The Whalestoe Attic déploie ses harmoniques en l’église de Laillé (Tombées de la Nuit)

Second lieu, second temps, second espace-temps de la carte blanche accordée par le festival des Tombées de la nuit à The Whalestoe Attic, singulier quatuor rennais fondé et dirigé par la compositrice Morgane Houdemont. Le cœur et les pierres de la vénérable église de Laillé ont vibré aux sons ténus et intrigants d’émouvantes compositions contemporaines.

 

the-whalestoe-attic-laille-les-tombees-de-la-nuitLe compositeur britannique sir John Tavener suggérait parfois à ses interprètes de « jouer à la limite de l’audible », dans cet immense espace libre où le jeu et l’écoute doivent se tendre pour s’entendre, se percevoir. Suggestion qui ne vaut qu’en fonction du contraste, de l’énergie déployée par ailleurs. La prestation de The Whalestoe Attic, ce samedi 11 juillet, en fut une belle démonstration.

Morgane Houdemont le dit à l’envi, la carte blanche offerte par les Tombées de la nuit est une chance inouïe et un cadeau inestimable pour son jeune projet. Après avoir fait montre de son talent d’interprétation en accompagnant le contre-ténor Ollivier Leroy dans le répertoire pop-classique de son projet The Secret Church Orchestra, le quatuor a dévoilé l’étendue émotionnelle de celui composé par sa fondatrice.

Morgane Houdemont revendique un parcours atypique, non académique, un travail de composition à l’instinct, à l’intuition, à l’expérience aussi. Expérience de l’écoute et du jeu. Elle avoue aisément avoir longtemps hésité à se lancer. Tout aussi posément, elle affirme que le guitariste James Mc Gaw (Magma, One Shot…) est celui qui a lu ses partitions pour la première fois et lui a amicalement intimé de les faire jouer. the whalestoe attic lailléSuperbe et intimidant parrainage qui est aussi un indice quant aux multiples influences qui baignent la forme classique des compositions de Morgane Houdemont. Simples et enchevêtrées, denses et légères, jouant avec les formes, répétition des motifs: chaque pièce développe un spectre sonore qui lui est propre. Paradoxalement c’est le splendide développement autour du Lachrimae (Seven Tears) de John Dowland qui expose le caractère éminemment personnel des musiques de Morgane Houdemont.

Dans le cadre plein de beauté paisible et apaisante de l’église de Laillé les volutes acoustiques des cordes, tendres et incendiaires, pleines de sereines interrogations autant que de tensions intérieures, ont su captiver un public aussi hétéroclite qu’attentif. Nul doute que la troisième prestation du quatuor The Whalestoe Attic dans la cadre des Tombées de la nuit saura développer une nouvelle approche de cet ensemble aux multiples facettes. Aux étangs d’Apigné, sous le dôme des Tombées, Morgane Houdemont et son ensemble interpréteront à nouveau leur répertoire mais amplifié et avec l’appui du guitariste du groupe Santa Cruz.

Carte blanche à The Whalestoe Attic

Crédit photographies : Nicolas Joubard

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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