Pour toi, je décrocherai la lune de Grégory Hughes

Dans Pour toi je décrocherai la lune de Grégory Hughes, Marie-Claire a 10 ans et comme surnom « le Rat ». De nature hyperactive, elle a un frère Bob, un peu plus âgé du haut de ses douze ans. Ils habitent au Canada avec leur père au cœur d’une éducation mixte innervée de traditions indiennes et occidentales. Si le père est indien, la mère est française. Si la mère est morte depuis déjà longtemps, le même sort va tristement s’abattre sur le père. Et voilà deux tristes orphelins.

Mais Marie-Claire est dotée d’un fort caractère. Elle prend la destinée de son frère et elle en main. Pas question qu’ils soient séparés et que l’un entre dans un foyer. Elle décide d’enfourcher leurs vélos et de rejoindre cet oncle qui habite New York. Débute alors le périple improbable de deux gamins démunis, sans logis, sans repères. Certains penseront au merveilleux long métrage qu’est La nuit du chasseur.

Si le chemin vers Chanaan-New York est ponctué de rencontres hasardeuses, il est illuminé par les visions du Rat… car la petite fille n’est pas comme les autres. Elle prédit l’avenir. Elle voit les âmes derrière les visages. Elle n’a peur de rien. Inconsciente et fonceuse, elle est toutefois fragilisée par des crises d’épilepsie imprévisibles. Son frère Bob suit – souvent à son corps défendant – les extravagances de sa petite sœur et, ensemble, ils se constituent un étrange réseau d’amis : un trafiquant de cigares, un vieil avocat devenu arnaqueur, une star du rap, etc. Puis la vie, une fois arrivé dans la mégapole américaine, n’est pas tendre pour deux enfants seuls.

C’est une jolie aventure que Pour toi je décrocherai la lune. Une histoire gracieuse où s’invitent la tendresse, la lumière et une certaine forme de folie. Le portrait de cette petite fille est aussi attendrissant que bien construit. Quant au dénouement, je vous laisse découvrir par vous-même un bien joli émerveillement.

Pour toi je décrocherai la lune de Grégory Hughes, Seuil jeunesse, janvier 2013, 376 p., 14€

Biographie :

Après une adolescence chaotique et quelques années en centre de détention, Gregory Hughes, a entrepris de voyager à travers le monde. Il a été scaphandrier au Canada, employé d’une compagnie de Ferry à Manhattan, cuisinier en Norvège, il décide cependant de poser ses valises en Islande pour écrire son premier roman : Pour toi je décrocherai la lune paru au Seuil jeunesse en janvier 2013.

Citations :

Pourquoi les gens qui veulent la guerre ne vont-ils pas se battre les uns contre les autres en nous laissant vivre en paix ?

Un pays si plat que vous pouvez regarder votre chien tout droit vers l’horizon pendant trois jours.

— Si, je le sais. Tu vois, Bob, quand tu meurs, ton esprit quitte ton corps et il se dirige vers les cieux. Il vole autour des différents systèmes solaires et des galaxies, plusieurs fois la vitesse de la lumière, visitant des mondes qu’on ne pourrait même pas imaginer. Être mort, c’est ton billet pour les étoiles, mais il faut mourir pour y arriver. Jusqu’’à ce que cela arrive, on ne peut qu’en rêver.

Elle me regarda, ses yeux luisants dans l’obscurité.

— Je sais que tu penses que je suis folle, Bob. Mais je ne te mentirai pas. Pas sur ce sujet.

Elle regarda les étoiles.

— Est-ce que tu peux imaginer Maman retrouvant P’pa après toutes ses années ? Je te parie qu’un ange le lui a amené. Et maintenant, elle lui fait faire le tour de la Voie lactée et il chante pour elle comme Frank Sinatra. Il est heureux, et je suis heureuse pour lui.

Le Rat disait parfois de vraies âneries, mais là, ce n’en était pas. Je ne croyais pas vraiment à ce qu’elle avait dit. Mais, comme un enfant à qui on lit un conte, je me sentais mieux rien que de l’écouter.

Vous savez, les enfants, le rap a été décrit comme la poésie des temps modernes. Mais ce n’est de la poésie que quand c’est bien écrit. N’importe quel electro beat va faire que les frangins vont sauter sur la piste de danse. Mais seuls les mots dureront dans les mémoires. Quand j’écris une bonne phrase, je deviens nerveux : c’est comme si je tenais une main de poker gagnante. Et quand j’écris une bonne chanson, je ne peux pas dormir. J’ai montré le meilleur de mon boulot à ma maison de disques. Mais il n’y a que le gangsta rap — le rap façon gangster – qui les intéresse, et plus y a de gens qui se font butter, mieux c’est. J’ai toujours rêvé de devenir un grand artiste. Écrire des mots qui émeuvent les gens comme Langston Hughes!

— Accroche-toi bien à tes rêves, car si les rêves meurent, la vie est un oiseau aux ailes brisées qui ne peut pas voler, déclamai-je.

La plupart des navires avaient un drapeau canadien qui flottait au-dessus d’eux. J’aime notre drapeau canadien. C’est juste une feuille d’érable, rien de bien excitant en soi. Mais il représente plus qu’un arbre commun à l’ensemble de notre pays. Il représente le fait d’être ancré à la terre et vrai comme l’arbre lui-même. Et il symbolise la modestie et la compassion, qui sont des traits communs aux Canadiens. Du moins est-ce qu’il signifie pour moi. Je suis sûr que la plupart des gens se soucient de leur pays, mais le Canada est spécial. C’est comme l’Amérique, sans les armées ni l’arrogance.

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