En son temps, The Revolutionnary Army of the Infant Jesus a bouleversé le petit monde de la musique underground. La scène dite « dark », « gothique » ou, encore, « néo-folk » – tout empreinte d’occultisme, de néo-paganisme et de spiritualité magique – n’avait encore jamais eu à se collecter avec un groupe qui, discrètement mais surement, affichait clairement sa foi chrétienne…
Déboulant à la fin des années 1980, années musicalement aussi fluos, rétros, discos que furieusement noires et corbeaux, l’anonyme collectif de Liverpool prenait aux rets de ses mélodies de sirènes musicales les fans de Dead can Dance, de Current 93 et autre Legendary Pink Dots… Dark ou apocalyptique folk, néo-médiévale psychédélique, ambient orientalisante les compositions de The Revolutionnary Army of the Infant Jesus enjambaient les styles et affichaient clairement les enjeux. Mélopées méditatives et élévatrices, fumée d’encens hypnotiques, léger dolorisme et espérance eschatologique en cataracte d’arpèges mélancolique…
Les mélodies profondes, simples, poignantes empruntent énormément au vieux fond des folklores irlandais et britanniques. Sans excessives fioritures bruitistes ou new-age, sans fausses et redondantes harmonisations néo-classiques, les musiciens de The RAIJ ont su, et savent encore, aller à l’os, à la substantifique moelle de la musique, vers une sacralité incarnée puisant aux sources amères de la contrition esthétique.
Obscur collectif anonyme dont le nom est inspiré par celui du groupe terroriste du film Cet obscur objet du désir de Luis Bunuel, The Revolutionnary army of the Infant Jesus aura construit avec trois albums en huit ans seulement une solide réputation et une aura fascinante de par sa sincérité authentique.
Nous sommes préoccupés par et nous croyons en le sacré ; et je pense que ceci est la vraie nature de l’esthétique. (entretien avec The RAIJ en 2014, Opus)
Le groupe promet pour 2015 un nouvel album au titre évocateur : Beauty will save the world. En attendant, la réédition de l’album de 1987 The Gift of tears en vinyl est d’ores et déjà la promesse de vrais moments de pures mélancoliques réjouissances auditives…