Alors que 2012 a été le théâtre de différentes controverses autour des Instituts d’Etudes Politiques, Sciences Po Rennes se préserve en marge des débats qui s’animent autour de Sciences Po Paris. La mort de son directeur, Richard Descoings, et le réquisitoire de la Cour des comptes sur le manque de transparence quant à la gestion financière de l’établissement parisien ont participé à cette surexposition médiatique de l’institution.
Au cœur du quartier bourgeois de la Duchesse-Anne, l’Institut d’Etudes Politiques (IEP), autrement appelé Sciences Po Rennes, ouvre ses portes pour la première fois en 1991. Il est, à ce titre, avec son confrère nordiste de Lille, l’un des deux plus récents IEP de France. Dans un cloître centenaire, les étudiants de l’École Normale furent les premiers à côtoyer les murs de pierre blanche de l’enceinte, au XIXe siècle, avant de laisser la place aux élèves des instituts. Il accueille depuis chaque année, des centaines d’étudiants, dont l’ambition est d’intégrer une institution, véritable reflet de l’enseignement supérieur français.
- Rennes, miroir de la démocratisation scolaire
Ces dernières décennies ont été celles d’une réforme du système scolaire français. L’analyse de Bourdieu souligne la nécessité de refonder l’œuvre de Jules Ferry, et de permettre une massification de l’accès à l’éducation primaire et secondaire comme à l’enseignement supérieur, afin de réduire les inégalités.
Sciences Politiques n’a pas dérogé à la règle. Alors que l’IEP de la capitale s’est distingué en instaurant, par exemple en 2001, les CEP (Convention Education Prioritaire) afin d’ouvrir la porte de l’institution de manière pérenne aux jeunes des milieux défavorisés, les Rennais se sont alignés sur la politique parisienne en s’inscrivant dans ce processus de démocratisation scolaire. L’IEP breton regroupe, en effet, le plus grand nombre d’étudiants boursiers (37 %), prenant ainsi le contrepied des autres instituts, qui n’en comptabilisent, en moyenne, que 25 %. Pour rompre avec cette vision élitiste de Sciences Politiques, le directeur de l’IEP de Rennes a reconnu se mobiliser pour annihiler les inégalités sociales au sein de son établissement. À cet effet, il a intégré l’institution rennaise au cœur du dispositif OPERA (Orienter et Promouvoir l’Excellence et la Réussite par l’Accompagnement), dans l’espoir d’observer une augmentation du nombre de lycéens de milieux modestes au sein de son école.
Parallèlement à cette politique d’homogénéisation sociale des effectifs, promue par l’institution rennaise, l’ensemble des IEP permet aux candidats issus de milieux défavorisés, d’obtenir une préparation gratuite au concours.
- Un enseignement pluridisciplinaire
Le cursus scolaire dispensé au cœur des instituts d’études politiques s’inscrit sur une période de cinq ans et se divise en deux cycles. Alors que les deux premières années proposent aux étudiants des disciplines générales telles que l’économie, l’histoire, la sociologie, la méthodologie, la troisième année se caractérise par le départ de l’élève à l’étranger. Un séjour d’un an dans lequel il acquiert expérience, approfondit les fondamentaux étudiés jusqu’alors et renforce son bagage linguistique. Des dizaines de pays sont susceptibles d’accueillir l’étudiant, mais l’affectation du pays relève de la réussite aux examens. Enfin, la quatrième et cinquième année diffèrent par la spécialisation de l’étudiant. Deux années professionnalisantes avec pour objectif de mener à bien le Master choisi.
- La famille rennaise s’agrandit
À l’image de Sciences Po Paris, l’institut rennais et son directeur, Patrick Le Floch, ont eu le plaisir d’observer le 17 septembre 2012, l’ouverture de l’antenne de Caen. Un établissement qui accueille les étudiants rennais, qui souhaite pour leur deuxième année intégrer la section normande « Industrie et énergies renouvelables ». À titre d’exemple, la première rentrée a vu naitre une promotion de 17 élèves – 4 issus de l’institut rennais, et 13 de classes préparatoires. Un établissement qui espère accueillir à terme entre 120 et 130 étudiants. Un projet ambitieux qui est l’œuvre de Patrick Le Floch. Du fait de la spécialisation de l’enseignement, il souhaite ainsi : « que les diplômés de la filière soient tout de suite opérationnels et qu’ils puissent être repérés sur le marché du travail avant même leur sortie de l’école ». Plusieurs entreprises ont d’ores et déjà manifesté par écrit leur intention de participer et de soutenir le projet, parmi lesquelles figurent GDF-Suez, EDF, TNS Solar, ou bien encore DCNS.
L’ouverture de l’antenne de Caen, les différentes mesures d’insertion sociale, et une renommée qui ne cesse de gravir les échelons, sont autant de raisons, qui influent aujourd’hui sur l’ordre d’affectation des instituts chez les jeunes ambitionnant d’intégrer Sciences Politiques. Ces deux dernières années témoignent de cette émancipation de l’IEP rennais, puisque les terres bretonnes ont séduit les majors du concours de 2011 et de 2012.
Adrien Casanova
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