C’est dans une des salles habituellement réservées aux répétitions de l’opéra de Rennes que Mathieu Rietzler et son équipe ont reçu mardi 2 juillet l’ensemble des amateurs d’opéra et les représentants des presses locales et nationales. Tous piaffaient d’impatience et la lecture du programme à venir a réjoui les appétits les plus exigeants.
Pas étranger à cette frénésie, il nous est impossible d’attendre plus pour vous annoncer, cette prochaine saison, une œuvre que depuis longtemps nous souhaitions voir figurer à notre programmation.Levons le rideau …roulement de tambour.
La Flûte enchantée de Mozart sera donnée les 7, 9, 11, 13, et 15 mai sans oublier une retransmission sur écran géant, en direct de l’opéra d’Angers, le 18 juin place de la mairie à Rennes ainsi que dans bien d’autres lieux.
Deuxième grand opéra classique de retour sur notre scène bretonne, Traviata, qui fut donné en 2013 avec la bouleversante interprétation de Myrtho Papatanasiu, vue très récemment dans Tosca. Pour vous émouvoir des mésaventures de la malheureuse Violetta il vous faudra attendre les 25, 27, 28, février puis les 2 et 4 mars.Un autre rendez-vous à ne pas manquer.
Au-delà de ces deux œuvres, véritables piliers du répertoire opératique, cinq autres productions lyriques devront retenir votre attention. La première, «La sérénade» est consacrée à Sophie Gail une musicienne à l’indiscutable talent, reconnue et appréciée de son vivant, et que le temps avait laissé tomber dans l’oubli.Rendez-vous le 30 septembre puis les 2, 3, et 5 octobre pour faire revivre ses créations.D’autres compositrices seront à l’honneur, à l’occasion d’une installation intitulée « Un orchestre à soi», la musique au féminin y sera célébrée et ce sera l’occasion inespérée de retrouver les chants de l’extase de Hildegarde Von Bingen ou les créations de Alma Mahler. Vous pourrez profiter de cette installation, du samedi 21 septembre au samedi 5 octobre, en entrée libre, salle Nougaro.
Les concerts de midi se feront écho de cette action de réhabilitation en proposant un concert de musique de chambre avec au programme deux trios pour pianos et cordes de Clara Schumann et Louise Farrenc. (mardi 1er octobre).Si ces talentueux interprètes ont réussi à vous donner envie de pousser plus loin votre recherche, l’excellente Maïlys de Villoutreys vous proposera le 4 octobre «Romances d’empire», un récital autour des œuvres de Sophie Gail et d’autres musiciens de talent.
Dans la série opéra, «La falaise des lendemains» de Jean-Marie Machado sera donnée les 7, 8, 9, et 10 novembre en création mondiale, les dialogues en trois langues différentes ainsi que le métissage entre musique classique et jazz confèrent à cette œuvre une puissante identité qui correspond parfaitement au désir de l’opéra de Rennes de proposer un temps fort sur le thème des légendes bretonnes. Si ce sujet vous stimule particulièrement, le chœur de chambre « Mélismes » proposera à votre curiosité « Les lavandières de la nuit », travail inspiré de la légende de la mort, d’Anatole Le Braz, les 7 et 8 novembre, à l’opéra salle Nougaro. En plus du pupitre Gildas Pungier tiendra lui-même la partie clarinette et accompagnera une chanteuse et conteuse bien connue dans le monde de la musique bretonne en la personne de Marthe Vassallo. Vous pourrez retrouver cet ensemble unanimement apprécié quelques jours plus tard dans une œuvre qui ne l’est pas moins, «Un requiem allemand» de Johannes Brahms les15 et 16 novembre.
Les 25, 26 et 28 novembre, c’est un fameux tandem qui vous convie avec l’œuvre «Les sept péchés capitaux», de Kurt Weill, sur des textes du nom moins fameux Berthold Brecht. Sur fond d’arrivée du nazisme, Weill exprime par une musique faussement hétéroclite, l’inquiétude qui accompagne cet avènement. Il est adroitement soutenu par des textes grinçants, dénonçant sans tendresse les compromissions et les petites lâchetés d’une certaine portion de la société. En décembre, pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’assister au très remarquable « Couronnement de Poppée », de Claudio Monteverdi , une séance de rattrapage est prévue le samedi 14 décembre à 18h. Cette proposition de l’opéra de Rennes, en version de concert, sera une nouvelle opportunité d’écouter des interprètes qui nous avaient enchantés en la personne de Catherine Trottmann, Maïlys de Villoutreys ou même encore du contre-ténor Paul-Antoine Bénos-Djian, seul manquera au tableau notre cher Damien Guillon parti voler vers d’autres cieux.
Avec «Le carnaval de Venise», les 19, 20, 22, et 23 mars, nous amorçons un retour vers un genre souvent agréable, très en vogue dans les cours de nos monarques et que l’on nome « comédie-ballet ».
Si l’on se souvient de l’Héléna de Cavalli, donnée en novembre 2014, ce genre s’avère idéal pour faire connaître l’opéra à un jeune public. C’est en effet la configuration parfaite, on y rit, on s’amuse de bon cœur, mais surtout, on découvre que l’opéra n’est pas forcément antique et solennel et qu’il peut être drôle et à la portée de tous.
Puisqu’il convient de parler d’éclectisme, la comédie musicale «Cole Porter in Paris» donnée les 29, 30, 31 décembre ainsi que le premier janvier, apportera une note de fraîcheur aux festivités de fin d’année. Impossible de rater un spectacle animé par un orchestre répondant au nom de «Frivolités Parisiennes». Ultime remarque, ce show à l’Américaine sera proposé au public non à l’opéra mais au couvent des jacobins.
Voilà, semble-t-il, une description assez complète de notre prochaine saison d’opéra.
Impossible de tout détailler, car les événements non cités restent nombreux.Pourtant nous ne résistons pas, dans le cadre d’un autre temps fort, cette fois dédié à J.S. Bach, d’attirer votre attention sur l’interprétation pas vraiment iconoclaste, mais surprenante des variations Goldberg offerte par l’ensemble Nevermind. (mardi 14 janvier). Pour les amateurs de danse, prière de ne pas rater la venue du ballet de l’opéra de Lyon pour un spectacle hypnotique intitulé « Mycelium » ; et ce, les 20, 21, 22 mai. Petit coup de cœur les 14 et 15 mars puisque nous retrouverons avec un réel plaisir le banquet céleste qui nous offrira «La résurrection» de Georg-Friedrich Haendel, drame sacré qui retrace les derniers jours de la passion du Christ. Si l’on se réfère au souvenir laissé par la passion selon saint Matthieu de Bach par le même ensemble, il faudrait être coupablement négligent pour ne pas s’y précipiter.Ultime madeleine de Proust, cinquante années se sont déroulées depuis le légendaire concert donné à l’opéra de Cologne par le pianiste de jazz Keith Jarrett. Le pianiste français Melaine Dalibert souhaite lui rendre hommage en jouant à son tour l’intégralité dudit concert, ce qui représente une véritable gageure. Gagnera-t-il son pari, vous le saurez en répondant présent le 24 janvier.
Nous en avons terminé et c’est avec impatience que nous espérons la prochaine saison d’opéra, nous vous y attendons nombreux.