout de même à la création d’une atmosphère décalée. POLes brouille les pistes, de quoi intriguer et donner envie de creuser plus loin dans leur musique afin de trouver ce qu’ils nous cachent.

C’est donc dans la plus grande des débrouillardises et avec une passion admirable que le groupe crée et partage sa musique. Le trio se produit seul et se distribue seul. Situation que le groupe aimerait bien changer par la suite mais, tout n’est pas si simple : « C’est un peu compliqué car nous faisons très, très peu de concert. Le groupe est un peu instable, avec des membres qui déménagent à l’étranger ou en province, de nouveaux membres qui sont remplacés par d’autres nouveaux membres. Aujourd’hui on essaie de sortir Pamplemoustique en vinyle, mais sans concert, sans tournée pour écouler notre stock de casseroles, on ne donne pas vraiment envie aux labels d’investir »
« Mais le fait qu’on fasse tout tout seuls nous donne une liberté pas négligeable, on peut se permettre de composer les pires atrocités sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit. »

Sincère et inhabituel, Pamplemoustique est un Ep de qualité. Rythmé à cent à l’heure, chaque morceau fait preuve d’une puissance mélodique parfois camouflée par l’ampleur du son proposé par le groupe. Tout cela donne un pouvoir de réécoute très intéressant pour ceux qui auront le courage d’effectuer cet exercice. On aurait tendance à vouloir classer le trio dans un style Math-Rock tant certains passages font preuve d’une technique de haute volée. Idée que réfute le guitariste Bruno Kuchalski: « Même si ça sonne prétentieux, je me sens plus proche des Beatles que des math-rockers et de leurs tendances au concours de musicianship. »
