Depuis fin octobre 2025, le quartier de la fac de droit abrite un nouveau cocon dionysiaque. Au 35 rue Jean Guéhenno, en lieu et place de la cave des Tuileries, Le Cellier Sévigné accompagne désormais les habitants du quartier dans leurs achats de vins et spiritueux. Unidivers a rencontré son propriétaire Pierre Poulain afin de parler de l’évolution de la consommation des vins et spiritueux.
Avec l’ouverture du Cellier Sévigné, Pierre Poulain signe sa troisième cave à vins dans le centre-ville rennais. Elle fait suite à l’ouverture du Cellier des Lices et au rachat de l’ancienne cave de Saint-Germain, la plus ancienne cave à vins de Rennes.
Derrière ce succès commercial, un homme. Rennais d’origine, Pierre Poulain est rentré dans sa ville natale après plusieurs années à Paris. Après une école de commerce et un passage dans le monde de la finance, il reprend une formation en sommellerie, fait ses armes au Plaza Athénée en tant que sommelier puis aux caves Legrand, les plus vieilles caves à vins de la capitale. Une fois formé et expérimenté, le Breton revient à Rennes, chargé d’un solide bagage viticole, afin d’ouvrir sa propre cave. Ce qui était un projet unique s’est transformé en une histoire qui ressemble quelque peu à une success story.

Trois boutiques en deux ans
La réussite de Pierre Poulain est due, selon lui, à des opportunités qu’il a su saisir. De retour en terre bretonne, il répond à l’appel d’offres des cellules commerciales sous le Mama Shelter et ouvre Le Cellier des Lices. Il reprend l’appellation initiale pour désigner une cave en juin 2023 et crée un lien avec Le Cellier de Saint-Germain, institution rennaise ouverte en 1978 par Jean-Pierre Lécluze, qu’il rachète à Nadine Gaillard en octobre de la même année. « La cave Saint-Germain propose une offre tarifaire très large, de 5 € à des sommes beaucoup plus élevées. Nous avons aussi une grande sélection de spiritueux – plus de 100 whiskies, une centaine de rhums, etc. C’est l’essentiel de notre chiffre d’affaires. »
Épaulé par Guillaume Kermarrec, caviste dans la boutique depuis 18 ans, Pierre conserve la sélection historique qui a fait la renommée du lieu, tout en y ajoutant sa patte. Le Cellier de Saint-Germain, comme celui des Lices, porte une attention particulière à des propositions de qualité à prix accessibles. Héritier de la cave des Tuileries, ouverte depuis 20 ans et reprise par Pierre pour une réouverture fin octobre 2025, Le Cellier Sévigné prolonge également cette ligne commerciale.
Dans le même esprit que Saint-Germain, le sommelier a construit la sélection de Sévigné, dont la clientèle est plus résidentielle, avec Chiung Mei, déjà caviste à la cave des Tuileries. « C’est un plus, quand on reprend un commerce, de pouvoir s’appuyer sur une personne compétente. » Cette nouvelle cave combine le meilleur de Saint-Germain et des Lices : une large offre de bouteilles qualitatives à moins de 10 €, ainsi que de très bonnes bouteilles de vins et de spiritueux. Sans oublier les bières, qui se sont fait, depuis plusieurs années, une place de plus en plus importante dans les caves à vins.

Une baisse de la consommation, mais une recherche de qualité
Si l’on constate une baisse de la consommation de vins et de spiritueux, notamment auprès de la jeune génération, Pierre Poulain parle d’une baisse en termes de volume, compensée par une recherche accrue de qualité. « Le caviste remplit complètement son rôle par rapport aux grandes surfaces, où l’on ne trouve pas de conseils personnalisés ni une sélection de qualité exceptionnelle », analyse-t-il. « Les jeunes aiment les vins souples, fruités, sans le côté tannique, très asséchant. »
Les jeunes générations cherchent aussi des vins dont la fabrication est plus naturelle, avec moins d’intrants et plus propres dans leur développement, comme les vins nature ou biologiques. Pour cette raison, les caves augmentent la part des vins nature et bio au sein de leur offre. « Quand on a deux bouteilles au même prix et avec la même qualité, dont une bio, on privilégiera cette dernière. » Le sommelier conseille, pour s’initier, les vins du Domaine du Clos Roca, dans l’Hérault, au sud de la France, qui propose du blanc et du rouge bio à seulement 9,50 €. « C’est la bouteille plaisir à partager, facile à appréhender. »
Autre suggestion : la cuvée Petit Ours du Domaine de Matthieu Barret dans le Rhône, un vin à 16 € avec plus de caractère, mais où l’on sent tout de même le fruit en bouche.

Les best-sellers du Cellier
– Pour le prix et la qualité, Pierre Poulain cite le champagne Baron Albert à 23,50 €, une bouteille qui réunit la qualité et la minutie, l’élégance et la brillance à un prix raisonnable.
– En vin blanc, cap sur la Loire avec un Valençay (AOC, appellation d’origine contrôlée) au prix de 9 €.
– En vin rouge, optez pour un Saint-Émilion Grand Cru. « On propose des groupages à nos clients. Plusieurs se réunissent pour acheter des caisses de 12, ce qui nous permet d’acheter de gros volumes et d’avoir la bouteille à 15 € plutôt que 25 € ou 28 €, selon le millésime. »
« La région du Bordeaux n’est pas très demandée en ce moment, à cause de l’augmentation des prix de ses bouteilles ; alors, quand on a des prix, cela fonctionne très bien. » Pierre Poulain travaille aussi avec la famille Mitjavile, nom de légende dans les bordeaux. « Ils ont une vraie identité et les prix sont cohérents. »


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