Le documentaire Riposte féministe de Marie Perennès et Simon Depardon sortait mercredi 9 novembre 2022 en salle. Le couple de réalisateurs donne la parole aux collectifs de collage, une jeunesse engagée et militante qui affiche des messages de soutien et slogans féministes dans les rues. Immersion dans un mouvement en plein développement, révélateur d’un combat sociétal qui n’est pas prêt de s’essouffler.
Mon corps, mon choix, ta gueule », « Le sexisme est partout, nous aussi », « Je te crois », « L’habit ne fait pas le viol ». Après le raz-de-marée Me too en 2017, des messages de soutien et slogans engagés de plus en plus nombreux sont apparus dans l’espace public. Certains sont aussitôt arrachés par un tiers mécontent, d’autres durent, au mieux, plusieurs jours si la météo est clémente… Pour autant, elles ne se lasseront pas et ne baisseront pas les bras. De qui s’agit-il ? On les appelle les colleuses, femmes de la nuit qui sont la voix de celles qui n’en ont plus et protagonistes du documentaire Riposte féministe de Marie Perennès et Simon Depardon.
Parmi les 200 collectifs de collage existant en France, Marie Perennès et Simon Depardon ont choisi de partir à la rencontre de dix d’entre eux – dans des villages, des moyennes et grandes villes -, dans le but de montrer la pluralité du mouvement. Il n’est pas l’apanage des métropoles seulement. Toutes se sentent concernées, toutes veulent agir. Certaines d’entre elles sont féministes de longue date, d’autres n’ont jamais milité, mais toutes se révoltent contre ces violences qui bouleversent trop de vies, et en ont trop pris aussi.
Élise à Brest, Alexia à Saint-Étienne, Cécile à Compiègne ou Jill à Marseille : des milliers de jeunes femmes dénoncent les violences sexistes, le harcèlement de rue et les remarques machistes subis au quotidien. La nuit, armées de feuilles blanches et de peinture noire, elles collent des messages impactant qui rendent visible ce qui ne devrait pourtant pas exister.
Pendant 1 h 30, Riposte féministe rend hommage à toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles, mais également à celles qui luttent pour faire bouger les lignes, en restant à distance. Aucune interaction avec les protagonistes et aucune voix off, seule la parole des militantes compte. Marie Perennès et Simon Depardon préfèrent montrer les coulisses, les suivre dans leurs actions et assister à leurs échanges, sans interférer.
Dans une alternance habile entre sessions de collage nocturnes, préparation en amont et échanges informels, le duo prend le parti d’opter pour un cinéma documentaire qui laisse seulement place à la parole d’une jeunesse engagée, sans chercher d’interviews qui pourraient orienter le propos. Un choix intéressant qui reflète l’intérêt que les réalisateurs portent à la parole des concernées. La caméra capte des discussions entre les membres sur le courage qu’a pu leur apporter leur engagement, la légitimité ou non de la violence dans le mouvement, la manière d’agir face aux discriminations et celle de penser le patriarcat. Et quelquefois, les langues se délient et les expériences traumatisantes sont racontées… On sent une certaine confiance entre les protagonistes et l’équipe de réalisation émaner de l’écran. Une proximité amplifiée par des cadrages rapprochés selon les actions filmées.
Donner la parole aux concernées est essentiel, mais malgré la proximité physique avec les sujets, l’absence d’échanges avec la caméra ne permet pas de mettre en valeur le sujet dans toute sa complexité et d’évoquer les causes profondes du problème. Le documentaire reste à un seul niveau de témoignages, ce qui laisse planer une impression de survol du sujet et en limite la portée.
Riposte féministe, France, 2022, 1 h 27.
Réalisation : Marie Perennès et Simon Depardon / Avec la voix de : Marina Foïs / Image : Simon Depardon / Son : Sébastien Noiré / Montage : Nassim Gordji Tehrani / Musique : Uèle Lamore / Production : Claudine Nougaret / Distribution : wildbunchdistribution.com