Rimbaud Correspondances posthumes

Rimbaud en version post-mortem grâce à une double édition remarquable. C’est Arthur Rimbaud, T.1 & 2 : Correspondances posthumes de 1891-1900 et 1901-1911. Le premier a été l’édition de la Correspondance d’Arthur Rimbaud, le deuxième est l’édition de sa correspondance ‘posthume’ qui regroupait les lettres échangées à son sujet au cours des dix années qui ont suivi sa disparition, en même temps que les articles ou ouvrages qui lui étaient consacrés. Le mythe va bon train, se solidifiant d’année en année : l’adolescent de génie, le déserteur de la poésie, l’explorateur de l’Abyssinie, autant de figures de Rimbaud que le public d’avant la Première Guerre mondiale apprend à connaître et à admirer.

La constance de ces échanges montre clairement 3 spécifications nettes :

  • – L’incompréhension globale et universelle de notre auteur,
  • – Un questionnement entre l’aura dont jouit notre poète et le nombre de textes montrant sa fulgurance,
  • – L’injustice des deux points précédents tant il apparait comme une évidence que si Rimbaud était un génie, il était parmi les génies des génies.

Dans toutes ces belles lettres, on trouve donc le rapport difficile avec sa mère, qui jugea son travail, comme le reste de la société d’ailleurs,  comme une sorte de prose tordue, décalquée et quasi malfaisante. Mais, de tout ça, Rimbaud était totalement lucide. « Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu, » disait-il, comme pour mieux atténuer la souffrance de l’incompris. Et puis sur son œuvre : «Une mère ne pourrait laisser ce livre aux mains de sa fille et beaucoup ne l’accepteraient pas dans une bibliothèque ».

On se moqua de lui de façon injuste. Il avait l’air de le comprendre, du moins de comprendre la faiblesse des moqueurs. Mais comme toute injustice à sa justice, on laissera Claudel avoir le mot le plus lucide et éclairé au sujet de ce génial éclairé :

« C’est lui le premier qui m’a donné le sentiment de la réalité de ce que j’appelle, faute de mieux, le surnaturel qui m’a permis d’échapper à l’affreux enfer de l’univers scientifique… Rimbaud a eu une influence profonde et en quelque sorte séminale, non seulement sur mes idées, mais sur mon attitude à l’égard de la vie pratique et sur mon style ».

Que dire après cela, à part AMEN ? Rien à part lire et s’imprégner d’une certaine bonne parole. Et pour parfaire votre connaissance rimbaldienne, il est impératif d’accompagner votre lecture de ces lettres par l’acquisition du fabuleux ouvrage Rimbaud à la lumière de Dionysos de Olivier-Pierre Thebault. Une sorte de raffinement intense en ce qui concerne notre poète.

Une double acquisition nécessaire à toute personne que Rimbaud touche au plus intime de son échine. Et même une triple, puisque le dernier ouvrage conseillé s’avère également une nécessité.

David

Sur Arthur Rimbaud , Correspondance posthume de 1891 à 1900, T. 1, Fayard, 14 avril 2010, prix : 52,00 €

Sur Arthur Rimbaud , Correspondance posthume : 1901-1911, T.2, Fayard, 12 octobre 2011, prix : 49 €

Article précédentRennes Robert Merle y vécut
Article suivantJoseph l’insoumis > 50 ans de combat contre la misère

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici