Dans le cadre des Jeudis des Archives et des États généraux de la culture s’est tenue jeudi 25 juin à la salle de la Cité une conférence sur l’histoire de la Maison du Peuple, salle de concert mythique à Rennes. La « Cité » n’accueille aujourd’hui quasiment plus de concert en soirée, pour des raisons de bruit. Doit-elle disparaître, être transformée ?
Comment valoriser la salle de la Cité eu égard à la transformation du Couvent des Jacobins en Centre des Congrès à quelques mètres ? Avant de débattre sur son sort avec le public, Martine Cocaud, professeure d’histoire à Rennes 2, a tenu à revenir sur l’histoire de ce lieu, au cœur de la vie sociale, musicale et artistique rennaise depuis sa création.
Retracer l’histoire d’un lieu, fouiller dans les mémoires, c’était la première partie de cette conférence. Témoin des mutations du temps libre, cette salle a vu défiler les différentes évolutions culturelles pendant plus d’un siècle. Mais qui est à l’origine de la création de cet endroit ? A-t-il toujours été une salle de divertissement ? Retour sur l’histoire d’un lieu qui a fait l’identité rennaise…

Au début des années 1900, la bourse du travail devient très active et étend ses activités. Une coopérative de consommation se créée, un dispensaire et même une école qui dispense des cours aux ouvriers. En 1911, elle compte 5000 membres ; les locaux prêtés par la municipalité ne suffisent plus. Dès lors, les syndicalistes s’organisent et créent une société civile qu’ils appellent « la Maison du Peuple ». Ils souhaitent que les locaux portent le nom de la société. Une nouvelle lettre est alors renvoyée au maire. Un accord est trouvé et la ville accepte de mettre en œuvre le projet de construction d’une salle de réunion.

En 1918, un premier hangar est édifié dans l’attente de la future construction. Il abrite une salle de réunion provisoire d’une capacité d’accueil de 500 personnes. Un an plus tard, la municipalité vote la construction d’une salle de réunion susceptible d’accueillir 1600 personnes, une décision que le maire, Jean Janvier (maire de Rennes de 1908 à 1923), justifie par le « bon comportement » de la classe ouvrière durant la guerre. Argument qui lui coûtera d’ailleurs les élections suivantes, il sera accusé d’être aux mains des socialistes. Janvier insiste sur le fait que la salle devra aussi permettre des séances récréatives, selon le vocabulaire de l’époque. Il promet aussi une salle de cinéma.
Résultat : la salle est moderne et confortable, le chauffage à vapeur à basse pression et l’installation du chauffage électrique sont intégrés. Emmanuel le Ray, l’architecte, souhaitait que le bâtiment corresponde aux fonctions du lieu. La salle du fond était dédiée aux séances récréatives et aux grandes réunions syndicales. Les bâtiments autour devaient permettre l’organisation de la vie de la CGT. La partie la plus travaillée fut la salle de spectacle, réalisée à l’époque pour contenir de 1200 à 1500 personnes. La scène pouvait offrir du théâtre, des chorales, mais aussi des orchestres. Avec une façade s‘inspirant de l’Art nouveau et une architecture moderne, les acteurs de ce projet ont vu leur souhait se réaliser : une salle élégante, mais pas luxueuse.

Fin des années 60, c’est devenu une salle ouverte où l’on retrouve des expressions militantes. Les concerts de
Salle de la Cité Rennes
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