Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dans l’esprit de Benoit Quéro. C’est en 1987 que le jeune entrepreneur rennais décida de bouleverser le son et lumière à papa. Depuis, Spectaculaires a fait beaucoup de chemin : du Brésil au Vietnam en passant par tout le gotha gothique de France et de Navarre. Retour sur images.
C’est un rendez-vous régulier. Comme le balai lumineux d’un phare, le one shot d’un événement exceptionnel. Grandioses ou retenues, les interventions des « Allumeurs d’images » marquent durablement les rétines des spectateurs. À Rennes, les spectacles sur les façades de l’hôtel de ville constituent le must des soirées d’hiver ; celles sur le Parlement de Bretagne, les retrouvailles incontournables des nuits d’été. Plus confidentiel, à la Ferme de la Ville-Andon à Plélo, les amateurs de la « meilleure andouille du monde » (dixit Benoit Quéro) savourent (aussi) la mise en lumière de l’expo aux beaux jours.
Jouissance pour les mirettes, ces productions son et lumière fournissent aussi des occasions d’améliorer sa culture G. Merci aux Spectaculaires de nous avoir appris lors d’une projection à Vitré que Pierre-Olivier Malherbe, né en 1569 dans la ville des portes de Bretagne, fut sans doute le premier homme à effectuer un tour du monde par voies terrestres ! Et à Pleyben, quand le calvaire s’illumine, les spectateurs voit vraiment, quasiment de tous leurs sens, le « reniement de saint Pierre ». Quant à la génération djeun’s, elle ne fait pas exception : les ados ont trop kiffé Anne de B (Anne de Bretagne pour les non-initiés) en DJ, coiffée d’un casque et maniant les platines avec dextérité !
Cela étant, les lumières de Benoit Quéro ne concernent pas que les porteurs de chapeaux ronds. Elles soulignent les formes des cathédrales de Chartres, de Bayeux, de Sens. Elles célèbrent l’architecture de la place Stanislas à Nancy, du palais de la Bourse de Bordeaux, du Grand Hôtel de Cabourg ou, encore, du Palais des Papes en Avignon – et bientôt celle du vieux Bourges. Avec elles, Thoune, cité médiévale suisse, fête ses 750 ans et les Invalides s’enflamment pour le centenaire de 14/18 et les 70 ans de la libération de Paris. Des lumières européennes en quelque sorte. Qui s’exportent jusqu’aux Émirats arabes unis. Presque un nouveau siècle des Lumières en somme !
Mais précisément ces lumières, quelles sont-elles ? Ou, plutôt, qui sont-elles ? Tout simplement, une équipe fidèle, investie et bourrée de talents, autant dans les domaines électronique, informatique qu’artistique. On aime les croiser lors de fêtes au siège de Spectaculaires, car ces êtres-là sont partageurs et organisent des rendez-vous – spectaculaires, of course ! – où est conviée toute la fine fleur créative de l’Ouest. Autour d’un verre et avec du son se rencontrent des musiciens, des plasticiens, des comédiens et des donneurs d’ordre, notamment économiques.
C’est ainsi que le 25 septembre 2014, pour marquer la rentrée, les Allumeurs d’image ont organisé une table ronde passionnante autour de cette question : « En quoi l’ouverture à la culture, aux arts et aux artistes rend-elle l’entreprise meilleure ? » Trois invités de marque ont apporté leurs… lumières sur leurs propres expériences.
Gisèle Burel, organisatrice de Jardin des Arts (à Chateaubourg, 35) a bien compris que, dans le mécénat aussi, l’union fait la force. Preuve en est avec l’association qu’elle préside, les Entrepreneurs mécènes. Elle procure une portée et un rayonnement exceptionnels à l’exposition de sculptures installée dans le magnifique parc de l’hôtel-restaurant Ar Milin. Elle offre également à des artistes de vendre des pièces aux entrepreneurs du pays – pas destinées uniquement au bureau du patron ! Au-delà du soutien à la création et de la fierté du personnel (associé parfois au processus de production), Gisèle Burel souligne le facteur fédérateur d’entreprises qui partagent ainsi autre chose que le territoire.
Auguste Coudray, directeur de relations publiques chez Yves Rocher et président du festival photo de La Gacilly se réjouit que la 10e édition ait remporté un vif succès – plus de 300 000 visiteurs. Avec son thème Peuples et Natures, le festival explore une photographie éthique et humaniste fondée sur les rapports entre l’homme et son environnement. Même si ce n’est pas l’objectif premier, la relation à l’environnement humain de l’entreprise s’en trouve magnifiée. Y compris avec les habitants de la commune et des environs. La cohésion générée par l’exposition opère et fait sens.
Philippe Quénet, ancien directeur de l’usine de production électrique Macaé de l’État de Rio de Janeiro au Brésil, insiste sur le rôle déterminant du chef d’entreprise dans cette démarche. Souvent, le budget Culture est le premier sabordé en cas de difficultés économiques. Un fait bien regrettable, car le retour sur investissement de la culture est humainement inestimable individuellement et collectivement. Seul défaut : il n’entre pas dans les cases de la plupart des comptables !
Les trois intervenants adhéraient tous à cette vision de l’art énoncée par Toni Morrison (afro-américaine, prix Nobel de littérature 1993) lors de l’exposition qu’elle dirigea au Louvre en 2006 : « l’art rassemble les hommes » ! Au sein de l’entreprise, il les rassemble davantage si le personnel est associé au processus comme ce fut le cas chez Sulky à Chateaubourg ou encore au siège du groupe Legendre à Rennes (œuvre de Nicolas Mihé). L’art comme une tentative de communion humaine… Malraux en a rêvé.
Spectaculaires – Allumeurs d’images
4, Cossinade, 35310 Saint-Thurial
Tél. : 02 99 87 07 07 www.spectaculaires.fr, contact
Photos : Courtoisie de Éva Magnusson, Clément Barré, Jean-Marc Charles.