The Whalestoe Attic est un quatuor pas classique. Fondé par la frondeuse violoniste Morgane Houdemont (Mermonte) élevée au biberon des musiques classique et traditionnelle, affranchie par les expériences expérimentales de tout poil et ordre, mais non rancunière elle se fraie un chemin personnel dans l’accaparement et le mélange créatif des répertoires. Une raison suffisante pour que les défricheurs des Tombées de la Nuit lui offre une carte blanche…
The Whalestoe Attic en VF c’est “le grenier de l’orteil de baleine”… Un nom aussi original qu’intriguant inspiré par le roman aux dimensions joyciennes de Mark Z. Danielewski La Maison des feuilles. La référence s’ajuste parfaitement aux ambitions de ce quatuor à cordes rennais, et aux visions de sa tête chercheuse, la compositrice et violoniste Morgane Houdemont.
Premier temps de cette carte blanche offerte à The Whalestoe Attic : un concert de trente minutes au coeur du puits de lumière de l’immeuble en chantier Le Mabilay (ancien local de France Télécom, rue de la Mabilais). Au premier étage une estrade carrée, tendue de noir est posée au sol. Le quatuor se fait sextet et entame sa trilogie de concert par un ensemble de morceaux choisis du projet électro-pop-classique The Secret Church opera du contre-ténor Ollivier Leroy. Du Henry Purcell à la sauce brit-pop avec des réminiscences de Debussy. Oui, l’alliage est étrange ! Il l’est encore plus dans ce lieu à cette heure. Dépouillé du choeur d’enfants et des éléments électro-pop, demeurent du projet initial des compositions élégiaques contemporaines qui, bien que composées et interprétées par des Français, permettent de mesurer la continuité qui s’opère dans les sonorités, malgré les fractures et les « révolutions » de Purcell et Taverner aux Beatles et à Blur en passant par Britten et Tavener (preuve en est la version de Stairway to heaven de Led Zeppelin offerte en clôture)… La musicalité, l’harmonie et les questionnements cordiaux vibrent et s’élancent dans les frottements et battements des cordes. Et le bâtiment prend d’autres allures, d’autres postures. Il accueille les sons, les réfracte et les restitue. Le public est enveloppé, pris dans les harmoniques réverbérées par ce lieu en forme de tuyau d’orgue. Le groove mélancolique des compositions s’élève sans jamais retomber. La voix et la gestuelle d’Olivier Leroy se tissent sur une partition exécutée avec une savante humilité par le quatuor de Morgane Houdemont.
Prochains rendez vous avec le musical univers fractal de The Whalestoe Attic :
Samedi 11 juillet 2015, 20h00, église de Laillé (répertoire classique, gratuit)
Vendredi 17 juillet, 20h30, étangs d’Apigné, sous le dôme (with friends, gratuit)
Crédit photo : Nicolas Joubard