RENNES. L’HISTOIRE DU SOLDAT PAR L’ONB

Chapeau
 

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, le compositeur Igor Stravinsky quitte la Russie et se réfugie en Suisse. Dans ce climat d’incertitude, il partage la solitude de sa condition d’artiste avec l’écrivain et poète Charles Ferdinand Ramuz. Pour subsister malgré les pénuries et les privations liées à la guerre, Ramuz et Stravinsky décident de créer un spectacle qui coûterait moins cher qu’un opéra en fondant un petit théâtre ambulant, avec des moyens limités, facilement transportable d’un endroit à l’autre. Un spectacle comportant peu de personnages et dont l’orchestre sera réduit à sept musiciens, pour pouvoir être joué même dans les villages.

L’Histoire du Soldat se passe en Suisse. Joseph Dupraz, un Soldat en permission, rentre chez lui à pied. Lorsque le Diable apparaît sous les traits d’un vieil homme, Joseph se laisse convaincre de lui donner son violon en échange d’un livre magique devant assurer sa richesse. Le Soldat est invité chez le Diable pendant trois jours, afin de lui enseigner le violon. Or le temps n’existe pas en enfer. Lorsque Joseph arrive dans son village, trois ans se sont écoulés. Sa mère et sa fiancée le regardent comme un étranger. Alors, le Soldat se met à lire le livre magique et devient extrêmement riche, sans pour autant trouver le bonheur. Il part sur les routes et arrive dans un nouveau pays où demeure une Princesse malade. Enivrant le Diable au cours d’une partie de cartes dans laquelle il perd toute sa fortune, Joseph réussit à lui reprendre son violon. Il guérit la Princesse en jouant de la musique et obtient sa main. Curieuse de connaître le village natal de son époux, la Princesse exhorte Joseph à partir avec elle. Mais le Diable l’avait prévenu : « Qui les limites franchira, en mon pouvoir tombera ». À peine Joseph franchit-il la frontière du royaume qu’il retombe dans les filets du Diable.

Si la plupart des contes possèdent une fin heureuse, ce n’est pas le cas de L’Histoire du Soldat. A ce titre, l’œuvre iconique d’Igor Stravinsky et de Charles Ferdinand Ramuz n’est pas un petit conte naïf, c’est un avertissement, un anti-conte de fées qui aborde des questions plus que jamais d’actualité : ce qui rend heureux peut-il s’acheter ? L’argent rend-il vraiment libre ?

Dans une mise en scène de Richard Dubelski, l’Orchestre National de Bretagne souhaite renouer avec cet esprit forain, cher au désir des créateurs, tout en mettant l’œuvre de plein pied dans notre monde actuel. Sur scène, sept musiciens, un chef et un récitant qui fera entendre la voix des différents personnages. Mais uniquement la voix, car les corps de ces figures seront interprétés, pour le soldat, par un danseur camerounais issu de la danse urbaine, mêlant les figures du hip-hop à l’Afro, en passant par la capoeira brésilienne. Le Diable sera cette-fois au féminin, sous les traits d’une danseuse contemporaine qui se contorsionnera à vous faire damner. La Princesse sera une acrobate, se déplaçant sur un fil ou pouvant s’envoler dans les airs, tractée par ses propres cheveux. Une princesse un peu éloignée des images d’Épinal des contes de fée…

Les écrans ayant envahi notre monde, une tablette numérique se substituera au livre qu’échange le Diable avec Soldat, car « ce livre qui dit les choses avant le temps », pourrait bien correspondre à ce que l’on trouve aujourd’hui sur la toile…

Sous la direction de Grant Llewellyn et avec la voix de Jean-Philippe Lafont à la narration, soyez assurés de passer une soirée riche en rires et en émotions.

Durée : 1h30 + entracte

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ONB
Orchestre symphonique de Bretagne

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