Une lettre découverte dans un bus par Mani Mungai, danseur et chorégraphe, donne le point de départ de cette oeuvre. The Letter mêle avec grâce et originalité l’intimité des mots et des gestes.
Une lettre, comme une bouteille à la mer, est découverte dans un bus par le danseur et chorégraphe Mani A. Mungai. Cette lettre de six pages, ô combien troublante par les thèmes traversés et le grand amour qui en émane, est le point de départ de la cinquième pièce chorégraphique signée par l’artiste. Dans le cadre du festival Agitato, The Letter est présentée à deux reprises au Triangle le 7 juin.
Mani Mungai est originaire du Kenya. En 2001, il étudie à l’école des Sables, célèbre école de danse de Germaine Acogny au Sénégal. Il y rencontre Bernardo Montet qu’il rejoint en France l’année suivante pour devenir danseur permanent du CCN de Tours. Une brillante carrière commence pour le danseur interprète. Il danse notamment pour Raphaëlle Delaunay, Rachid Ouramdane et, depuis 2010, il est l’un des danseurs proches de Boris Charmatz qui fait appel à lui pour toutes ses créations.
C’est lors du trajet entre deux dates que Mani A. Mungai trouve dans un bus une lettre de six pages rédigée avec grand soin en anglais, la langue maternelle du danseur. Intrigué par le fait que cette lettre intime ait pu être ainsi mystérieusement abandonnée en un tel lieu, l’artiste s’en saisit et cherche des partenaires afin de lui donner vie dans une création. Pendant six longues années et contre toute attente, aucun chorégraphe ou metteur en scène ne s’intéresse plus avant à cette lettre. C’est la rencontre avec l’artiste plasticien allemand Felix Rodewaldt et le choc que procure l’une de ses œuvres, une cellule de détention, construite en ruban scotch dans un ancien commissariat de Munich, qui enclenchent le travail. La démarche du plasticien est en symbiose avec ce que Mani Mungai pressent de la pièce à créer. Ainsi, la forme s’articule autour de trois axes : la lettre dont les mots doivent être livrés au public, l’installation de Felix Rodewaldt et la danse de Mani Mungai qui fait corps avec la lettre et l’installation.
La lettre non signée d’un homme à son épouse (qui n’est pas plus nommée) est un hommage troublant par sa force à la grâce de celle-ci et à Dieu. La lettre est d’autant plus émouvante que les mots de son auteur sont sans détour et sans concession à aucune violence, s’exprimant toujours de l’endroit de l’intime du corps et de l’âme. Le contexte dans lequel l’homme se trouve au moment de la rédaction reste totalement sibyllin. Cependant, on devine que l’éloignement sous-tendu ne semble pas vouloir s’amenuiser.
Le choix a été fait de restituer ces mots par l’intermédiaire d’une voix off afin de ne pas les altérer, ne rien en occulter, ne rien en perdre. L’installation de Felix Rodewaldt, toute en verticalité et en succession de vide et de plein, accentue la cinétique de la danse, l’emmenant à l’élévation. On pense aussi, en voyant la danse en son sein, au zootrope d’antan et à l’effet phi dont cet appareil s’inspire. Ou bien encore à un semi-voile pudique nécessaire pour se garantir du voyeurisme qu’induit la révélation de ce document intime pris au réel. La danse prend place dans ce que l’on hésitera sans cesse à interpréter comme une maison ou une prison ouverte. Cette danse se diffuse par le prisme de l’installation que les spectateurs entourent.
La danse de Mani Mungai commence par une marche, une remontée du temps et s’accélère afin d’arriver à l’épure du corps. Des gestes abstraits, furtifs et des gestes plus narratifs, tous répétés, donnés pour que le spectateur ait l’espace suffisant pour s’en emparer ; ces gestes s’alternent, mais comme dans la lettre les dualités ne s’opposent pas, elles se conjuguent. L’installation de Felix Rodewaldt fonctionne seule (sans la danse), la danse de Mani Mungai fonctionne seule (sans l’installation), mais la conjugaison des deux œuvres permet de révéler pleinement le thème central : l’exil du rédacteur. L’absence d’entrée ou de sortie de l’installation du danseur procure au spectateur une sensation de perte de repère dans le temps. La danse y est perpétuelle, le temps suspendu en une course incessante qui revient toujours sur elle-même.
Comme on tourne sur soi-même, à la manière d’un enfant ou d’un derviche tourneur, le public est pris dans le rythme hypnotique de la danse, contre-balancée par celui de la lettre lue avec des pauses (comme la danse est hachurée par les bandes blanches de l’installation). Il est pris dans les allers-retours dans le temps, les projections dans l’avenir et les souvenirs ramenés à la mémoire. Dans cette prise avec l’infini, le seul repère de la marche du temps est le vêtement du danseur qui, pièce par pièce, finit par disparaître au sol comme le sable s’écoule du sablier disparaissant de sa partie supérieure.
L’art est-il plus fort que le réel ou est-ce le contraire ? The Letter de Mani A. Mungai révèle un art contemporain en osmose avec le réel, une distanciation de ce réel par la poésie, une autre voix de perception qui amplifie la prise au réel.
The Letter de Mani Mungai est présenté dans le cadre du festival Agitato au Triangle, Rennes, le mercredi 7 juin 2017, à 19h00 et 21h30
Tarifs :
12€ plein
9€ réduit
3€ SORTIR !
PASS Triangle
9€ / 6€ / 5€
*Ce spectacle n’est pas pour les enfants*
The Letter, durée 1h00 : chorégraphie et interprétation : Mani A. Mungai, installation plastique : Felix Rodewaldt, lumières : Michel Bertrand, regard extérieur : Magali Caillet-Gajan
Photos : Raymond Le Menn
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