Le Musée de Bretagne, au sein des Champs Libres, engage un vaste chantier de réaménagement de son parcours permanent, qui s’étendra jusqu’au printemps 2026. Unidivers a suivi, mardi 30 septembre 2025 au matin, les équipes techniques lors du déplacement des collections et de l’enlèvement de la pièce emblématique du musée : la divinité celte Brigitte.
Depuis le lundi 29 septembre 2025, la première section du parcours permanent – de la Préhistoire à la Révolution – est fermée au public. En cause : un chantier de rénovation et d’amélioration du parcours, demeuré identique depuis l’ouverture du musée en 2006. L’atelier technique et le pôle des expositions ont lancé la première phase : le déplacement d’une partie des objets vers un autre espace, le temps que les travaux transforment leur lieu d’exposition. Il s’agit du plus grand chantier entrepris par l’institution « depuis le rafraîchissement des peintures en 2017 », rappellent les techniciens Sylvain, Jean-Yves et Yannick, présents au musée depuis plusieurs années, à l’époque où ses collections cohabitaient encore avec celles du musée des Beaux-Arts sur les quais. « C’est une force de disposer d’une équipe interne capable de mener ce type de projet », souligne Hélène Audrain, responsable du pôle action culturelle.

Le chantier se poursuivra jusqu’au premier trimestre 2026. Il visera à moderniser la scénographie et à renforcer l’accessibilité, tant dans le contenu que dans la présentation visuelle, afin d’offrir une expérience de visite plus claire et inclusive. « La gratuité a changé la donne en matière de fréquentation », rappelait la directrice du musée, Céline Chanas, lors de la présentation de saison des Champs Libres, le 24 septembre dernier.
Les interventions commencent après la section consacrée au Néolithique, qui restera inchangée. Les modifications de scénographie offriront des espaces plus ouverts et plus fluides. Certaines vitrines murales sont conservées, tandis que d’autres, au sol, disparaissent – comme la colonne monumentale qui abritait une réplique de rocher. À la place, une table circulaire équipée de dispositifs interactifs présentera l’art de l’âge du Fer, et en particulier l’art celte. Les statuettes de Trémuson – acquises en 2023 et exposées dans Celtique ? – rejoindront également le parcours. « La plupart des œuvres retrouveront leur place, mais une centaine de pièces supplémentaires sera intégrée, dont un trésor monétaire exceptionnel », précise Hélène Audrain.
Le parcours renouvelé bénéficiera d’un mobilier inédit et d’une signalétique simplifiée, avec des textes courts en plusieurs langues (français, breton, gallo, anglais), complétés par un livret multilingue. Les couleurs seront retravaillées, privilégiant le noir et blanc, plus sobres et neutres.
La déesse Brigitte mise à l’abri
Parmi les pièces retirées ce mardi figure la célèbre déesse du Menez-Hom, joyau des collections. La statuette de bronze a été déplacée de son socle de verre : durant les travaux, elle sera conservée à l’abri des regards, avant de retrouver une place centrale dans le nouveau parcours, accompagnée d’un traitement graphique spécifique. « L’objectif est de capter l’attention du visiteur et de lui donner envie de revenir », explique Céline Chanas.
Son histoire est singulière. Découverte par un agriculteur en 1913, alors qu’il labourait son champ dans le Finistère, elle servit d’abord de jouet à ses filles. Revendue à un médecin en règlement de frais de santé, elle suscita l’intérêt des érudits avant d’être acquise par le musée de Bretagne en 1972.
La statuette incarne la déesse Bélisama, devenue Brigit dans les textes irlandais du haut Moyen Âge. Datée du Ier siècle après J.-C., elle illustre le syncrétisme entre art romain et art celte : les traits du visage et des cheveux relèvent du style celte, tandis que le casque évoque l’influence romaine. « Un exemple rare d’art au carrefour de deux cultures. La plupart des statuettes celtes se rattachent plutôt au culte des ancêtres », commente Hélène Audrain.
Pendant la durée des travaux, les objets sont transférés dans l’espace autrefois consacré à l’affaire Dreyfus. D’ici quelques jours, une entreprise spécialisée dans le transport d’œuvres déplacera les blocs épigraphiques (lapidaires) vers la réserve extérieure du musée. De mi-octobre à décembre se dérouleront les travaux techniques, suivis par l’installation du nouveau mobilier scénographique de janvier à mi-février, puis par la réimplantation progressive des collections de mi-février à avril 2026.
Pendant les travaux, la deuxième partie du parcours permanent reste ouverte au public.
Le Musée de Bretagne
10 cours des Alliés
35000 Rennes
